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Editorial : « Sans la paix, tout est rien »(1)

Publié le lundi 11 octobre 2010 à 02h07min

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Ibrahiman Sakandé, DG des Editions Sidwaya

Le Burkina Faso, pays exportateur de stabilité et de paix ! Qui l’eût cru ? Un proverbe moaga dit que l’on peut être couché sur la sagesse sans le savoir. A ce moment, ajoute le dicton, le secours d’autrui n’est jamais de trop.

Feu Félix Houphouët-Boigny avait une conviction similaire qu’il a exprimée en ces termes : « Le vrai bonheur, on ne l’apprécie que lorsqu’on l’a perdu. ». A l’occasion de la journée de l’Unité allemande, l’Ambassadeur d’Allemagne au Burkina Faso, Ulrich Hochschild a étonné le parterre d’invités par la lecture qu’il fait des efforts du Burkina dans le processus de son développe- ment.

L’Ambassadeur de l’Allemagne au Burkina Faso a indiqué que « le pays des Hommes intègres » progresse en économie et dans la lutte contre la corruption. Il affirme que dans le dernier classement de « Transparency International », le Burkina a fait un bond qualitatif en avant. Il note avec beaucoup de satisfaction, l’engagement remarquable de Ouagadougou dans le domaine de la politique extérieure et salue cette politique constructive.

Le diplomate allemand a rendu un grand hommage bien mérité, précise-t-il, au Président Blaise Compaoré qui s’investit avec patience et abnégation dans des initiatives difficiles, mais nécessaires, de médiation dans la région, notamment au Togo, en Côte d’Ivoire et en Guinée, en vue du renforcement de la paix et de la sécurité. L’Ambassadeur affirme être heureux de voir comment le Burkina, le pays le plus stable de cette région, cherche à apporter aux autres, la flamme de la paix et à exporter cette stabilité dans la région.

Il cite à ce propos, l’ancien chancelier allemand, Willy Brandt, qui a eu ces mots : « La paix (et donc aussi la stabilité) n’est pas tout. Mais sans la paix, tout est rien ». Et le diplomate allemand ajoute : « Dans ce contexte, je voudrais rappeler à tous ceux qui ont le moindre doute à la prépondérance de la paix et de la stabilité, que la paix et la stabilité internes d’un pays sont une condition indispensable pour le développement de ce pays ». Vivre en paix, dans ce sens, est un art. Un art qui enveloppe la vie individuelle et collective des peuples. Les latins l’avaient déjà perçu quand ils disaient : « Ars longa, vita breois » (L’art est long, la vie est brève).

Si ces propos avaient été tenus par monsieur tout le monde au sortir d’un bal bien arrosé, on aurait peut-être trouvé à sourire et à redire ; on susurrerait sans doute en ces termes : « c’est trop beau ! »… Il se trouve que ces propos ont été tenus par un homme, un Allemand, qui sait ce que guerre, horreur et stupeur signifient. A quelle occasion ? A l’occasion de la Journée de l’unité allemande, une journée qui recompose dans la mémoire et le sentiment, ce que l’Histoire, l’instabilité et les turbulences politiques ont brisé.

Un proverbe conseille à tous les amateurs de la sagesse de prendre en considération les dires d’un crapaud, qui sortirait du fond de la rivière, pour révéler que le crocodile a mal aux yeux. Le point de vue du diplomate allemand, outre l’expérience nationale allemande dont il découle, est aussi porteur d’une vision : il fait partie des personnes à rendre, avec perspicacité, justice au Burkina Faso, un pays pauvre qui se bat, pas seulement pour sortir de « sa » pauvreté, de « son » SIDA, de « sa » corruption, mais aussi pour que d’autres personnes et d’autres nations progressent. Du progrès de ces nations, le Burkina croit en profiter demain. Le nombrilisme n’est pas burkinabè.

Déjà, nos ancêtres disaient : « l’eau que contient une coque d’arachide suffit à deux personnes qui s’aiment, pour qu’elles se désaltèrent et s’y baignent ». Si nos mères et nos pères, avec les moyens qui étaient les leurs, c’est-à-dire très limités, pouvaient et savaient s’ouvrir aux autres, pourquoi nous, avec nos institutions et nos sciences, devrions nous enfermer dans des visions médiocres de nous-mêmes, de notre destin et des autres ? La trop grande proximité que nous avons avec nous-mêmes nous empêche de nous voir, et merci à l’Ambassadeur Hochshild de nous montrer que nous faisons mieux que d’être des abrutis de l’histoire et que, pour cela, nous pouvons mieux faire.

Quand nos mères, ainsi que pères, nous conseillaient de préférer un miroir à un mauvais ami, c’est qu’ils nous enseignaient, par là-même, à préférer un ami sincère à tout miroir. « Il y a encore, dit l’ambassadeur d’Allemagne, beaucoup de retard à rattraper, de nombreux conflits et problèmes à résoudre ». Ces défis, le Burkina Faso, dans la paix et la stabilité, les relève déjà de façon solidaire avec ses amis du monde entier, parmi lesquels l’Allemagne unie, forte et belle p

(1) Ces propos sont de Willy Brandt, chancelier allemand de l’après-seconde Guerre mondiale. Il fut chancelier fédéral de 1969 à 1974 à la tête d’une coalition sociale-libérale, devenant le premier social-démocrate à diriger le gouvernement depuis 1930. Son « Ostpolitik » a ouvert une nouvelle phase des relations avec la République démocratique allemande et lui a valu le prix Nobel de la paix en 1971 .

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 11 octobre 2010 à 14:36, par Hamane En réponse à : Editorial : « Sans la paix, tout est rien »(1)

    Sans la justice sociale, tout est rien. La violence est souvent facteur de progrès et peut le précèder. A quoi sert la paix si c’est pour reculer ? c’est pour cela je n’ai jamais aimé tous ces soit disant ambassadeurs de la paix. c’est un opium. un pays dans la paix et sans justice sociale est dans une paix fragile et menacé. Un pays dans la justice sociale est un pays dans la paix car, même les idiots sauront que s’ils violent les principes, la justice sociale les rattraperont. les meilleurs développementalistes sont unanimes que le développement c’est la justice sociale, pas le progrès ou la croissance. mais la juste repartition des biens et des services entres les acteurs conformément ou proportionnellement à leurs mérites. on peut améliorer la croissance, la production des biens d’un pays, et les voleurs augmentent leurs parts de vols et les pauvres s’appauvrissent. il y a eu croissance mais il n’y a pas eu développement. Or il peut ne pas avoir de croissance et les voleurs diminuent ou cessent de voler et il ya une meilleure repartition des biens et des services donc un développement.

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