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2e SOMMET AFRO-ARABE : Une réunion axée sur les investissements en Afrique

Publié le vendredi 15 octobre 2010 à 02h51min

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L’Afrique, marché d’un milliard d’habitants, possède les plus grandes richesses minières du monde. Confinée dans une "marginalisation économique", selon les termes de Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine à l’ouverture du 2e sommet afro-arabe tenue le 10 octobre dernier à Syrte en Libye, elle peut beaucoup offrir. Autant dire que les enjeux du sommet étaient avant tout largement économiques.

Les travaux du sommet qui a réuni, le 10 octobre à Syrte (Libye), une cinquantaine de chefs d’Etat arabes et africains, se sont achevés par le lancement d’un "partenariat stratégique". Une stratégie de partenariat assortie d’un plan d’action commun pour renforcer la coopération politique et économique entre l’Afrique et le monde arabe. Ce plan s’articule autour de quatre domaines : politique, paix et sécurité, échanges économiques, agriculture et sécurité alimentaire et enfin coopération socioculturelle. La stratégie de partenariat prévoit, entre autres, de renforcer la coopération dans les secteurs financier, commercial et du développement et d’encourager l’investissement et le commerce entre pays africains et arabes.

A l’ouverture du sommet, Jean Ping, président de la Commission de l’Union africaine, a appelé les riches pays arabes à investir davantage en Afrique pour aider le continent à sortir de "la marginalisation économique". "Les Etats frères arabes disposent de vastes réserves d’épargne, de ressources financières considérables et d’immenses capacités d’investissement. Nous pouvons nous rendre complémentaires", a-t-il déclaré devant les dirigeants africains et arabes, estimant que la proximité géographique entre pays africains et arabes représente "un avantage certain". Afin de convaincre les Etats arabes à investir plus en Afrique, Jean Ping, pour qui "notre coopération n’est pas encore à la hauteur de nos ambitions", a indiqué que l’Afrique constitue un marché d’un milliard d’habitants et possède les plus grandes richesses minières du monde.

L’Afrique et ses grandes ressources minières

"Disons-le clairement : ce sommet est celui de l’investissement des capitaux arabes en Afrique", a, pour sa part, souligné Mouammar Kadhafi, selon qui, les pertes subies par les pays arabes lors de la crise financière mondiale auraient pu être évitées si ces derniers avaient investi en Afrique. L’hôte du sommet a cependant prévenu : "Les capitaux fuient les zones instables. Il faut donc travailler à la stabilité des Etats africains". Tous les orateurs qui se sont succédé à l’assemblée, de l’hôte du sommet à Jean Ping en passant par Amr Moussa de la Ligue arabe, Idriss Déby Itno du Tchad, l’émir du Koweït, se sont montrés solidaires de ce nouveau partenariat et de son plan d’action 2011-2016. Même si, pour le président gabonais, "un regard sur les trois décennies du partenariat afro-arabe fait apparaître des succès, mais aussi des manquements qu’il conviendrait de corriger en vue d’un partenariat sûr, dynamique et solide".

Ces assises ont pour objet de poser les fondements d’une nouvelle stratégie mutuellement avantageuse, certes. Mais, a-t-il ajouté, les divers domaines de coopération qu’intègre cette stratégie n’auront de signification réelle, quelles que soient la teneur et la force des engagements pris de part et d’autre, que s’ils produisent des résultats tangibles. Dans ce sens, Ali Bongo en appelle notamment à plus d’effort pour que le flux des échanges commerciaux et le volume des investissements répondent à la vocation réelle de ce partenariat nouveau.

"L’Afrique, un continent d’avenir"

"Donnons-nous la main pour créer un environnement propice de sécurité pour les investissements dans le cadre d’un partenariat gagnant-gagnant", a, de son côté, lancé le président tchadien, Idriss Déby, qui s’exprimait en sa quadruple qualité de président en exercice de quatre organisations africaines, en l’occurrence la Communauté des Etats sahélo-sahariens (Cen-sad), la Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale (Ceeac), l’Autorité du bassin du Niger (Abn), le Comité permanent inter-Etats de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (Cilss). "N’ayez pas peur d’investir en Afrique", ce continent "d’avenir", s’est-il exclamé. Inaugurant les travaux du 2e sommet avant de passer la présidence du sommet à Kadhafi, le président égyptien Hosni Moubarak a déclaré qu’il faut transformer, sous les auspices de l’Union africaine et de la Ligue arabe, les "relations mutuelles" en "coopération mutuelle".

