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GUINEE : Vers le scénario du pire ?

Publié le lundi 25 octobre 2010 à 03h18min

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Aux yeux de l’Afrique et du monde entier, les escarmouches entre partisans de Cellou Dalein Diallo (Union des forces démocratiques de Guinée-UFDG) et Alpha Condé (Rassemblement du Peuple de Guinée - RPG), se muent progressivement en affrontements entre ethnies, particulièrement entre les peuls et d’autres composantes. Une guerre civile en filigrane que la communauté internationale se doit de stopper avant qu’il ne soit trop tard. Rien ne le laissait paraître au tout début du processus démocratique en Guinée, mais chaque jour, le climat sociopolitique devient plus lourd. Dans les deux camps, les extrémistes ont désormais le vent en poupe.

Chef d’Etat par intérim, le général Sékouba Konaté lui-même ne cache plus son embarras. Dans une allocution radiotélévisée, il a condamné les violences ethniques et mis en garde sans les nommer, les « acteurs de la vie nationale » qui basent « leur stratégie électorale sur le chaos et le désordre ».

C’est un constat d’échec qui montre à quel point les deux leaders politiques, à savoir Diallo et Condé, sont eux-mêmes dépassés par les événements. Leurs appels incessants au calme donnent peu de choses, débordés qu’ils sont par les radicaux de leurs camps respectifs. En tant que leaders, ils auraient pourtant dû voir venir les choses et agir en conséquence. Maintenant que tout se gâte, ils se donnent piteusement en spectacle ; ce qui, du reste, renforce le sentiment que jamais l’un n’acceptera que l’autre gouverne, même si les urnes le décidaient. N’ont-ils pas violé leur signature du protocole d’entente de Ouagadougou ? Qu’ont-ils fait de leur poignée de mains après l’engagement pris auprès du général Konaté ? Ces deux hommes et leurs partisans veulent-ils réellement le pouvoir pour rebâtir la Guinée ? On peut en douter.

En quête d’un pouvoir qui semble chaque jour s’éloigner de l’emprise de l’un comme de l’autre camp, leur histoire reflète le destin cruel d’une Guinée qui peine à se frayer son chemin. Tant et si bien qu’on assiste, impuissant, au retour des vieux démons. Les vieilles habitudes reprennent place car certains n’ont rien compris ou ne veulent rien céder. La Guinée revient à la case départ avec les délinquants en uniforme qui ont repris leurs exactions à l’endroit des populations, particulièrement les femmes et les défenseurs des droits humains. A ce sujet, on se demande si le déploiement d’une force de la CEDEAO ne serait pas une option à envisager, tant la défiance commence à être grande entre une partie de la population et les forces de sécurité guinéennes.

On sait le général Sékouba Konaté limité dans ses prérogatives. Parviendra-t-il alors à maîtriser la situation, lui qui a beaucoup insisté sur son désir de s’en aller ? D’ailleurs, pourra-t-il jamais le faire dans un climat aussi malsain ? Chaque jour qui passe voit la situation évoluer vers le chaos, ce qui peut donner des idées à un outsider en embuscade. En tout cas, la table semble bien mise pour un remake de l’armée.

Cela d’autant plus que les nouvelles en provenance de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) ne sont pas bonnes. De nouveau, l’organisation chargée de gérer les élections se trouve handicapée d’un membre : en effet, Lossény Camara dont la nomination avait mis le feu aux poudres, vient d’être condamné à un an de prison ferme par un tribunal de Conakry pour soustraction de documents du premier tour des élections. Même si son avocat entend faire appel, il est clair que ces nouveaux éléments ne sont pas de nature à calmer les esprits. Qu’adviendra-t-il donc de la structure après la condamnation de Camara ? La situation actuelle est délétère et cela ne va pas faciliter la tâche au nouveau président de la (CENI), le général Siaka Toumani Sangaré du Mali. Celui-ci, appelé à la rescousse, est en consultation. Il devra fixer la date du second tour de l’élection présidentielle.

Le cas guinéen devient sérieusement préoccupant. La médiation, la communauté internationale et les organes chargés de la transition, devraient trouver une formule pour relancer le processus au plus vite. Il faut réagir avec fermeté. Si les approches tentées jusque-là ne trouvent pas solution, pourquoi ne pas renvoyer les deux leaders dos à dos ? C’est-à-dire les écarter du processus pour calmer le jeu et sauver la démocratie. L’incapacité de Diallo et Condé à se décider, et surtout à gérer l’extrémisme dans leur entourage, ne les condamne-t-elle pas à céder la place à d’autres prétendants ? Il faut se résoudre à tourner cette page triste du second tour, et redonner la chance aux autres candidats. Dommage qu’au nom de la démocratie, on soit amené à écarter les deux candidats que le peuple avait pourtant retenus pour faire son choix définitif au second tour. Mais la Guinée et la démocratie ne doivent pas demeurer les otages de deux camps qui refusent de se réconcilier pour construire ensemble.

