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Abolition de la peine de mort : "Allons de la volonté politique au courage assumé"

Publié le mercredi 13 octobre 2010 à 03h07min

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Au Burkina Faso, la peine capitale existe mais n’est pas appliquée. Pour la Coalition nationale contre la peine de mort, nos autorités doivent abolir cette pratique barbare qui n’honore pas notre société. Cela passe par la sensibilisation de l’ensemble des citoyens. Abolitionniste de fait, le Burkina se doit de devenir une nation abolitionniste de droit. Tel est l’objet de la conférence de presse organisée le 12 octobre dernier à Ouagadougou. Pour les animateurs de la rencontre, il est temps d’aller de la volonté politique affichée au courage assumé. A cette occasion, la déclaration dont la teneur suit a été livrée.

Dans le cadre de la campagne « abolissons la peine de mort au Burkina Faso » lancée en 2010, nous, associations signataires, avons décidé d’appeler d’une même voix le Parlement du Burkina Faso à adopter une loi pour l’abolition de la peine de mort au Burkina Faso.

L’article 2 de la Constitution du 11 juin 1991 garantit le droit à la vie en même temps qu’il interdit les traitements inhumains et cruels, dégradants et humiliants, la torture physique ou morale, ainsi que toutes les formes d’avilissements de l’homme.

Cette disposition est en parfaite conformité avec les engagements internationaux de l’Etat burkinabè en matière de respect des droits humains, à savoir l’article 3 de la Déclaration universelle des Droits de l’homme, l’article 4 de la Charte africaine des Droits de l’homme et des peuples et l’article 6 du Pacte international relatif aux Droits civils et politiques.

Toutefois, la peine de mort reste prévue par le code pénal burkinabè, notamment en ses articles 9, 89, 324, 325, 326, 332, 337, 453, 520. Quoique la dernière exécution remonte à la fin des années 1980, des condamnations à la peine de mort sont toujours prononcées par les juridictions burkinabè.

Au total, six personnes ont été condamnées à mort par les Cours d’appel de Ouagadougou et de Bobo-Dioulasso lors des assises criminelles de 2009 et, depuis le début de l’année 2010, une personne a déjà été condamnée à mort par la Cour d’appel de Bobo-Dioulasso.

La peine de mort est une négation du droit à la vie et de la dignité humaine

Qu’elle existe dans la pratique ou dans la législation, la peine de mort porte une atteinte grave au droit à la vie et elle est la négation la plus absolue des droits humains.

Elle ôte à l’individu toute possibilité de s’amender. Maintenir la peine de mort, c’est apporter des solutions simplistes à des problèmes humains plus complexes, au lieu d’inciter à chercher des explications susceptibles d’inspirer des stratégies constructives.

La peine de mort est la peine la plus cruelle, inhumaine et dégradante qui soit. Elle bafoue la dignité humaine. C’est pour cela que les instruments relatifs aux droits humains entendent préserver le droit à la vie et à la dignité et que les saints textes protègent le caractère sacré de toute vie humaine.

Des engagements non remplis

En décembre 2007 et 2008, le Burkina Faso a voté en faveur de la Résolution de l’Assemblée générale des Nations unies pour un moratoire universel sur la peine de mort. Il en a fait de même pour la résolution adoptée par la Commission africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP).

Le 19 mars 2009, le gouvernement du Burkina Faso a promis, devant le Conseil des Droits de l’homme des Nations unies, d’obtenir l’abolition de la peine de mort de sa législation nationale au plus tard lors de son prochain passage au titre de l’examen périodique universel en 2013.

En mai 2009, il s’engageait devant la Commission africaine des Droits de l’homme et des peuples à ratifier le deuxième Protocole facultatif au Pacte international relatif aux Droits civils et politiques. Cette promesse reste non tenue.

A de multiples occasions, les autorités du Burkina Faso ont exprimé leur volonté d’abolir la peine de mort. Les dernières en date sont, d’une part, la position du chef de l’Etat, Monsieur Blaise Compaoré, qui dit être opposé à la peine de mort lors d’une audience accordée à une délégation d’Amnesty international le 12 février 2010, et, d’autre part, la déclaration de Monsieur le ministre de la Justice, garde des Sceaux au cours d’une réunion internationale tenue à Rome le 17 mai 2010 indiquant que le Burkina Faso va abolir très prochainement la peine de mort dans notre pays.

