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Urbanisation et agriculture : Des réserves administratives transformées en champs de cultures

Publié le jeudi 14 octobre 2010 à 03h58min

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La commune urbaine de Ouagadougou, comme bien d’autres, a son plan de développement. Dans ses plans cadastraux de lotissement, des espaces verts sont prévus avec pour seule vocation de servir de lieux de divertissement. Ces endroits réservés pour être des espaces de distraction se retrouvent convertis en champs de mil, d’arachides, de haricot... propices refuges aux bandits. L’agriculture est-elle tolérée en pleine ville ? Pourquoi "ces paysans urbains" continuent-ils de cultiver sur ces lieux malgré l’interdiction des autorités communales ?

"Sur les voies qui longent des champs, beaucoup d’agressions se produisent et tout le temps, nous sommes inquiets. Nous avons peur car il m’arrive de descendre tard la nuit alors que je dois traverser ces champs pour arriver chez moi". Tels sont les propos de Jean-Baptiste Kaboré, visiblement en colère. Son courroux se justifie par le fait que certains de ses amis ont été agressés aux abords de ces champs situés sur la route menant à son domicile. Jean-Baptiste Kaboré habite à Toudoubweogo, un quartier non loti dans l’arrondissement de Nongr-Massom. Du secteur n°23 où il travaille à son lieu d’habitation, il y a environ 3 km de réserve à parcourir. Sur cette réserve, on trouve des champs de maïs, de mil, de haricot, etc. Ces champs sont, selon lui, des nids de bandits.

Comme Jean-Baptiste Kaboré, Lucien Soudré, fabricant de briques au secteur n°23, lui aussi s’offusque contre ces cultivateurs en ville qui permettent, à son avis, aux voleurs d’atteindre leurs objectifs. Face à la menace quotidienne des bandits, M. Soudré trouve que la psychose a envahi les usagers de la voie qui ne savent plus à quel saint se vouer, parce que l’herbe est aussi un refuge pour les bandits. La culture sur ces reserves administratives sont aussi une nécessité, voire une obligation pour ces populations démunies qui n’ont que cette activité pour subvenir à leur besoin alimentaire, sanitaire, etc. Ces populations sont souvent surprises par l’extension de la ville qui engloutit leurs villages.

Des mentalités ou des habitudes demeurent. Leurs champs sont devenus des parcelles à usage d’habitation et des réserves. Ils deviennent soudainement citadins. C’est le cas par exemple de Mme Alimata Ouédraogo, veuve depuis une bonne dizaine d’années. Veuvage oblige, elle se retrouve avec près de dix enfants à sa seule charge. Cultiver se révèle être une obligation pour elle. "Je dois cultiver car c’est ma seule activité depuis le décès de mon époux. Je n’ai personne pour m’aider et je dois m’occuper de mes enfants, les nourrir, les soigner et aussi payer leur scolarité. Je n’ai pas d’autres terrains ni autre chose à faire", a affirmé Mme Alimata Ouédraogo, habitante du secteur n°23 de Ouagadougou.

Binta Tapsoba a elle aussi un champ d’arachides, sur l’une des multiples réserves de la ville de Ouagadougou. Elle a d’abord refusé de se prêter à nos questions mais dès qu’elle fut persuadée que nous ne sommes pas de la police, ni des agents de la mairie, elle a accepté de nous répondre, s’offusquant contre la municipalité qui, selon elle, veut leur retirer ce qui leur appartient comme seule source de revenus.

"La mairie nous avait dit de ne pas cultiver sur ces espaces. Ensuite, ils sont venus nous dire de cultiver tout sauf du mil ou du maïs aux abords des routes. Nous les voyons venir car je sais qu’un jour, la mairie nous dira de ne plus cultiver et là, nous ne saurons plus quoi faire pour la scolarité de nos enfants", soutient Mme Binta Tapsoba.

Le mil et le maïs prisés

Le veuvage, la pauvreté, etc., sont autant de maux qui contraignent de braves gens à exploiter les espaces verts même en milieu urbain. La municipalité a toléré cette année la culture des plantes de basse hauteur. Toute chose qui soulage Issaka Tiendrébéogo, autochtone de la zone et cultivateur dans l’arrondissement de Nongr-Massom qui souligne d’ailleurs qu’à défaut de sa mère, on tête sa grand-mère.

Il vaut mieux cultiver l’arachide, le haricot en lieu et place du mil et du sorgho qui rapportent plus. "Le maïs ou le mil nous aide beaucoup. Nous autochtones, n’avons plus autre terrain pour cultiver. C’est notre village qui est devenu ces espaces interdits mais tout ce que nous redoutons c’est que la municipalité nous intime l’ordre de cesser toute culture", a signifié Issaka Tiendrébéogo.

