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Présidentielle ivoirienne : Pourvu que la guerre reste verbale

Publié le vendredi 29 octobre 2010 à 03h52min

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A quoi va ressembler la journée du 31 octobre 2010, finalement choisie pour la présidentielle ivoirienne ? Et les lendemains, à quoi vont-ils ressembler à Abidjan, la perle des lagunes ? Ces questions, beaucoup se la posent, tout en touchant du bois pour que tout se passe sans heurts. Ambiance d’avant-élection, avec des jours de moins en moins ordinaires au fur et à mesure que le scrutin approche.

En ce matin naissant du 28 octobre 2010, les Abidjanais et Abidjanaises se sont réveillés avec le scrutin du 31 octobre dans la tête. A trois jours de l’événement, ils ne parlent que de ça.

Du taximan qui amène son client au Deux-Plateaux à la vendeuse de cartes téléphoniques assise face au collège Pasteur de Marcory, en passant par les « titrologues », ces lecteurs désargentés qui s’inspirent des Unes des journaux pour engager des discussions de haute volée politique et au cours desquelles, celui qui a raison reste malheureusement le débatteur qui a pu dominer les autres de sa voix. Les grandes artères de la ville semblent être également entrées dans la danse. Elles qui rivalisent dans les portraits des candidats qui se côtoient et se chevauchent.

Bien sûr, les plus grands panneaux revenant aux poids lourds politiques que sont, sauf tremblement de terre, Laurent Gbagbo, Henri Konan Bédié et Alassane Dramane Ouattara. Les autres candidats, à défaut de pouvoir s’offrir des espaces publicitaires à la hauteur de leur ambition, se contentent des murs et des parapets de ponts pour imprimer leur présence.

Certains portraits sont en si mauvais états puisque déchiquetés par les supporters des autres camps qui ne veulent pas les voir, même en peinture. Une attitude qui dénote l’intolérance et la violence qui règnent et s’amplifient au fur et à mesure que l’heure de la grande rencontre approche.

La bataille entre les 14 candidats sera très serrée et dans ce suspense, la presse également se déchaîne. Et les médias de ce pays ne faisant souvent pas dans la dentelle, c’est à qui le plus gros obus tiré. Les candidats également ne se « ratent » pas, comme on le dit du côté de Koumassi Poto Poto. En effet, la réplique en vogue dans la matinée du mercredi 28 octobre 2010, émane de l’actuel locataire du palais de Cocody, Laurent Gbagbo, qui fait cette gentillesse à ses rivaux : « Tous ce qui est devant moi-là, c’est maïs ».

Par contre, dans les colonnes d’un autre journal, Henri Konan Bédié, qui se voit déjà devant le portail de la présidence ivoirienne, se préoccupe de sa prochaine retraite de chef de d’Etat. « Je confirme que je ferai un seul mandat. J’ai 75 ans. Si je suis élu, je ferai 5 ans. Ça fera 80 ans. Je ne veux pas faire comme l’autre qui se présente au-delà de 80 ans (Ndlr : à qui pense-t-il ? Abdoulaye Wade ?) . La magistrature suprême, après tout, c’est une charge qui demande beaucoup d’efforts physiques et intellectuels ».

« Que la guerre revienne ! »

Toujours est-il que les Ivoiriens attendent beaucoup de cette présidentielle. « C’est trop bon pour la Côte d’Ivoire et pour l’Afrique. Les populations ont beaucoup souffert, le pays est toujours divisé. Ce n’est pas joli à voir », s’est indigné Sindou Doumbia, conducteur d’engins rencontré dans le quartier Marcory.

Cependant le train-train quotidien pour faire bouillir la marmite reste la préoccupation de certains, à l’image de ce taximan à qui l’on a demandé ce qu’il pense de la très proche élection. « Eux, ils ont déjà pour eux pour manger. Moi, ma préoccupation c’est chercher pour moi », a-t-il fait remarquer entre deux violents coups de klaxons. Semble être dans la même logique, mais en plus acrimonieux, ce taximan qui officie du côté de l’Aéroport international Félix-Houphouët-Boigny.

Après avoir stationné pour prendre un client, il s’est vu délesté de ses 2000 francs CFA par des hommes de tenue qui y assurent la sécurité. Sans tarder, il a laissé éclater sa fureur. Durant tout le trajet, il n’en décolérait pas non plus : « Vous voyez comment c’est, le pays.

Des jeunes comme moi qui se comportent de la sorte. Tu prends un client qui te paiera 1500 francs pour la course et eux, ils te retirent 2000 francs qu’ils empochent tranquillement et sans états d’âme. Guerre-là même n’a qu’à revenir ».

De notre envoyé spécial à Abidjan Issa K. Barry

L’Observateur Paalga

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