De ce qui précède, nous, associations signataires, souhaitons attirer l’attention des autorités de l’Etat burkinabè sur la nécessité d’être en adéquation avec ses engagements nationaux et internationaux en matière de protection du droit à la vie.

Pour ce faire, nous prions le Parlement burkinabè d’accompagner le gouvernement dans sa volonté d’abolir la peine de mort dans la législation du Burkina Faso et de prendre toutes les mesures nécessaires visant à améliorer les conditions de vie dans les établissements pénitentiaires de notre pays.

Fait à Ouagadougou, le 12 octobre 2010

Associations signataires Amnesty international Burkina Faso (AIBF) Commission « Justice et paix » (CJP - Burkina) Mouvement burkinabè des droits de l’homme (MBDHP) Action des chrétiens pour l’abolition de la torture (ACAT-Burkina) Ligue pour la défense de la Justice et de la liberté (LIDEJEL) Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme/Burkina Faso (RADDHO)

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 13 octobre 2010 à 09:04, par Le Lyonnais En réponse à : Abolition de la peine de mort : "Allons de la volonté politique au courage assumé"

    Combien coûte un prisonnier a la MACO ?
    Le Burkina peut-il assurer l’alimentation convenable de tous ?
    Doit-on laisser un criminel en vie ? Non
    Attention : les européens se retrouvent avec trop de prisonnier dans leur prisons ; nous avons beaucoup de priorité et ce problème de peine de mort est peanuts.

    • Le 13 octobre 2010 à 19:29 En réponse à : Abolition de la peine de mort : "Allons de la volonté politique au courage assumé"

      Suivons votre logique et abattons tous ceux qui commettraient même un larcin... et je suis sûr que vous y passerez un jour. Combien coûte un prisonnier à la MACO ? Et quand on détourne des milliards, ce qui n’est pas passible de peine de mort, combien de vies est-ce que ça coûte selon vous ? Arrêtez de faire penser que l’abolition de la peine de mort est une question de blanc et de pays développés. C’est une question de principe et de valeurs. Les USA en ont assez pour s’occuper de leurs prisonniers mais ça ne les empêche pas de les tuer. D’autres pays moins riches l’ont aboli et ne se sont pas retrouvé plus pauvre, alors...!

  • Le 13 octobre 2010 à 09:51, par Patriote Saint En réponse à : Abolition de la peine de mort : "Allons de la volonté politique au courage assumé"

    Ce que je ne comprend avec cette coalition anti-peine de mort c’est qu’elle n’éovoque pas les causes de la peine de mort. La peine de mort n’est pas sensée s’appliquer à n’importe qui mais à des personnes qui ont tués volontairement leurs semblables.Pourquoi la peine de mort est-elle prononcée par les juridictions ? c’est donc dire que d’autres ont le droit d’ôter la vie à qui il le veulent et d’autres non ?
    Je suis d’accord qu’il faut améliorer les conditions de vie des prisonniers ça c’est très important !
    Quand à l’abolition de la peine de mort, arrêter de nous distraire avec vos interêts égoïstes !

  • Le 13 octobre 2010 à 10:46, par matyp & K’Emp En réponse à : Abolition de la peine de mort : "Allons de la volonté politique au courage assumé"

    Pour ma part, je pense qu’il y a un problème sérieux au Burkina : on se préoccupe plus des problèmes de l’Occident que des nôtres.

    Qu’est-ce que cette histoire d’abolition de la peine de mort alors que personne n’a jamais été condamné à cette peine et qu’en plus, on n’a pas encore résolu notre problème d’auto-suffisance alimentaire ? Franchement, il y en a qui ne manque pas d’air, surtout lorsqu’il s’agit de tout faire pour recevoir des subventions.

    Comme je l’ai toujours soutenu, cette aide va disparaître (ça a déjà commencé avec le SIDA). C’est là on va savoir qui fait quoi dans le pays et où se trouvent les priorités.

