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Technologie biomédicale : La cri du cœur de techniciens de laboratoire

Publié le mardi 12 octobre 2010 à 03h31min

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A travers cette lettre ouverte au ministre de la Fonction publique et de la Réforme de l’Etat, Hamidou Compaoré, enseignant à l’Ecole nationale de santé publique (ENSP), demande qu’il soit mis fin à une injustice dont sont victimes 13 techniciens de laboratoire, dont lui. Ce qui ne leur permet pas, malgré plusieurs décennies de service, de postuler pour le corps de technologiste biomédical.

“Monsieur le ministre, je voudrais, par cette lettre, attirer votre attention et celle de l’opinion nationale et internationale sur ce que j’appellerai « les oubliés de la fonction publique du ministère de la Santé », les techniciens de laboratoire et, particulièrement, ceux frappés par la limite d’âge au concours professionnel de reclassement dans le nouveau corps de technologiste biomédical.

En effet, c’est depuis 1985 qu’a débuté la formation des techniciens de laboratoire dans notre pays et celle d’autres corps comme les manipulateurs d’Etat en électroradiologie et les préparateurs d’Etat en pharmacie.

Pour les deux derniers corps cités, en raison de leur statut particulier le niveau de recrutement a été relevé au Bac, et les anciens ont été reclassés après neuf (9) mois de formation à l’ENSP. De 1985 à 1993, les conditions de recrutement étaient similaires (niveau seconde des lycées et collèges) pour les infirmiers, les sages-femmes, les manipulateurs, les préparateurs et les techniciens.

Monsieur le ministre, tous les corps ont bénéficié de reclassement après l’adoption du statut particulier, sauf celui des techniciens. Ce corps regroupe plusieurs catégories d’agents ayant bénéficié de la même formation, avec le même programme de formation, depuis 1985 jusqu’en 2006 :

- niveau seconde classé en B3 ;

- niveau BEPC classé en B3 ;

- niveau terminal classé en B1 ;

- niveau Bac depuis 2001 classé en A3.

Monsieur le ministre, depuis 1995 le corps s’est organisé en association pour lutter contre cette injustice, et son cri du cœur a été entendu et pris en compte par son syndicat (le SYNTSHA) dans sa plate-forme de lutte ; après les grèves de 1997, une commission a été mise en place par note de service n°2561/MS/SG/ENSP du 30 octobre 1997 pour évaluer la formation des techniciens de laboratoire, une première dans notre pays si je ne me trompe. Les conclusions de cette évaluation ont été les suivantes :

- les élèves ont des difficultés d’assimilation ;

- les enseignants reconnaissent que le niveau de recrutement ne permet pas aux élèves de suivre les cours ;

- les professionnels techniciens de laboratoire rencontrent des difficultés sur le terrain dans la réalisation des examens ;

- les utilisateurs ont constaté des insuffisances dans l’exécution des tâches confiées aux techniciens de laboratoire ;

- les quatre groupes cibles de l’enquête (enseignants, utilisateurs, techniciens, élèves) ont proposé le relèvement du niveau du recrutement ;
- les matières dispensées aux élèves techniciens de laboratoire sont toutes scientifiques et requièrent un niveau d’instruction général assez élevé. La Commission d’évaluation suggère :

- un relèvement du niveau au Bac

- l’insertion de la physique-chimie dans les épreuves de recrutement.
Le niveau de recrutement a été le Bac pour la rentrée 2001-2002.

Monsieur le ministre, l’association susmentionnée, par des correspondances, a demandé l’organisation d’un test de reclassement après 9 mois de formation pour ceux qui sont sur le terrain, à l’exemple des autres corps (préparateurs d’Etat en pharmacie et manipulateurs d’Etat en radiologie).

La DRH du ministère de la Santé a renvoyé cette requête aux TOES du ministère en élaboration, qui sera signé le 26 septembre 2006, qui met en extinction le corps de technicien de laboratoire et la naissance du corps de technologiste biomédical.
Nos promotionnaires sont loin

Monsieur le ministre, c’est en 2009 que fut ouvert le premier concours professionnel de recrutement de technologistes biomédicaux en vue du reclassement des techniciens de laboratoire, soit 8 ans après le relèvement de niveau et 3 ans après l’adoption des TOES. Monsieur le ministre, les conditions de ce concours de reclassement ont fermé la porte aux travailleurs pour limite d’âge.

Monsieur le ministre, les travailleurs frappés par la limite d’âge, au nombre de 13 et dont je fais partie, ont déposé une lettre le 18 février 2010 à votre cabinet demandant une solution à leur situation ; leur reclassement dans le nouveau corps à compter du relèvement de niveau.

La majeure partie des agents concernés font partie des trois premières promotions de techniciens, recrutés niveau seconde comme les infirmiers qui ont été reclassés en 1981 après l’adoption du statut particulier en 1993. Plusieurs de nos promotionnaires sont attachés de santé et classés en A2, et cela, depuis plus de 10 ans. D’autres sont conseillers de santé donc classés en A1, depuis plus de 5 ans.

Monsieur le ministre,
Sommes-nous moins méritants que les autres agents de la santé ? Même les Agents itinérants de santé (AIS) recrutés à la même période que nous sont aujourd’hui attachés de santé en A2.
Sommes-nous intégrés en B3 pour y finir notre carrière ?
Sommes-nous vraiment dans un Etat de droit, où tout travailleur a droit à la promotion ?

Sommes-nous vraiment au Burkina Faso, où la valorisation du capital humain est un engagement de très haut niveau ?
Monsieur le ministre, sous d’autres cieux, les acquis professionnels seraient pris en compte pour la régularisation de notre situation (plus de 20 ans de service).

Monsieur le ministre, si des dispositions avaient été prises depuis 2001 après le relèvement du niveau de recrutement pour le reclassement des techniciens en activité, comme cela a été le cas pour les préparateurs et les manipulateurs, nous ne serions pas dans cette situation. Monsieur le ministre, nous ne sommes que treize agents à avoir servi pendant plus de deux décennies en B3 et nous servons toujours notre nation. J’espère que justice nous sera rendue.

Hamidou Compaoré : Enseignant à l’ENSP

L’Observateur Paalga

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