En tout cas, les derniers événements ne présagent rien de bon. On s’attendait pourtant à un vrai changement, et le peuple guinéen était à un doigt de voir s’opérer enfin les transformations après tant d’années d’attente ! On croyait les choses bien faciles ! Pourtant, maintes fois nous l’avons relevé dans ces mêmes colonnes : sur le continent, nombre d’élites politiques actuelles ne sont pas animées par de meilleures intentions. En attendant, en Guinée, par crainte de voir les rênes du pays leur échapper, certains acteurs politiques semblent bien avoir opté de mener tranquillement leur pays vers le scénario du pire. Non seulement leur conduite est indigne d’une démocratie qui se construit après des décennies de pouvoir sans partage, mais encore, elle tend à disqualifier deux prétendants officiels au pouvoir.

"Le Pays"

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Vos commentaires

  • Le 25 octobre 2010 à 10:30, par le Revolutionnaire En réponse à : GUINEE : Vers le scénario du pire ?

    Pauvre Dadis qui avait aimé son pays doit se mordre les doigts. Lui qui avait commencé a bâtir le pays, au nom d’une démocratie, il est écarté et voila ce à quoi on assiste. La democratie serait elle la solution partout ?

    • Le 25 octobre 2010 à 14:57, par Sidbèè ( En Quête de Verité ) En réponse à : GUINEE : Vers le scénario du pire ?

      Le REVOLUTIONNAIRE, Tu ne fais pas mal de te poser cette question. Saches, Revolutionnaire, qu’aujourdh’hui en Occident, sur de grandes chaînes de Tele, on affirme de plus en plus que la democratie n’est pas une condition sine qua non du DEVELOPPEMENT. Et en exemple, j’ai été surpris de l’exemple cité ce jour, LA GRANDE CHINE, qui n’a que faire de DEMOCRATIE et de DROIT-DE-L’HOMMISME. En effet, la chine MENACE de DEPASSER même les USA.

      LA démocratie est une necessité certes mais n’est pas obligatoire pour le DEVELOPPEMENT. Il peut avoir democratie sans developpement, et de même developpement sans democratie. Pour autant, un régime bidon et apatride ne saurait faire l’affaire de quoi que ce soit à plus forte raison d’un developpement.
      Dadis, Je l’ai toujours dit et le dirai jusqu’à preuve du contraire, est un DIGNE FILS DE LA GUINEE.

      Mais Hélas ! L’homme propose, les interêts disposent !

  • Le 25 octobre 2010 à 11:50 En réponse à : GUINEE : Vers le scénario du pire ?

    Dadis avait vu venir tous ces atermoiements et avait voulu anticiper. Il va beaucoup manquer à la Guinée, ce pauvre bonhomme !

  • Le 25 octobre 2010 à 16:23 En réponse à : GUINEE : Vers le scénario du pire ?

    voila ce qu’on voulait presenter de l’afrique et de a guinee qui fut un symbole pour l’afrique Il fallait donc detruire ce symbole. Ou sont tous ces africains qui criaient contre dadis traité de dictateur, d’hitler meme ? Pauvres africains incapables de voir qui sont ses vrais ennemis. sont-elles devenues ces forces vives, cette fameuse communaute internationque ? ou sont-ils tous ces gens qui se croyaient obligés d’insulter dadis un militaire, etc la democratie, etc.? Bernard kouchner pourquoi il ne parle plus ? on voit clairement qui etait le mauvais, qui aimait son pays et qui voulait le pouvoir et pourquoi ils mentaient tant sur les militaires au pouvoir. Toumba, ou est-il ? Pourquoi on n’en parle plus ? il peut etre heureux d’avoir fait son boulot. aujourd’hui qu’est devenue la guinée ? Nous africains on est minables parce qu’on se veut minables, egoistes et betes. Le pire de tout cela c’est que nous nous obstinons a ne pas vouloir reflechir et surtout des lecons de ce qui nous arrive, nous approprier de notre histoire et en tirer des lecons. On passe son tempss a repeter les memes betises. Aucune responsabilité de soi pour se soumettre aux idees des autres et apres on se plaint ! Mentalité d’esclave complexé
    SOME

  • Le 26 octobre 2010 à 21:22, par le mythe En réponse à : GUINEE : Vers le scénario du pire ?

    c’est quand meme dommage pour le peuple guinéen. Il appartient aux africains de tirer léçon de ce qui arrive en guinée. Pourrions nous toujours faire le vouloir de l’occident ? Daddis doit retourner prendre son pouvoir et la solution passe par là.

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