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Présidentielle : Campagne à l’ivoirienne

Publié le lundi 18 octobre 2010 à 03h52min

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Cette fois, ça y est ! L’affaire est lancée. Après maints ratés, la mayonnaise de la présidentielle ivoirienne prend enfin. Sera-t-elle au goût des quatorze candidats en lice ? Particulièrement des trois principaux éléphants de la scène politique que sont, le président sortant, Laurent Koudou Gbagbo du FPI, le président sorti, Henri Konan Bédié du PDCI-RDA, et l’ancien Premier ministre, Alassane Dramane Ouattara du RDR ?

C’est le moins que l’on puisse souhaiter à ces pachydermes, dont l’appétence inextinguible pour le pouvoir suprême n’est pas étrangère à cette décennie de césure dans la stabilité politique ivoirienne. En attendant donc le verdict des urnes au soir du 31 octobre prochain, la campagne officielle, qui doit commencer deux semaines avant le scrutin, a effectivement démarré vendredi dernier.

En tout cas, sauf tremblement de terre sur les côtes de la lagune Ebrié, jusque-là épargnée de la furie des forces telluriques, la Côte d’Ivoire connaîtra pour la première fois depuis son indépendance en 1960 un vote non entaché de manœuvres politico-électorales. Bien sûr, restent quelques réglages d’ordre technique et logistique, comme les six millions de cartes électorales à distribuer d’ici au 31 octobre et les vingt mille bureaux de vote à disséminer sur tout le territoire national. Opérations préélectorales très délicates au point que certains n’excluent pas un ultime report d’une à deux semaines du scrutin afin d’éviter tout cafouillage le jour J.

La campagne officielle lancée, le cercle restreint des présidentiables est en ébullition. C’est le conseil de guerre au sein des états-majors qui abordent cette dernière ligne droite avec la rage d’en découdre avec l’adversaire. Les derniers sondages en date de TNS Sofrès (1er au 5 octobre) ont beau placer, comme les précédents, Laurent Gbagbo en tête du premier tour avec 46% contre 26% à Henri Konan Bédié et 24% à Alassane Dramane Ouattara, on est vraiment pressé de voir qui est « garçon », comme on le dit en Côte d’Ivoire.

Dans cette pêche aux voix, chacun y va de sa stratégie, de sa rhétorique et de sa casuistique. Avec son côté homme du peuple et son art consommé du parler cru qui lui valent la sympathie de bien de ses compatriotes, le candidat du front populaire ivoirien (FPI), Laurent Koudou Gbagbo, a choisi Man (l’Ouest du pays), pour conquérir l’électorat. Dans cette région où est originaire feu président Robert Guéi tué dans des circonstances non encore établies au temps fort de la crise, le président sortant s’est livré à un de ses exercices favoris : fusionner avec le peuple.

Arrivé en rassembleur au stade Léon-Robert avec un discours à l’avenant, le chef de l’Etat, dans son premier discours de campagne, a prôné l’unité et le pardon à tous « ceux qui ont amené la guerre » dont a tant souffert la région de l’Ouest. Evoquant la mémoire de son frère et ami Robert Guéi qu’il a accompagné dignement à sa dernière demeure, le candidat Gbagbo s’est ensuite adressé aux jeunes de la localité auxquels il a promis une politique de plein emploi s’il est réélu.

Quant au poulain du rassemblement des républicains (RDR), Alassane Dramane Ouattara, c’est à partir des dorures du Golf hôtel qu’il s’est adressé au public. Dans son discours, l’ex-Premier ministre a invité les Ivoiriens à « jeter un regard sur la situation sociopolitique de ces dix dernières années » caractérisées, a-t-il dénoncé, par la « fragilisation du tissu social, l’intolérance et l’indifférence ».

A la suite de ces deux poids lourds du scrutin à venir, c’est en principe aujourd’hui lundi que le candidat du parti démocratique de Côte d’Ivoire- rassemblement démocratique africain (PDCI-RDA), Henri Konan Bédié, entrera officiellement dans la danse. Pour sa part, le sphinx de Daoukro a fixé ses starting-blocks à Yamoussoukro, patelin de Félix Houphouët-Boigny. Un choix qui en dit long sur la place qu’occupera l’ombre tutélaire du père de la nation dans le discours du fils spirituel, si ce n’est biologique comme le susurrent certains.

Quid des autres prétendants au fauteuil du palais de Cocody qui ne se font pas trop d’illusions sur l’issue du vote ? Sans doute abordent-ils la compétition avec en tête, cette devise olympique : l’essentiel, c’est de participer.

Mais l’essentiel de cette présidentielle ivoirienne, c’est moins le nom du vainqueur que les conditions de la victoire. Peu importe le gagnant, pourvu que la transparence et l’équité soient au rendez-vous du 31 octobre. Alors le grand gagnant serait le peuple ivoirien tout entier.

La rédaction

L’Observateur Paalga

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