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CAMPAGNE ELECTORALE : 21 jours de galère pour les journalistes !

Publié le vendredi 29 octobre 2010 à 03h30min

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Les journalistes ! Adulés et haïs à la fois, leur galère commence avec la campagne électorale qui s’annonce. Leur principal casse-tête, le respect des sacro-saints principes du Conseil supérieur de la communication (CSC) : équilibre et égalité d’accès des candidats aux organes de presse. Mais le CSC a lui-même compris que ces principes ne pourront pas être suivis à la lettre. Le véritable problème des journalistes pourrait être alors les candidats eux-mêmes. En effet, les présidentiables ont généralement tôt fait de charger et de traiter les journalistes de partisans dès lors qu’ils remarquent qu’on a moins parlé d’eux dans les médias que leurs adversaires.

C’est vrai que les scribouillards ne sont pas blancs comme neige mais, il faut qu’on se dise la vérité : les candidats sont souvent comptables de ce qui leur arrive. D’abord, les partis politiques se comportent comme s’ils n’avaient pas de plan de communication. Il arrive que les organes de presse, à quelques jours du début de la campagne, n’aient aucune idée du projet de société ni du programme de campagne de certains candidats. Personne, parfois les candidats eux-mêmes, ne sait où se trouve leur siège de campagne. Et pire, il y a des présidentiables qu’on n’arrive même pas à joindre sur toute l’étendue du territoire national. Que voulez-vous alors ? On peut être sculpteur émérite et doté de tous les outils performants mais s’il n’y a pas de bois, à quoi tout cela servira-t-il ?

Je pense donc que les candidats gagneraient à inonder les organes de presse de CD, brochures ou de tout document qui donneraient le maximum de renseignements sur eux et leur projet de société. Ensuite, entre nous, certains candidats demandent parfois l’impossible aux journalistes. Imaginez un meeting d’un prétendant au palais doré de Kosyam où il n’y a qu’un seul bonhomme comme militant ! Le journaliste, épris de professionnalisme, dira ou écrira ce qu’il a vu, c’est-à-dire qu’il y avait un quidam au meeting d’untel. Mais ce dernier s’empressera de monter sur une colline pour brandir le drapeau de l’injustice et crier à la sape de sa campagne. Je ne parlerai pas de ces candidats qui se transforment en hommes invisibles tout au long de la campagne ou jouent à cache-cache derrière la campagne de proximité.

Certes, il faut reconnaitre que certains organes n’arrivent pas à suivre tous les candidats parce que n’ayant pas les moyens humains et logistiques pour le faire. Même la subvention du CSC ne suffit parfois pas. Embarrasante situation donc pour ces organes qui sont obligés de recourir aux candidats pour assurer leurs déplacements. C’est sans doute ce qui oblige certains organes de presse à ne pas couvrir la campagne électorale. C’est le cas par exemple des Editions "Le Pays". J’ai discuté la dernière fois avec l’un de ses journalistes qui a d’ailleurs invoqué les mêmes raisons que j’ai citées plus haut. Heureusement que tous les organes n’ont pas les mêmes scrupules ! Sinon, la galère serait plutôt du côté des candidats. Passons pour que j’évoque un autre problème.

Il s’agit de ces candidats qui obligent la télé, lors des tranches qui leur sont accordées, à présenter en plein écran "Message du candidat untel non parvenu" et la presse écrite, à publier des pages inutilement blanches. Cela ne fait pas sérieux pour les candidats et c’est du gâchis pour les organes.

Une page de papier ou une bande sonore, cela coûte cher. Mais gare aux journalistes s’ils ne font pas ce gâchis ! Autre chose : chers candidats, il faut avoir les moyens de votre politique. Les propos du genre "on n’a pas les moyens" ou "tel candidat gagne parce qu’il a plus de moyens que moi" ne doivent plus sortir de votre bouche. L’élection présidentielle, ce n’est pas un jeu de marelle. Soyez donc certains que vos adversaires ne vous feront pas de cadeau car vous leur prêtez le flanc. Si vous n’avez pas de moyens, ne vous portez pas candidat.

Cela vous éviterait d’étaler votre misère qui, vous l’admettrez certainement, se fera un malin plaisir de vous desservir aux yeux des populations. Cela dit, il faut que vous, les candidats, vous reconnaissiez également que ce ne sont pas les journalistes qui feront sortir les militants pour vous, encore moins les faire voter pour vous. Vous avez bien eu des années (cinq en ce qui concerne mon pays le Burkina) pour étendre vos tentacules sur tout le territoire national. C’est ce qui devrait vous faire gagner les élections. En tout cas, la presse ne servira qu’à montrer au peuple cette force dont vous disposez.

Tout ce verbiage est une invite à votre endroit pour plus d’organisation. Vous souffrirez moins et vous éviterez à d’autres, la galère. En tout cas, je souhaite une bonne campagne électorale aux différents candidats. Pardon si j’ai été parfois dur. Mais si la vérité peut faire rougir et larmoyer les globes oculaires pour en faire sortir l’escarbille qui s’y est logée, pourquoi pas ? Surtout que cela ne crève pas les yeux !

Le Fou

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