Un propriétaire d’un champ de mil visiblement embarrassé et préférant garder l’anonymat, reconnaît avoir enfreint la loi qui veut que le mil ou le maïs ne soit pas cultivé en ville. Nous avons vite compris qu’il redoute une sanction, car étant en infraction, son champ peut être détruit. Le reverdissement, l’embellissement, l’aménagement des espaces verts incombent à la direction des aménagements paysagers de la commune de Ouagadougou.

Pour son premier responsable, l’inspecteur des Eaux et Forêts, M. Issa Savadogo, l’autorité en parle, sensibilise et tolère du même coup les cultures de l’arachide, du haricot, en général, les cultures d’une basse hauteur. M. Savadogo estime que c’est inadmissible de permettre que des gens créent des occasions d’insécurité en cultivant du mil ou du maïs pouvant servir de refuge à des voleurs ou à des violeurs...

"Il faut être réaliste, la vie humaine n’a pas de prix, et il faut évoluer, changer les habitudes. Dans ces lieux, il arrive parfois qu’une personne soit tuée...", a relevé M. Issa Savadogo. Il pense par ailleurs que compte tenu de l’irréversibilité du dynamisme de la ville, il faut agir fermement afin que ces populations se reconvertissent. Les sanctions encourues par ces cultivateurs en zone urbaine sont entre autres, la destruction des plants, la responsabilité pénale en cas d’agression commise dans le champ...

A Kosyam où est situé le palais présidentiel, on trouve également des champs de mil, de maïs... Un peu partout à travers la ville, les champs de culture se multiplient. Vivement que la municipalité prennent des mésures pour barrer la route à ce phénomène qui en réalité fait du mal que du bien à la cité. Les moustiques et les bandis, ... y trouvent un endroit favorable pour se développer afin de nuire à la population.

Wendyam Valentin COMPAORE (valentin_compaore@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 14 octobre 2010 à 09:25, par feuille du grand baobab En réponse à : Urbanisation et agriculture : Des réserves administratives transformées en champs de cultures

    Je ne vois pas les reserves dont vous parlez. Si ca ressemblait a des reserves , personne n’allait les labourer.

  • Le 14 octobre 2010 à 09:43, par Armel En réponse à : Urbanisation et agriculture : Des réserves administratives transformées en champs de cultures

    M. Le journaliste, sachez que ces pauvres paysans qui s’adonnent à ces cultures se retrouvent dans l’impasse. De quoi voulez vous qu’ils vivent si les mairies pensent que le seul moyen de se faire des sous est de lotir. A cette allure tout le Burkina sera loti et je verrai bien comment se débrouilleront les paysans de ton village qui ont plusieurs champs et qui vivent de l’agriculture. Que les proposes tu ? Que fais l’Etat pour ces paysans afin qu’ils aient d’autres activités que l’agriculture qui était leur moyen de subsistance. Si vous n’avez rien à dire, arrêtez de taper sur les nerfs des gens.
    Pour les riverains cela est un problème (brandits, paludisme) et j’en suis conscient mais ce que j’aimerais dire c’est qu’il existe plusieurs endroits à Ouaga qui ne sont pas cultivés et qui sont occupés par des hautes herbes. C’est aussi le lieu de prédilection des bandits et des moustiques ou bien ? Tant qu’il n’y aura de mesures bien reflechies et qu’on se permettra seulement de dire aux gens, ne faites plus ça, on ne fera que déplacer les problèmes.
    Merci

  • Le 14 octobre 2010 à 10:38 En réponse à : Urbanisation et agriculture : Des réserves administratives transformées en champs de cultures

    Je suis contre une interdiction totale. S’il n’y a pas de cultures, ces réserves seront envahi par des buissons et des hautes herbes. Les bandits et les serpents pourront toujours s’y cacher et et continuer de nuire.

    Pour garder ces lieux propres et sécurisants, les autorités doivent interdire la culture du mil sorgho, maïs, et autres plantes qui prennent de la hauteur. Elles doivent par contre encourager la culture de l’arachide et haricot qui fleurissent la ville, qui contribuent à l’auto suffisance alimentaire. Il n y aura pas de frais supplémentaires pour nettoyer ces lieux. Ceux qui y cultivent s’en chargeront.

