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Présidentielle ivoirienne : Elections en Côte d’Ivoire : Derniers réglages à Bouaké

Publié le vendredi 29 octobre 2010 à 03h49min

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Tout porte à croire que l’élection présidentielle en Côte d’Ivoire aura bel et bien lieu le 31 octobre prochain. Tout naturellement Abidjan, la capitale économique, qui, à elle seule, concentre un tiers de l’électorat, va voir se déverser une armada de journalistes du monde entier et surtout de la sous-région. Pour des raisons évidentes, L’Observateur Paalga a envoyé à Abidjan un reporter ainsi qu’à Bouaké. Foyer de la rébellion qui a éclaté le 19 septembre 2002 et qui débouche sur cette élection présidentielle, le chef-lieu de la région de la vallée du Bandama est aussi la deuxième ville ivoirienne la plus peuplée, avec près de 700 000 habitants.

Dans l’ex-« capitale des rebelles », l’heure est aux derniers réglages à trois jours du scrutin. Point focal de l’organisation, la Commission électorale indépendante (CEI) de Bouaké, où on entame la dernière ligne droite de la distribution des cartes d’identité et des cartes d’électeurs ainsi que l’installation des bureaux de vote.

La ferveur électorale se ressent dès l’approche de Bouaké, notamment au niveau du village de Katiola à une trentaine de kilomètres de l’ex-« capitale des rebelles » : tee-shirts, banderoles, affiches et panneaux à l’effigie de candidats à l’élection présidentielle du 31 octobre inondent les rues. Idem à Bouaké, où l’on sent déjà que l’enjeu du scrutin va se jouer entre les trois poids lourds de la scène politique ivoirienne : Alassane Ouattara, Laurent Gbabgo et Konan Bédié. En effet, ils sont nettement plus représentés dans le chef-lieu de la vallée du Bandama, quoique la tronche du candidat du RDR y soit la plus répandue.

Celui du FPI, lui, a vu bon nombre de ses affiches et panneaux déchirés par des vandales. La raison ? « Les Bouakéens n’ont pas oublié que c’est lui qui nous a bombardés en novembre 2004 », nous explique Adama Doumbia, qui ne cache pas sa colère contre le président, criant à qui veut l’entendre qu’il va voter pour « le vieux père de la solution » (entendez par là Alassane Ouattara). Moussa Traoré, lui, choisira la « force tranquille » (Gbagbo) parce qu’il a démontré qu’il était « capable ». Autant de slogans et de petits noms de candidats que l’on peut entendre lors des meetings des états-majors ou même de simples sympathisants.

Avoir le matériel sonore qui a le plus de volume semble la clé de la « géguerre » que se livrent les militants, à tel point que l’on risque de se casser les tympans en passant par une rue où sont présents deux camps rivaux. Des vestiges de la rébellion sont encore visibles dans la ville, notamment l’ancien état- major des Forces armées des forces nouvelles (F.A.F.N.), dont les traces de bombardement sont encore visibles et qui a été abandonné de même qu’un char de combat à l’angle du mur.

Les rebelles « démobilisés » sillonnent presque toutes les rues sans armes avec une tenue que le treillis, en vert militaire, distingue de celle, en bleu, des loyalistes qui, eux aussi, parcourent Bouaké. Au niveau du siège de la Commission électorale indépendante (CEI) de Bouaké, l’heure est aux derniers préparatifs.

A 17 h ce mercredi 27 octobre 2010, des urnes scellées sont chargées dans une dizaine de voitures garées en file indienne à la devanture. A l’intérieur, des membres de la CEI viennent de finir une réunion pendant que des Bouakéens attendent en rangs pour récupérer leurs cartes d’identité et leurs cartes d’électeurs. Les agents qui sortent ont, chacun en main, une affiche qui explique les règles à respecter le jour du vote avec comme consigne : « Voter, c’est respecter l’autre le jour du vote ».

