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Communication politique : Entre raison et démagogie…

Publié le lundi 18 octobre 2010 à 03h58min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

La communication, en ses différentes facettes, va connaître une intensité certaine les jours à venir. Les communications interpersonnelle et de masse vont se conjuguer, avec ou sans passion. Car, une campagne électorale, c’est surtout cette débauche d’énergie « communicationnelle » pour expliquer, attirer, convaincre, embrouiller ou/et abattre. Tous les coups semblent être permis.

Ne faut-il pas, dès maintenant, réfléchir sur un thème comme celui de l’éthique et de la communication politique ? La préoccupation se résumerait simplement ainsi : communicateur politique, comment concilier la défense des opinions et intérêts de mon groupe social pour ne pas dire de mon camp tout en gardant une certaine noblesse et dignité, c’est-à-dire en restant responsable ?

Les jeunes sont des demandeurs privilégiés de communication politique. Ils se caractérisent aujourd’hui, au Burkina Faso et dans tous les pays en développement, au carrefour de toutes les ethnies et de toutes les générations, par une culture spontanée, dynamique, d’une imagination inouïe. Cette culture ne respecte ni interdits traditionnels, ni conventions modernes.

C’est une culture du danger, de l’urgence et de la détresse, du risque et de la mort, telle que l’Afrique n’a jamais vu. Elle a trempé et trempe toujours dans les marchés noirs, les rebellions, les organisations et trafics de toutes sortes. Ce monde sans frontières normatives précises prend corps entre traditions et modernité. Là se retrouvent chômeurs, ouvriers, jeunesse déscolarisée, jeunes diplômés ou hommes d’affaires, aventuriers et artisans de progrès.

Ce monde est un véritable demandeur de progrès. Comme on le dit, il n’a rien à perdre, il a tout à gagner. C’est pourquoi son mode de vie et ses moyens de survie l’inclinent beaucoup plus vers le hold-up que vers l’intérêt général. En ce monde vivant, dynamique et ouvert se recrutent les vrais pauvres de l’Afrique moderne, c’est-à-dire ceux dont les besoins sont infiniment supérieurs aux biens.

Demandeurs de progrès et d’opportunités, les jeunes de ce monde nouveau sont aussi quémandeurs de changements et épient, dans chaque événement qui survient, l’occasion de pousser la barque vers des rivages inconnus à tort ou raison, car la conviction semble pour eux établie que tout ce qui est nouveau est beau, sauf le tombeau, comme le dit le proverbe.

Nous voici, communicateurs politiques, face à ce monde dont les jeunes constituent l’ossature. Que faut-il leur dire pour être vraiment coresponsable d’une émergence positive de leur avenir ? Ici, les flatteries et la démagogie ne devraient pas avoir cours. Un « candidat » qui se mettrait à leur promettre le ciel et la terre en un tournemain n’est pas un pouvoir responsable. « Votez-moi et je donnerai du travail peinard et bien rémunéré à tout le monde dans 6 mois... »

De telles promesses ne sont pas seulement illusoires, elles sont abrutissantes. « Si vous ne travaillez pas, c’est parce que ceux d’en face ont tout détourné. » Ce n’est pas seulement un clairon de la facilité, c’est une éducation verbale à la fainéantise qui consiste encore à faire croire à des couches de nos populations que l’Etat vient en remplacement de la famille traditionnelle et que c’est de lui que découlent toute initiative et tous les moyens de l’action.

Sans doute, l’Etat et ses institutions sont là pour tous, en particulier pour les jeunes. Et il est de bonne logique qu’il soit interrogé sur ce qu’ils font dans le sens de leurs devoirs. Mais personne ne devrait être éduqué aujourd’hui à dépendre de l’Etat. L’Etat-providence n’est plus.

Sur le plan de la critique et de la polémique, c’est un morceau facile. Aucune difficulté à charger et même à surcharger l’Etat, le président, le gouvernement, ô le directeur général… de ce qui ne va pas. C’est de bonne guerre, dira-t-on, mais reconnaissons que c’est une guerre lâche du fait de l’utilisation d’armes ou des arguments non conventionnels. L’UNESCO a bien raison de nous rappeler que tout se trouve dans l’esprit de l’homme : le bien et le mal, l’ordre et le désordre, la molle flatterie et la dure vérité.

Pendant que nous nous contentons de la critique la plus facile, ceux qui tirent le peloton de la mondialisation et qui nous obligent, pour cela, à les suivre ne réfléchissent plus ainsi. Quand nous disons : « L’Etat est, donc je suis », pour souligner notre dépendance vis-à-vis de l’Etat, eux ils disent : « Je suis, donc l’Etat est », pour marquer la forte dépendance de l’Etat vis-à-vis des individualités agissantes, ô agissantes !

Cela est tellement vrai qu’aujourd’hui, les gens « apprennent » les pays, non plus seulement dans les livres, mais à travers les citoyens visibles sur la scène mondiale. Que d’hommes et de femmes ont appris où était la Côte d’Ivoire, grâce à Drogba, le Cameroun, grâce à Et’o fFls, le Burkina, grâce à ces jeunes qui ont joué la demi finale de la Coupe du monde des cadets à Trinidad et Tobago !

Indexer des innocents ou promettre ce qu’on ne peut avoir, voilà, pour commencer, ce qu’il faudrait combattre dans notre communication politique pour défendre notre chapelle sans brûler notre chère patrie à tous : le Burkina Faso, Terre des Hommes...

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 18 octobre 2010 à 15:22, par Le Cid En réponse à : Communication politique : Entre raison et démagogie…

    Ce DG fait son propre marketing en faisant afficher tjrs sa photo dans l’édito. C’est quelle autre façon de faire un éditorial, chers journalistes ? Oubien sans sa photo, Fillipe Savadogo et ses compairs ne sauront pas qu’il a signé l’édito ? Epargnez-nous un tant soit peu de ses photo de trop . Une photo, ça illustre un article, mais celle du DG, c’est une pure publicité ! Et ça fait pas joli, pro, pardon.

  • Le 19 octobre 2010 à 13:57, par Malick En réponse à : Communication politique : Entre raison et démagogie…

    Elle ne me pose pas de problème, cette photo de l’auteur d’un article. On en trouve dans des presses considérées comme étant plus sérieuses que Sidawaya à travers le monde.
    Moi c’est l’extrême et systématique confusion de rôle auquel se livre ce jeune DG. L’histoire de ce Faso est simple et constante dans sa repétitivité : tous ceux qui ont servi sans vergogne ont fini par etre relégué dans les cartons, en veillant à ce qu’ils n’en réémergent plus jamais.

    Pour son propre devenir, je croix que Sakandé (qui soit dit en passant n’est pas un mauvais journaliste) comprenne comment se fait le jeux. Tout le monde (ou presque) est dans le jeux, avec cependant un seul pied.

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