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CENI : Le sens de l’anticipation

Publié le mardi 19 octobre 2010 à 03h04min

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La Commission électorale nationale indépendante (CENI) a renoncé au croisement du fichier électoral avec les données de l’Office national d’identification (ONI). A priori, c’est une décision sage qui permettra à l’ensemble des inscrits sur la liste électorale de pouvoir exprimer leur suffrage à l’élection présidentielle du 21 novembre 2010. En effet, 3 239 852 citoyens sont inscrits sur la liste avec différentes pièces, telles que la carte nationale d’identité (CNIB) délivrée par l’ONI, la carte militaire, le passeport, l’acte de naissance ou le jugement supplétif d’acte de naissance. Selon le code électoral, la CNIB, la carte militaire et le passeports sont les seuls documents avec lesquels on peut voter.

Le croisement des données de la CENI et l’ONI exclurait bon nombre d’électeurs car toutes les personnes inscrites à partir des pièces d’état civil et disposant d’une CNIB n’ont pas pu être formellement identifiées parce que les fichiers de l’ONI n’indiquent pas la date d’établissement de ces pièces. Aussi, les citoyens nés hors du Burkina Faso et détentrices d’une CNIB établie à partir du certificat de nationalité ne sont pas repérables après croisement.

Les quelques 6000 militaires recensés sur la base de la carte militaire ne peuvent pas être croisés car absents de la base des données de l’ONI. Des chiffres données par les responsables de la CENI lors de la conférence de presse du 16 octobre, on retient que des 3 239 852 inscrits sur la liste électorale et réparties dans 12 646 bureaux de votes, 2 387 771 l’ont été avec l’acte de naissance ou le jugement supplétif d’acte de naissance. Il est donc impératif de délivrer les CNIB, aux inscrits qui ne l’ont pas encore, car l’enjeu est de taille. Combien de personnes pourront effectivement voter le 21 novembre ? quelle sera le taux de participation ? telles sont les questions qui se posent.

On note que l’ONI fait des efforts considérables (pression du gouvernement oblige ?) pour recenser, produire et délivrer les CNIB aux potentiels électeurs. Pour cela, elle a déployé des équipes mobiles sur tout le territoire. Des partis politiques se sont également inscrits dans cette course contre la montre en incitant l’ensemble de leurs militants à se procurer du "précieux sésame". Pendant que les uns font des efforts, d’autres jouent les cassandres en prédisant un scrutin "au rabais". On constate avec une certaine amertume que dans la faune politique, des leaders qui ne sont pas en lice pour la présidentielle ont choisi de mettre d’avance en doute les chiffres avancées par la CENI et la transparence du scrutin. Certains appellent leurs militants au boycott alors qu’ils se sont présentés aux élections passées.

Comme le dit un proverbe africain, "une seule main ne ramasse pas la farine". On aurait aimé voir une classe politique soudée, interpellant les militants à aller s’inscrire d’abord sur la liste électorale et à se faire établir les documents de vote. Cette maturité politique fait partie du progrès de la construction démocratique dans le pays. D’autant que les acquis de la participation électorale à la présidentielle serviront lors des élections combinées législatives et municipales de 2012 et qui verront beaucoup plus de partis politiques en lice. Il faut apprendre à semer aujourd’hui pour récolter demain.

La balle est également dans le camp de la CENI qui doit faire preuve de beaucoup plus d’anticipation. En effet, avant de promettre le croisement de ces données avec celles de l’ONI, elle aurait dû savoir que des difficultés allaient se poser et qu’il serait impossible d’inclure ceux qui se sont inscrits avec la carte militaire ou avec des CNIB établies à partir des certificats de nationalité. Il convient donc de renforcer la coopération entre la CENI, les ministères en charge de la Défense, de la Justice, et des Affaires étrangères pour faciliter les croisement lors des prochains scrutins. Certes comme le dit la CENI, ce n’est pas une obligation légale mais quand on s’engage, il faut se donner les moyens de réussir.

Les rendez-vous électoraux sont connus à l’avance et on ne doit pas être en perpétuelle expérimentation. Cela constitue du pain béni pour certaines formations politiques afin de justifié d’éventuelles échecs. Le progrès de la démocratie est une œuvre collective qui réclame le concours de tous les acteurs.

Bachirou NANA

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 19 octobre 2010 à 11:39, par Paris Rawa En réponse à : CENI : Le sens de l’anticipation

    « Des partis politiques se sont également inscrits dans cette course contre la montre en incitant l’ensemble de leurs militants à se procurer du "précieux sésame". Pendant que les uns font des efforts, d’autres jouent les cassandres en prédisant un scrutin "au rabais". On constate avec une certaine amertume que dans la faune politique, des leaders qui ne sont pas en lice pour la présidentielle ont choisi de mettre d’avance en doute les chiffres avancées par la CENI et la transparence du scrutin. »

    N’allez pas chercher midi à 14h00. Si l’établissement de la liste électorale a été faite dans de mauvaises conditions, avec le résultat qu’on connait, c’est de la responsabilité de l’Exécutif, et plus exactement du gouvernement et de la CENI. Qui a décidé, contrairement à la loi, que les Burkinabè de l’étranger ne voteraient pas ? On ne peut rien reprocher aux partis politiques dont le propre est d’avoir leur stratégie de parti. Arrêtez de tout confondre sans cesse, dans le seul but de dédouaner ces incapables qui nous gouverne. La Cote d’Ivoire qui sort d’une décennie de guerre civile est en train déjà de faire mieux ou au moins autant que nos gouvernants en matière d’organisation de l’élection présidentielle.

  • Le 19 octobre 2010 à 13:09, par Malick En réponse à : CENI : Le sens de l’anticipation

    Monsieur Nana, vous vous trouvez donc suffisamment intelligent pour expliquer à la terre qu’en fait de pagaille dans le dispositif electorale, il n’en est rien !

    Je suis étonné que le président de la CENI soit préoccupé par le CHIFFRE aujourd’hui. Il y a juste quelques semaines, n’est-ce pas lui qui disait préférer la qualité à la quantité, lorsque la FEDAP-BC avit proposé l’utilisation de l’acte de naissance pour voter. L’argument, c’était d’éviter que certains burkinabè ne soient privé de leur droit à cause des lacunes de l’administration ?

    Notre problème, c’est refuser de travailler en amont pour, en aval, vouloir nous arranger avec les règles. Je vous le dis, la CENI va produire des cartes d’éelcteurs sans prorpiétaires, et des gens disposant de leur cartes d’identité se retrouveront sans cartes d’électeurs.

  • Le 19 octobre 2010 à 14:02 En réponse à : CENI : Le sens de l’anticipation

    Voilà notre honte ! On sait aller dire aux autres ce qu’il convient de faire, et nous à notre tour, on s’en va faire n’importe quoi. Un facilitateur sachant faciliter doit commencer par faciliter devant sa propre facilitation. Tous les responsables sont aujourd’hui devant leur responsabilité. Car vous mettez la honte sur notre cher Faso. N’oubliez pas que le monde entier nous regarde.

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