Beaucoup d’entre eux n’ont pas encore de badges. « Pas de problèmes, tout va rentrer dans l’ordre avant le samedi ! » nous assurent les premiers responsables de la Commission, qui n’ont pas le temps de se prêter à nos questions, car enchaînant avec une autre réunion, à huit clos cette fois ; son objectif, garantir au demi-million d’inscrits de la région les conditions pour voter en toute sérénité dimanche.

De notre envoyé spécial à Bouaké Hyacinthe Sanou


Ibrahima Fanny, maire de Bouaké : « Après dimanche (1), la normalité va reprendre cité »

Elu en 2000 premier maire de Bouaké issu d’un autre parti, le Rassemblement des républicains (RDR), que le PDCI-RDA depuis la création de la ville en 1960, Ibrahima Fanny a aussi été son édile pendant qu’elle était la « capitale des rebelles ».

C’est dire s’il salue la sortie de crise à travers l’élection présidentielle du 31 octobre prochain, qui marquera, selon lui, le retour à la normalité. C’est en tout cas ce qu’il nous a assuré au cours de l’entretien qu’il nous a accordé le jeudi 28 octobre 2010 à son cabinet.

Dans son cabinet, situé en plein cœur du quartier « commerce » de Bouaké, le maire Ibrahima Fanny semble surbooké ce jeudi 28 octobre 2010, en témoignent les multiples coups de fil qu’il ne cesse de recevoir. Il faut dire qu’il y a de quoi, car il est le coordonnateur régional de la campagne du candidat du Rassemblement des républicains de Côte d’Ivoire (RDR).

C’est sous la bannière de ce même parti que M. Fanny a été élu maire de la ville en 2000. Une première, car, depuis la création de Bouaké en 1960, les maires qui se sont succédé étaient tous issus du PDCI-RDA, parti du défunt président Félix Houphouët- Boigny. Ainsi, Ibrahima Fanny a été également l’édile de la « capitale de Bouaké ».

Pourtant, à l’en croire, durant toute cette période, l’autorité qu’il représente n’a pas eu de problèmes avec les rebelles : « Il faut dire que nous avons quand même eu la chance d’avoir affaire à une rébellion très civilisée. Ils ont tenu compte de notre existence tout en restant les chefs, et on a bien coopéré ».

Il y a quand même eu l’instauration, par les rebelles, du commandant de zone, appelé « com-zone », dont l’actuel se nomme Chériff Ousmane et dont les pouvoirs empiètent sur ceux du maire. Le maire avoue avoir repris la plénitude de ses pouvoirs comme le prévoit la loi depuis deux ans : « Après dimanche, c’est-à-dire dès qu’on aura un président élu, les « com-zone » vont disparaître et rejoindre peut-être les bataillons pour laisser la normalité reprendre cité. »

Après la présidentielle, viendront les législatives, et ensuite les municipales, mais déjà Ibrahima se veut confiant : « Nous allons nous positionner sur l’une des quatre communes de Bouaké. Si nous sommes élus, j’ai foi que mes collègues, de par mon expérience, me laisseront continuer ma mission au niveau de la mairie centrale en m’appuyant pour une gestion collégiale de la ville ». Principaux chantiers, la réhabilitation de la voirie, mise à mal par la guerre, mais aussi le recouvrement fiscal, dont le très bas niveau serait à la base du non-paiement actuel des salaires de certains employés de la mairie.

Au dire de l’élu, les femmes et surtout les jeunes, dont la plupart sont des ex-rebelles, seront les point focaux de leurs actions : « Il y a déjà un ministère chargé de leur remobilisation, qui fait de bonnes choses. Puisque la majeure partie de ces ex-rebelles sont du RDR, on ne s’en cache pas, nous allons leur venir en appui à travers la création d’emplois. Ensemble, nous allons recoller le tissu social de notre pays ».

(1) Dimanche 31 octobre 2010, date de l’élection présidentielle Propos recueillis par H.S.

L’Observateur Paalga

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