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Au coin du palais : 4 accusés font l’éloge de la drogue à la barre

Publié le mercredi 13 octobre 2010 à 03h06min

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Ils étaient 4 à comparaître devant le tribunal correctionnel pour répondre des faits de détention et/ou de consommation de chanvre indien. Le leader de la bande est SY, un récidiviste déjà condamné en 2003 pour consommation de stupéfiants. C’est chez ce dernier que la bande a été prise le 17 septembre 2010 par des éléments de la brigade des mœurs et des stupéfiants de la gendarmerie. Ils ont découvert sur place 150 grammes de chanvre indien.

A la barre, les prévenus, loin de méditer leurs actes, se sont mis à célébrer les vertus des effets de la drogue. SY qui a reconnu non seulement consommer le chanvre indien, mais aussi ravitailler ses amis, avoue lui- même que cette pratique est mauvaise.

Mais il dit persister à prendre la drogue qui « l’aide » dans son travail de soudeur quand il a beaucoup à faire. Le deuxième prévenu CD, un mécanicien, avoue lui aussi que sans la drogue, le travail n’est pas facile. Le 3e accusé dit être novice dans la drogue et qu’il allait se ravitailler chez son fournisseur habituel, lorsqu’ils ont été appréhendés.

Pour le dernier accusé du nom de SS, c’est son occupation de cultivateur qui l’amène à fumer le chancre indien pour être efficace. « Vous êtes donc tous des sacs vides sans la drogue », constate le juge.

Le parquet a estimé que SY, le chef de la bande est particulièrement dangereux, car en plus de consommer, celui-ci ravitaille ses camarades. 12 mois fermes d’emprisonnement ferme ont été requis contre lui, 6 mois pour les 3 autres. Le tribunal a été plus sévère : 18 mois de prison pour le leader de la bande, 12 mois avec sursis pour les autres.


Un chauffeur dans un état second fait des victimes

Le 13 mars 2010, NSA, au volant de sa camionnette de livraison percute deux personnes à l’intersection du Boulevard Chalons en Champagne et l’Avenue du gouverneur Louveau. Le conducteur ne s’est pas arrêté pour constater qu’une des victimes est morte des suites de l’accident et l’autre grièvement blessé. Ce sont les témoins de la scène qui ont rattrapé le fuyard et l’ont remis dans les mains des gendarmes.

Poursuivi pour tentative de délit de fuite, homicide involontaire et blessures involontaires, NSA, qui a reconnu les faits devant le tribunal correctionnel de Bobo-Dioulasso, a eu une ligne de défense en béton.

Il explique en effet qu’il était « dans un état second » au moment de l’accident du fait de produits médicamenteux qu’il prend régulièrement contre un mal. Il n’aurait donc pas su qu’il a percuté des passants. C’est pourquoi, il a pu donc continuer tranquillement sa route jusqu’à ce que des témoins de l’accident l’interpellent.

Le juge dubitatif questionne : votre médecin ne vous a-t-il pas informé des effets secondaires du produit ? Le prévenu répond par l’affirmative. Comment avez-vous pu vous arrêter par vous-même alors que vous vous dites être dans un état second ?

« Je ne savais pas où j’étais », répond NSA qui précise qu’il était bien connu dans le quartier où est survenu l’accident et qu’il était inutile pour lui de tenter de fuir. Le parquet soutient à son tour que le prévenu est coupable des faits à lui reprochés. Mais se basant sur le certificat médical fourni par le prévenu, il atteste de « son état anormal » au moment de l’accident et demande sa relaxe pure et simple.

Pour l’avocat de NSA, son client ne saurait être rendu responsable de l’accident dont il n’avait même pas connaissance du fait de son état et que de ce fait, le délit de fuite ne saurait exister. Le tribunal a relaxé NSA en lui conseillant de ne pas reprendre le volant de si tôt. Celui-ci a exprimé tous ses regrets et demandé pardon devant le tribunal aux familles des victimes. Espérons que l’évocation de l’irresponsabilité au moment des faits ne va pas inspirer d’autres chauffeurs qui sont de plus en plus nombreux à se faire la belle après les accidents.


« La loi interdit-elle d’acheter moins cher ? »

C’est la question qu’un commerçant au grand marché de Bobo-Dioulasso du nom de AD, poursuivi pour recel de bobines de fils de filature, a posé au tribunal correctionnel. AD ne comprend pas qu’on le traduise en justice pour avoir acheté 18 bobines de fils à 2500 F CFA alors que le prix sur le marché est de 3500 F CFA.

Ce que le commerçant ignorait peut-être, c’est que les bobines ont été volées à la Filature du Sahel par un des employés qui les a revendus moins cher. En effet, la société a constaté une diminution anormale de ses ventes de fils. Elle a alors diligenté son enquête pour comprendre. Ce qui a conduit les enquêteurs à l’hangar de AD au marché où les bobines sont vendues hors du circuit habituel.

Le commerçant se défend, expliquant que celui qui lui a vendu les fils et qu’il dit ne pas reconnaître, lui a fait croire qu’il travaillait dans un centre de filature qui a fermé. Mais l’avocat de la société émet des doutes sur la bonne foi du prévenu qui n’a même pas l’habitude de vendre des fils. Il se demande aussi pourquoi le commerçant a refusé de vendre les fils aux gendarmes venus enquêtés s’il ne savait pas que la marchandise était d’origine frauduleuse ? Il requiert contre lui « une sanction exemplaire » et le paiement de 300 000 F CFA.

Le parquet est aussi allé dans ce sens en requérant une peine de 6 mois de prison, le paiement de 300 000 F CFA, le tout assorti de sursis. Le tribunal a débouté l’avocat de la société de sa demande de 300 000 F CFA et condamné AD à la peine de 3 mois et au paiement de 300.000 F assorti de sursis et au paiement de 150 000 F à la société pour le préjudice subi.

Rassemblés par Mahamadi TIEGNA

Sidwaya

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