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Présidentielle de novembre 2010 : Que faut-il attendre de la campagne électorale ?!

Publié le vendredi 22 octobre 2010 à 03h56min

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Tout porte à croire que la campagne présidentielle sera la plus terne qu’on pouvait souhaiter au Faso. Après près de 20 ans de quête démocratique, le tunnel est d’autant plus sombre que plus on avance, plus les indicateurs d’espérance sont des plus alarmants. Avec un hypothétique fichier électoral de 3 millions 200 mille électeurs - dont plus de la moitié ne sont pas certains d’entrer en possession du document électoral requis -, on imagine bien que tout le monde ne risque pas d’avoir le cœur à la campagne électorale, y compris les candidats eux-mêmes.

Logiquement, les candidats à la présidentielle devront aller à la quête des voix à partir du 31 octobre prochain. Mais les informations distillées par la Commission nationale électorale indépendante (Ceni) à propos du fichier électoral n’incitent guère à l’enthousiasme. Selon les prévisions que personne n’ose afficher pour le moment, les chiffres sont si maigres que les états-majors se demandent par quel bout commencer. N’est-il pas finalement insensé de parcourir le pays pour galvaniser des gens dont on est presque sûr qu’ils ne voteront pas ?

Tel est le dilemme des candidats.
Incontestablement, le fichier électoral étriqué appelle à une nouvelle stratégie des candidats. Car, ce n’est pas dans les grands meetings qu’il faut aller cibler le peu de monde qui s’est donné la peine de s’inscrire sur les listes électorales. Il faut encore exclure ceux qui ne sont même pas certains d’avoir leur Carte nationale d’identité burkinabè (CNIB) avant la date limite du 8 novembre 2010. À défaut de rejoindre directement le peu d’électeurs potentiellement à même de monnayer leurs voix, il faut semer à l’aveuglette ou prêcher dans le désert. Cela risque d’être un véritable casse-tête pour les candidats et leurs états-majors de campagne. Comme on peut s’y attendre, l’angoisse du maigre fichier électoral risque de tuer l’enjeu d’une élection présidentielle qui n’en avait pas vraiment.

Dans le camp du président-sortant, hyperfavori, cela se traduit déjà par un marquage serré des « inscrits sans CNIB ». A Dédougou, la capitale du Mouhoun, c’est la députée Korotimi Koté qui a donné le ton en poussant l’Administration locale à organiser une séance de rattrapage pour les « sans-CNIB ». L’initiative paraît noble. Mais quand on sait que l’initiatrice est aussi la directrice de campagne du candidat Blaise Compaoré au niveau de la province du Mouhoun et que pour l’opération elle dit être soutenue financièrement par le ministre de la Justice qui n’est autre que son époux et son camarade de parti, on se demande bien si ce zèle n’est pas une manière détournée pour ouvrir la boîte de Pandore. Certes, l’opération est prévue pour prendre fin le 27 octobre. Mais les lieutenants du président-candidat risquent d’être plus préoccupés à dénicher des électeurs potentiels pour lui assurer « un bon taux de participation », comme le confesse l’honorable Korotimi Koté, qu’à convaincre un quelconque électorat.

Dans la campagne des 6 autres challengers du Blaiso national, on a certainement moins de moyens pour traquer les électeurs jusqu’à leur dernier retranchement. Tout le monde sait aussi qu’ils ne sont pas ceux qui offrent le plus d’occasion de manger du riz gras et de boire du zom-koom glacé. Avec le mauvais départ, les opposants risquent de faire les frais du peu d’engouement. Même s’ils arrivent à mobiliser du monde, il leur sera bien difficile de savoir si ceux qui adhéreront à leurs discours détiennent les documents nécessaires pour faire valoir leurs voix en leur faveur.

C’est là où le bât blesse.
Malheureusement, après deux décennies d’une marche au forceps vers la démocratie, le Burkina Faso aura du mal à justifier d’une véritable délibération publique, ne serait-ce que pendant cette période électorale de campagne présidentielle. À l’instar des autres pays qui sont fiers d’avoir adhéré à la démocratie, on aurait aimé que le débat se fasse, pour une fois, autour du programme de chacun des candidats en lice. Mais hélas ! La période risque d’être polarisée par une traque du plus grand nombre d’électeurs plutôt que d’animer le débat public par des arguments politiquement convaincants. En plus, elles vont nous manquer, les piques à bout portant dont seul le "Paren" Laurent Bado a le secret.

Mais au-delà de l’ambiance particulière que devrait charrier la campagne électorale qui s’annonce pour le 31 octobre, force est de présager d’une veille de présidentielle sans excitation véritable. Et pourtant, pour avoir donné des leçons de démocratie au-delà des frontières du Faso et surtout pour avoir contribué à redresser des barques en déperdition, le Blaiso pouvait avoir mieux chez lui. Après 20 ans de pas bloqués, le Burkina ne mérite plus d’être ce pays qui semble se contenter d’une démocratie virtuelle qui offre une campagne terne au bout de laquelle tout le monde croit connaître le vainqueur d’avance. C’est vraiment dommage.

F. Quophy

Le Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 22 octobre 2010 à 13:57 En réponse à : Présidentielle de novembre 2010 : Que faut-il attendre de la campagne électorale ?!

    Je propose dans ces circonstances qu’on recence les votants cest dire les inscrits ayant leur CNIB sur toute l’etendue du territoire national et les interner tous au stade du 4 aout les faire sortir chaque matin pour écouter les candidats. A la fin ils repartent chez eux pour voter et cen est fini pour la campagne. MERDE

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