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12e édition du SIAO : Dans la peau de l’artisan burkinabè à jour-J moins 10

Publié le mardi 19 octobre 2010 à 22h47min

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Pour Brahima Ouédraogo, SG du GIE, il faut outiller les artisans de sorte que leurs productions répondent aux besoins du marché local

Simonville s’apprête à vibrer du 29 octobre au 7 novembre 2010 au rythme de la 12e édition du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO). Quelles sont, à la veille de cette biennale, les attentes et l’état d’esprit de nos artisans ? Ce sont, entre autres, les raisons qui nous ont amené à aller à la rencontre de certains d’entre eux, dans leur quartier général au Village artisanal de la capitale. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils n’envisagent pas la manifestation sous les mêmes auspices, tellement les préoccupations varient d’une personne à une autre.

De notre ronde, effectuée les 13, 15 et 18 octobre, des locaux du village artisanal de Ouagadougou (VAO) se dégage ce constat : les animateurs abordent différemment la prochaine édition du SIAO. Comment préparez-vous le SIAO ? C’est la question que nous avons posée à nos interlocuteurs.

Pour certains, le SIAO se prépare dès la tombée des rideaux de l’édition précédente. Les préparatifs durent donc deux ans. L’artisan, dans cette optique, sent moins les charges des préparatifs. Sont de ceux là, Mohammed Moutala Makieri, producteur de colliers qui participe régulièrement aux différentes éditions du SIAO depuis le début des années 2000. « Après chaque édition, on prépare l’autre. Ce qui fait qu’on ne sent pas trop les coûts », explique t-il.

300 000 F CFA pour se lancer

Hamed Nikièma posant aux côtés de ses chefs d’oeuvres

D’autres artisans arguent qu’ils commencent les préparatifs dès qu’ils parviennent à réunir les moyens financiers. Le plus souvent, ils n’entreprennent leurs préparatifs qu’à l’approche du SIAO. Hamed Nikièma, producteur de statuettes en bronze, dira qu’il lui faut rassembler au moins 300.000 F CFA avant de se lancer dans les préparatifs de l’évènement biennal.

Il y en a encore d’autres qui affirment garder le même rythme aussi bien à la veille du SIAO que d’ordinaire. C’est le cas de Nestor Kiénou, confectionneur de tableaux et de statuettes en bois d’ébène.
Autant les artisans préparent les expositions dans des fortunes diverses, autant ils sont divisés sur les opportunités d’affaires que pourrait leur offrir l’édition 2010 du SIAO. Samba Kanté, sculpteur, dit qu’en 2008 les affaires n’ont pas marché pendant le SIAO. Sa crainte, partagée par un autre sculpteur, Hamed Nikièma, est sans équivoque : « On a peur de miser de l’argent et sortir sans grand-chose ». Selon lui, c’est ce qui ne les encourage pas à puiser dans leurs économies pour payer des stands aussi chers.

Un autre artisan, Mohammed Moutala Makieri, de son côté, ne fait pas mystère sur ses inquiétudes. Il relève que l’essentiel de leurs clientèles est constitué de grossistes et de touristes occidentaux et asiatiques. Or, les autorités ont augmenté les visas à destination du Burkina. Il avoue en effet que des amis expatriés, ayant toujours l’habitude de voyager en famille, renoncent déjà à prendre le vol pour le Faso.

Caméras du monde sur Ouaga

Ce sont là autant de faits qui font qu’il aborde le SIAO avec beaucoup de crainte.
Cependant le moral est au beau fixe chez un artisan, et pas des moindres. Lui, n’est rien d’autre que Brahima Ouédraogo, secrétaire général de l’association du Groupement d’intérêt économique des (GIE) des artisans du Village artisanal de Ouagadougou. Pour le SG du GIE, un artiste est un créateur de joie et de gaieté et les œuvres qu’il expose contribuent dans une certaine mesure en cela. Ainsi, celui qui sème la joie ne devrait pas être pessimiste au point de ne pas oser en affaires. Bref, Brahima Ouédraogo se veut confiant et voit en l’édition 2010 du SIAO un tremplin pour les artistes.

A son sens, le SIAO représente une « Tribune qui a acquis une notoriété internationale », ce qui confère une certaine crédibilité aux exposants. « A voir toutes les caméras du monde braquées sur notre capitale, il y a visiblement de quoi avoir du baume au cœur et espérer », affirme t-il.
Les artisans, s’ils sont créateurs d’œuvres, ne manquent tout de même pas d’imagination pour proposer des solutions pour la réussite de la biennale de l’artisanat. En même temps qu’ils demandent que les autorités revoient les prix des visas des expatriés à la baisse, certains comme Mohammed Congo, Nestor Kiénou, Hamed Nikièma, et bien d’autres, souhaitent qu’on réduise les coûts des stands en faveur des artisans nationaux.

A ce sujet, le SG Ouédraogo n’y va pas du dos de la cuiller. Il propose en effet que les artisans soient formés, ne serait-ce que pour les amener à adapter leurs productions aux besoins de la consommation locale. A termes, cela devra permettre de réduire la dépendance de notre artisanat vis-à-vis de l’extérieur.

Adama A. Bayala, Stagiaire

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