    • Le 13 octobre 2010 à 19:35 En réponse à : Abolition de la peine de mort : "Allons de la volonté politique au courage assumé"

      Pourquoi tant de complexe par rapport à l’Occident. le principe du respect de la vie humaine transcende toutes les cultures. Même nos religions disent : tu aimeras ton prochain comme toi même. Mais jamais il n’est dit : "tu aimeras les justes comme toi même". Faites preuve d’un peu plus d’humanité par rapport à celui qui a nié le sien en commettant le crime. Vous n’en sortez que grandi mon ami.

  • Le 13 octobre 2010 à 12:22, par Temoins du temps qui passe En réponse à : Abolition de la peine de mort : "Allons de la volonté politique au courage assumé"

    Encore des troubles fêtes ? Pourquoi l’abolir ? la peine de mort doit demeurée dans nos lois. Il est inopportun de penser à son abolition en ce siècle de grandes criminalités. Ne pensez vous pas sincèrement que des gens comme Saul traore devrait être executé ? Non ; gardons nos lois commme telle et evitons surtout de tout calquer sur l’occident. Si nous l’abolisons et que l’abomination depasse un jour le seuil tolérable qu’allons nous faire ? Dans tous les cas posseder une arme à feu ne veut pas forcement dire qu’on est prêt à en faire usage mais on sait jamais.
    Je pense plutôt que la pêine de mort n’est pas mauvais en soi. CE qui est mauvais et qu’il nous combattre avec la dernière énergie c’est cette injustice qu’on appelle exécution extra judiciaire. C’est qu’il faut combattre.

    Se cantonner sur les erreurs judiciaires pour réfuser cette peine n’est qu’une fuite de responsabilité. L’essentiul c’est de se minir de garde fous nécessaires pour éviter les éffets néfastes de son application.
    Par ailleurs c’est abbérant de penser que nous pouvons utilisser nos maigres ressources pour entretenir à vie des criminels dont les culpabilités ont étté prouvées.

    En conclusion je dirai non aux éxécutions extra judiciaires mais oui à la peine de mort.

  • Le 13 octobre 2010 à 14:57 En réponse à : Abolition de la peine de mort : "Allons de la volonté politique au courage assumé"

    Pour ma part je suis contre l’abolition de la peine de mort. Même si elle n’est pas appliquée, elle reste dissuasive. Il faut éviter la situation des pays comme la France où les criminels récidivent sachant qu’ils ne seront jamais exécutés. Une sorte d’impunité.

  • Le 13 octobre 2010 à 20:23 En réponse à : Abolition de la peine de mort : "Allons de la volonté politique au courage assumé"

    Mes chers, au Burkina on a arrête de réfléchir pour trouver des solutions face aux problèmes qui se posent. On préfère prendre des raccourcis. Non seulement c’est économique et en plus ca évite de se chauffer les méninges à force de réfléchir. La solution a été donc toute trouvée : Il faut copier ce qu’il ya ou ce qui se passe en France. Si demain la France décide de ne plus emprisonner les délinquants et de les laisser en liberté vous verrez que le jour suivant, notre assemblée votera la même lois ici sans faire une étude ou analyse pour voir ce qui a pu emmener la France à voter une telle loi. En Afrique qui veut de l’argent sans se chauffer les méninges, n’a qu’a se battre pour se faire élire député. Ils sont fiers de nous servir des arguments tels que : " même en France ca se comme ca" comme si la France est le domaine de définition du Burkina.
    Biola

  • Le 13 octobre 2010 à 21:21, par corbbo En réponse à : Abolition de la peine de mort : "Allons de la volonté politique au courage assumé"

    Il ne faut pas oublier que les USA pratiquent toujours la peine de mort.C’est pourtant le pays le "plus democratique" au monde !Si le Burkina abolissait la peine de mort avant les USA,nous pourront arracher la palme aux americains.N’est-ce pas ?Il nous reste un petit pas a faire pour regoindre le cercle des pays civilises.Mais que faire en cas de coup d’Etat rate ??Peut-etre nous n’avons pas aboli pour des cas exceptionnels de ce genre.En matiere de securite d’Etat,c’est l’epouvantail qui donne la guarantie que personne n’oserait,par peur !!!

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