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Editorial de Sidwaya : Le processus démocratique avance ...

Publié le lundi 25 octobre 2010 à 03h18min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

« Avance mon peuple… », c’est le titre d’une nouvelle rédigée par le professeur André Nyamba de l’Université de Ouagadougou. Une nouvelle qui lui a valu une distinction internationale, il y a de cela quelques années... Pour avancer, il faut refuser trois choses : l’inertie, le retour en arrière et la précipitation. L’une des finalités principales des débats et combats politiques d’une nation souveraine et fière, c’est que grandisse positivement le rapport démocratie/libertés. Qu’en est-il en vérité, au Burkina Faso, « Pays des Hommes », en 2010 ? Le Burkina démocratique avance-t-il ?

La liberté démocratique, au singulier ou au pluriel, rapportée à la vie nationale et non pas seulement à la vie d’un individu, se mesure au comportement, à la sensibilité et aux idées des groupes sociaux.

Lorsque d’instinct, ces groupes recourent à l’arbitrage des principes et institutions démocratiques pour résoudre leurs problèmes ou pour nourrir leurs initiatives, on peut dire que la liberté démocratique est une réalité, pas seulement en tant qu’elle est favorisée par l’Etat, mais surtout en tant qu’elle est vécue comme une dimension réelle de la société. Mais, lorsqu’il est de l’habitude de ces groupes sociaux de se donner massivement une compréhension du bien et du mal, du juste et de l’injuste, de ce qui est autorisé et de ce qui ne l’est pas, sans avoir recours à la loi commune qui est censée être démocratique, on peut dire que l’essentiel de la démocratie est encore à rechercher, et que le gain que l’on retire de la liberté démocratique est encore insignifiant.

Quand, dans une nation, le plus grand nombre d’hommes et de femmes acceptent les règles du jeu démocratique de façon durable, on peut dire que la culture démocratique devient une réalité.

Cette obéissance de tous à la loi et aux dispositions que la majorité a imposées passe, concrètement, par une culture électorale éprouvée par une tradition de la séparation des pouvoirs, par la réalité de l’alternance, par la liberté d’expression et de mouvement des individus et des associations, par le respect des droits et devoirs humains, le tout bâti sur le socle du respect de l’intégrité de la souveraineté nationale.

Dans ce sens, malgré toutes les objections que chacun est en droit de faire, nous pensons que le processus de la démocratie au Burkina Faso, sous l’angle de la possibilité d’alternance, est une réalité. Tout burkinabè sain et de bonne foi, remplissant les conditions fixées par la loi, peut briguer le poste de Magistrat suprême de la nation. A quelques semaines de l’élection présidentielle, que l’Histoire le retienne, sept (7) Burkinabè se présentent pour solliciter auprès de leurs compatriotes, l’autorisation de les gouverner.

C’est cela, la réalité de l’alternance, et non un ensemble de projections, de conjectures et de protestations qui frisent parfois le non-sens. Que le meilleur gagne et que, le moment venu, celui qui sera élu en 2010 ne brouille les pistes. Que, par la suite, cette liberté démocratique soit gardée et améliorée. Ce n’est pas le plus critique avant l’élection qui accepte les critiques après l’élection. Il faut bien avoir une veste, la porter, avant de pouvoir la retourner... Chacun prendra des exemples où il voudra. La littérature traditionnelle invite à faire la différence entre parler et gicler : celui qui parle rassure ; qui gicle disperse.

Notre propre devoir serait d’approfondir sans cesse la compréhension que nous nous donnons de la liberté démocratique, et de faire en sorte que les plus jeunes de notre société en aient une compréhension beaucoup plus juste, plus exigeante et plus ouverte. On croit facilement qu’il s’agit d’une liberté sans contraintes. Dans ses Lettres écrites à Montaigne, Rousseau dit : « Quiconque est maître ne peut être libre, et régner c’est obéir. » Comptons : quiconque est riche, créateur, artiste, sportif, journaliste, savant, mystique, célébrité... doit savoir obéir pour continuer à se faire. Il n’y a que les pédagogues de la mauvaise foi pour dire aux jeunes qu’ils se réaliseront dans la farniente et le désengagement pour rapport à eux-mêmes.

Au Burkina Faso, en 2010, le processus (…) de la démocratie se porte bien. Nous ne restons pas sur place. Nous ne reculons pas. Nous ne nous précipitons pas. Nous avançons lentement et sûrement, ne faisant progresser un nouveau pas que lorsque le précédent est ferme et rassuré. Nous ne giclons pas, nous parlons, nous travaillons. C’est la voie, c’est la vision, c’est la nôtre, c’est celle qui doit sous-tendre tous les Burkinabè, tant d’en bas que d’en haut … Avance, mon peuple !

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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