Une maladie contagieuse pour l’Afrique

Le référendum (aujourd’hui plus que jamais menacé) au cours duquel le Sud-Soudan aurait pu opter pour l’indépendance, s’est invité au sommet auquel participait le président soudanais Omar El-Bechir. Sur le sujet, le Guide libyen a sa position. Mettant en garde les pays arabes et africains contre une éventuelle scission du Soudan, il l’a qualifiée de "maladie gravement contagieuse pour l’Afrique et le monde arabe". "Si on demandait à nos élèves de dessiner une carte du Soudan ou de l’Afrique ou d’un pays africain, ils reproduiraient certainement la carte actuelle, avec ses frontières et à laquelle nous sommes habitués", a ironisé le Guide Kadhafi qui en conclut que ces élèves auraient raté leurs examens, au cas où le Sud-Soudan devenait un Etat, entraînant du coup la modification de la carte du reste du Soudan.

Une situation qualifiée de "nuisible" pour le programme d’enseignement africain, dira le Guide libyen qui voit derrière la volonté séparatiste, les Etats impérialistes, notamment Israël. Toutefois, il a affirmé que le dernier mot revient aux habitants du Sud-Soudan. Plus mesuré a été Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, qui, craignant "l’impact du référendum sur la sécurité et la stabilité dans une vaste partie de l’Afrique et du Moyen-Orient", a souligné la nécessité d’une "bonne préparation".

Des efforts récompensés

Plus globalement, les chefs d’Etat arabes et africains ont souligné, dans un projet de déclaration, la nécessité de "respecter la souveraineté du Soudan, son intégrité territoriale et son indépendance" et ont affirmé leur "refus total de toute tentative de porter atteinte à sa souveraineté, son unité, sa sécurité ou sa stabilité". Un sommet afro-arabe aura donc fait place à un autre, même si le second intervient trente-trois ans après la tenue du premier, au Caire en Egypte. De quoi réjouir Mouammar Kadhafi, Amr Moussa et Jean Ping qui ont déployé des efforts énormes pour relancer la coopération économique et politique entre les deux régions. Mieux, ils peuvent se satisfaire de l’institutionnalisation du sommet qui devrait se réunir dorénavant tous les trois ans par alternance dans un pays africain ou arabe. Le 3e sommet afro-arabe est prévu pour 2013 au Koweït.

Les excuses du Guide libyen

Au nom des pays arabes, le Guide libyen, Mouammar Kadhafi, a présenté ses excuses aux Africains pour les sévices, la maltraitance et l’humiliation que ceux-ci leur avaient fait subir dans le passé. "Les Africains faisaient l’objet d’esclavage et étaient exploités de manière inhumaine de la part des pays arabes riches, d’autant plus que leurs richesses ont été spoliées par les colonisateurs", a-t-il déclaré à la cérémonie inaugurale du sommet.

Idriss Déby Itno appelle à sauver le lac Tchad

"L’avancée du désert constitue une menace régionale qui nécessite une réaction collective à l’échelle internationale", a déclaré le président tchadien, Idriss Déby Itno, à la tribune du 2e sommet afro-arabe. Il a saisi l’occasion pour informer l’assemblée que son pays organise les 29 et 30 octobre 2010 à N’Djamena, capitale tchadienne, un forum international sur le développement durable dont le thème est : "sauver le lac Tchad". D’une superficie de 25 000 km2 il y a 30 ans, le lac Tchad est aujourd’hui à 2 500 km2, a déploré le président Déby pour qui la disparition de ce lac serait un "désastre écologique". Il a, pour cela, invité ses "frères arabes à participer aux efforts de sauvetage du lac Tchad et à contribuer à l’initiative eau, lancée par le Cilss dans le Sahel et au projet de la Grande muraille".

La nouvelle stratégie afro-arabe pour un climat des affaires apaisé

S’agissant de la promotion des investissements, la nouvelle stratégie afro-arabe se propose d’améliorer la gouvernance et le climat des affaires pour permettre aux pays africains et arabes de renforcer leurs capacités économiques. Elle entend mobiliser des fonds pour les projets nationaux et les grands projets afro-arabes, harmoniser les codes des investissements dans les deux régions afin d’encourager et de stimuler l’investissement entre elles. L’initiative ambitionne d’encourager et de protéger les flux d’investissements dans les deux régions en utilisant les systèmes de garantie des investissements et les institutions existantes. Pour ce qui est de la promotion des échanges commerciaux, la réunion de Syrte a promis de relancer la foire commerciale afro-arabe ainsi que la tenue de foires commerciales spécialisées dans les pays des deux régions.

Elle s’engage à mobiliser des ressources financières pour relier les réseaux routiers ferroviaires, maritimes et aériens dans les deux régions dans le cadre du NEPAD et du Plan arabe pour les transports. La réunion a mis un accent particulier sur le développement de l’agriculture pour conjurer définitivement le spectre de la faim en Afrique et dans les pays arabes. Elle a, à cet effet, insisté sur la nécessité de la mise en œuvre effective du plan d’action conjoint adopté par une réunion ministérielle afro-arabe sur le développement agricole et la sécurité alimentaire tenue à Sharm El Cheikh (Egypte) en février dernier.

CBS

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