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Guinée : Le summum de la haine

Publié le mardi 26 octobre 2010 à 04h17min

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L’inquiétude ne cesse de grandir en Guinée du fait des violences politico-ethniques : chaque jour apporte son lot d’affrontements entre les partisans des deux candidats au second tour de la présidentielle, dont la date n’était pas encore connue officiellement au moment où nous traçions ces lignes.

En attendant un dénouement heureux de cette crise, qui n’a que trop duré, le moins qu’on puisse dire, c’est que cette élection a révélé au grand jour la question rampante de l’ethnicisme dans ce pays que Sékou Touré, puis Lansané Conté avaient apparemment réussi à faire taire en adoptant une méthode de gouvernement par la terreur. Les régimes de fer passés, les Guinéens ont la chance de choisir librement leurs dirigeants. Et voilà la donne ethnique qui fait surface dans les affaires politiques, plongeant le pays dans la violence et le désordre. La haine entre les deux camps a atteint un tel seuil que ce qui peut être considéré comme une intoxication alimentaire involontaire, chose que l’on voit souvent dans des retrouvailles familiales, est assimilé à une tentative délibérée de nuire, preuve que la diabolisation est devenue systématique avec toutes les conséquences que l’on sait.

En effet, des dizaines de partisans du Pr Alpha Condé, qui participaient à un de ses meetings vendredi dernier, ont été admis à l’hôpital, se plaignant d’avoir été "intoxiqués" au moyen de boissons vendues par des Peuls, l’ethnie de Cellou Dalein Diallo alourdissant davantage le climat social. Une atmosphère de suspicions et d’accusations sans preuve règne à Conakry au moindre fait et geste.

Au-delà des dissensions ethniques, qui aggravent la crise, l’autre difficulté actuelle, c’est que avec les résultats du premier tour, Cellou Dalein Diallo (43% des voix) est convaincu que son heure a sonné et que, pour rien au monde, le fauteuil présidentiel ne peut lui échapper.

Or Alpha Condé (18%) et sa coalition Arc-en-ciel croient dur comme fer que le scrutin était entaché d’irrégularités qui ont été favorables à leur adversaire.

Dans un tel contexte, où chaque prétendant à la magistrature suprême rejette toute idée de perdre la bataille, le verdict des urnes sera difficilement accepté.

Même si les choses se déroulaient dans de bonnes conditions, on peut légitimement se demander si la Guinée ne restera pas marquée par cette fracture ethnique Peuls/Malinkés, qui peut, à tout moment, dégénérer.

Mais il est de la responsabilité des acteurs politiques, en l’occurrence les deux rivaux, à travailler à sensibiliser leurs militants. Car, qu’on soit Peul, Soussou ou Malinké, on est avant tout Guinéen et on doit s’unir pour construire le pays, surtout que nul n’a choisi son ethnie ou n’a décidé de naître en Basse-Guinée ou en Haute-Guinée.

Adama Ouédraogo Damiss

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 26 octobre 2010 à 23:47, par Lallé En réponse à : Guinée : Le summum de la haine

    Cette situation était prévisible à partir du moment où les choses semblent évoluer en défaveur du candidat DIALLO qui ne peut plus mathématiquement perdre les élections...si elles sont honnêtement organisées ! Cette perspective a été interprétée par les autres groupes ethniques comme étant l’arrivée de la "vague peulh" tant redoutée et du début de la concrétisation du grand axe peulh allant de la Guinée au Nigéria. Il semble même que, comme au Rwanda à l’approche du génocide de 1994, les machettes manquent, et des "malins" les font venir de pays voisins pour approvisionner tous ceux qui n’ont pas encore constitué leurs stocks ! (Saperlipopette !!!)
    Même la récente arrsetation du numéro 2 de la junte au Niger (qui et peuhl) a été interprétée dans certains milieux comme un coup de frein préventif à l’arrivée d’un radical aux commandes qui pourrait, comme beaucoup de peulhs en AOF, soutenir par tout moyen leur "frère" de Guinée dans sa marche "irrésistible" vers le pouvoir tant convoitée ; bref !
    Ce me semble à retenir, c’est qu’il faut à tout prix vite conjurer ce "mauvais oeil" qui nous (AOF) fixe depuis peu ; la Guinée, château d’eau de l’AOF et scandale de la nature, (sinon scandale tout court) va emporter avec elle dans le gouffre plusieurs autres pays, et pas seulement voisins !

    Hayaa ! levons-nous vite

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