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Personnes âgées : Profitons de nos trésors vivants

Publié le vendredi 22 octobre 2010 à 03h55min

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Les Africains se sont toujours vantés de s’occuper de leurs personnes âgées en se comparant aux occidentaux qui les abandonnent dans les maisons de retraite. Pourtant, ces lieux d’asile que les africains critiquent tant, proposent avec plus ou moins de bonheur une seconde vie aux personnes du 3e âge même quand ce n’est pas toujours celle souhaitée.

Elles y mènent tout de même une vie dans la dignité. Mais sous nos tropiques, les clichés jadis présentés de nos anciens ne semblent plus relever de l’histoire.pour les africains qui prétendent leur accorder une place honorable, la situation varie d’une contrée à une autre, d’une société à une autre. …Souvent domiciliées aux abords des voies publiques, nos vieilles personnes sont de plus en plus nombreuses à faire la manche, essuyant au quotidien l’indifférence et même le mépris des passants. Pourtant, dit-on , l’âne met son petit au monde pour que son dos se repose un jour .

Ces pauvres bougres ne semblent avoir aucun mérite, quand bien même ils auraient « casser leur dos » pour extraire de leurs entrailles ceux qui semblent confondre au décor naturel, ce qui aurait pu être considéré comme une honte de la nation. Ceux qui se targuent de garder les leurs les retiennent bien de fois reclus au fond des cases ou dans le tréfonds des chambres où ils finissent par sombrer dans l’abîme de la solitude.

Une de ces solitudes si lourdes à porter par leur corps et leur esprit fragilisés par le poids de l’âge et les durs labeurs assortis des multiples écueils et de toutes les épreuves de la vie terrestre. Alors frustration et repli sur soi sont les fidèles compagnons de ceux qui, par leur seule présence, passent pour des ‘’experts’’ à égayer les enfants, motiver et rassurer les adultes. Ils n’ont d’utilité que parce qu’ils sont parmi nous. Certains, les femmes surtout, sont réduites à leur simple existence ; accusées de sorcellerie, abandonnées de tous après avoir été malmenées et chassées comme des malpropres.

Ces infortunées vivent en marge de la société comme si elles sont atteintes de maladies contagieuses dont le simple fait de les approcher peut contaminer ou souiller à jamais. Conséquences, les papas ne savent plus raconter les histoires de grand-père, les mamans de leur côté sont incapables de laver correctement les bébés surtout pas à la méthode africaine, ne parlons pas des belles tresses anciennes encore moins toutes ces belles chansons, ces berceuses qui se perdent au file du temps .

On n’a plus le temps pour ces choses, dira-t-on. En réalité, ce sont des pans de notre culture qui disparaissent avec l’avènement des parents modernes .Nos « bibliothèques vivantes » s’étouffent faute de place pour ranger leur trop plein de « savoirs » parce que n’ayant pas toujours l’occasion de les partager dans un monde qui pourtant prétend être en quête permanente et effrénée de connaissances. Sans doute ignorons-nous les trésors que nous perdons.

Il est temps que l’exclusion des personnes âgées s’effacent de nos mœurs pour que nous ayons le courage et la volonté de faire des seniors, des acteurs de développement, tel que recommandé par les grands rendez-vous consacrés aux personnes du 3e âge. C’est du reste la préoccupation des nations unies et des principaux concernés lors de la journée mondiale qui leur est dédiée .

La dernière rencontre de l’association internationale francophone des ainés s’est penchée sur la question de comment rendre les seniors utiles à leur société. S’il est vrai que la jeunesse de la population africaine est une chance extraordinaire pour le développement du continent, le dynamisme et le savoir faire des « teenagers » auront un impact plus significatif s’ils s’appuient sur l’expérience et la sagesse des seniors.

Ils sont nombreux à n’attendre que le signal pour se rendre utile à leur société à laquelle ils ont déjà tant donné. Vieillesse n’est pas forcement synonyme de vulnérabilité, d’inutilité ; mais au contraire de plénitude, d’empilement, d’expériences multiformes qui peuvent enrichir toute une génération.

Pour paraphraser,un spot publicitaire, disons que les personnes âgées ne « s’usent que lorsqu’on ne s’en sert pas ». Alors le dialogue intergénérationnel apparait comme le gage de la pérennisation de nos us et coutumes de raffermissement des convictions personnelles et de renforcement des compétences professionnelles.

Certains pays l’ont si bien compris qu’ils consacrent des personnes « trésors humains vivants ». Juste car il ne faut pas toujours attendre à titre posthume pour reconnaitre le mérite des gens qui auraient voulu de leur vivant recevoir cet honneur. Certains ont la chance de voir leur nom porté par une rue ; c’est la preuve que la Nation ne les a pas oubliés. Mais combien disparaissent dans l’anonymat et ne doivent leur célébrité que par leur façon de mourir.

Assétou BADOH

Sidwaya

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