  • Le 14 octobre 2010 à 12:00 En réponse à : Urbanisation et agriculture : Des réserves administratives transformées en champs de cultures

    Je pense que vous avez tourné en rond monsieur le journaliste ; dans votre article vous dites bien que la ville a rejoint des gens qui etaient dans leur paisible (champs) pour ne pas dire campagne ; elle (l’urbanisation) a phagocyté leurs seules richesses que constituent leurs terres de culture et d’habitation ; ces pauvres gens n’ont plus que leurs yeux pour pleurer, subir l’urbanisation galopante avec sa misère qu’elle traîne derrière elle, surtout quant on ne l’a pas souhaité comme il est le cas de ces milliers de paysans ; ils doivent s’adapter coûte que coûte : aussi, certains se reconvertissent pas la force des choses en vendeurs de matériaux de construction (sable par curetage des ravins après les pluies, ramassage et/ou concassage de rocks pour les vendre justement aux demandeurs/occupants de leurs champs) pour gagner leur subsistance (pitance) ! ! ! Le spectacle est si sordide de voir nos vieilles grand’mères assises à même le sol et tamisant qui de la terre, qui concassant du granite pour en faire des tas à offrir à demandeurs de ces matériaux. C’est encore plus écœurant quand on assiste au spectacle de la municipalité qui leur a souvent livré une guerre sans merci à ces gens qu’elles mêmes (les autorités municipales) ont réduit à cette extrême misère. Révisez bien votre propos ; Sinon, vous connaissez bien les raisons de la pauvreté de ces gens ; Mais au lieu de suggérer des remèdes à cela, vous faites le pitre pour nous avancer ce que nous avons lu. Je suis pleinement convaincu que vous n’avez rien comme solution qui tienne à cette situation ; je vous en lance le défi si vous qui vous pensez INTELLO pouvez proposer une quelconque mesure d’atténuation de la misère qui est ainsi créée. Pourtant, tel devrait être votre rôle premier de voir des maux de notre société, attirer l’attention de qui de droit à ... et dans une certaine mesure, quand vous avez aussi votre petite idée, de faire des suggestions.

  • Le 14 octobre 2010 à 23:11, par Etudiant en Géographie En réponse à : Urbanisation et agriculture : Des réserves administratives transformées en champs de cultures

    il est difficile de résoudre ce problème à travers des esquisses. Mr le journaliste de quel problème parlez vous si vous présenter les situations qui poussent les habitants en ville à cultiver. la ville comme le dit le maire n’est pas faite pour tous et cela est vrai car habiter en ville requiert le respect des normes urbains. Bien sur il est difficile et ce n’est pas seulement à Ouaga, mais dans beaucoup de villes en afrique et surtout occidentale cette pratique est répandue. cultiver ou mendier que proposez vous ? la pauvreté urbaine existe et l’éccart est grand entre les riches et les pauvres, il nous faut trouver la solution et vite, soit lutter contre la pauvreté en developpant des initiatives où tout un chacun pourra subvenir à ses besoins VITAUX ou permettre occasionnelement à ces "ruraux" de la ville de pratiquer une activité., je proposerai de developper les cultures des legumes et d’autres produits agricols mais suis contre que l’on détruise ou interdise les cultures pendant ces quelques mois de la saison pluvieuse

    • Le 21 octobre 2010 à 00:22 En réponse à : Urbanisation et agriculture : Des réserves administratives transformées en champs de cultures

      Simon, le Maire le plus court de l’ histopire mais il ne doit pas etre tres intelligent au dela de son manque de verbe. La ville est faite pour tout le monde mais elle n’est pas faite pour ceux qui ne peuvent pas respecter les conditions. Sinon, comment un maire reellement politique peut dire qu’ un coin de ce pays n’est pas fait pour certains ? Sont- ils dechus de leurs droits civiques ? Non. Simon serait- il mieux que 40% des Ouagalais quand il roulait en Motobecane M7 en 1983 ? La couleur est rouge. Pas pas oublier d’ ou tu viens car ou tu as atterri maintenant, les gens vont toujours te trouver comme un etreanger.

      un Promotionnaire du meme Simon. A L’ epoque nos adversaires l’ appelaient l’ Insignifiant, ce qui un peu meprisan. That ’s not fair.Simon me connait et je le connais. Il n’ ose meme pas me dire qu’ il me connait car il sait combien de fois j’ ai mis de l’ essence dans sa motobecane. Mais on s’ est deconnecte depuis 1984 quand la pretendue revolution a commence a poindre a l’ horizon avec son discours artificiel et intolerant de faux types. Sauf Sankara le naif bien sur. Sans etre charlatan, je me suis cherche et aujourd’ hui je suis au Nations Uni. Lin du Burkina- Rectifie. Sinon. je serais en train de manger les pissenlits par les racines. Je ne revendique aucune gloire mais j’ ai dit a KY- Zerbo a l’ epoque de se chercher car ce regime est atteint de la folie de jeunesse. Heureusement pour lui, il m’ a ecoute. Pourtant je pas car je suis suffisamment trop vieux maintenant pour le faire. Je ne roule pas sur les feuilles mais je suis libre de mes mouvements. ou bien Sim ?

    • Le 21 octobre 2010 à 00:24 En réponse à : Urbanisation et agriculture : Des réserves administratives transformées en champs de cultures

      L’ecart est tellement grand qu’ un professeur de lycee en france parait etre un mendiant devant un le maire le pluis recule du Burkina

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