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Chronique : Le triomphe du réalisme

Publié le vendredi 8 octobre 2010 à 02h08min

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Ainsi donc, les municipales seront couplées avec les législatives en 2012. Le conseil de ministres en sa séance du mercredi 6 octobre 2010 a en effet, pris cette décision salutaire, car elle vient soulager les finances publiques d’une véritable saignée. Organiser une élection est toujours source de dépenses pour l’Etat mais aussi pour les acteurs de la scène politique. C’est en soi une mesure économique. Dans la mesure où des consultations électorales consécutives sur trois ans absorbent une bonne part de nos maigres ressources.

A titre d’exemple, les élections municipales de 2006 ont coûté environ 4,7 milliards de F CFA, les législatives de 2007 ont mobilisé près 7 milliards de nos francs. La présidentielle de 2010 coûtera environ 12 milliards de F CFA au budget de l’Etat. Ces montants colossaux englobent aussi bien les frais dus au recensement électoral qu’à l’organisation pratique des scrutins.

En ces temps de sortie de crise et de reprise de l’activité économique, il était opportun de procéder à un couplage de ces scrutins. En lieu et place de trois élections étalées sur trois ans, on aura désormais deux grands rendez-vous électoraux : la présidentielle et les législatives-municipales. Ce report est aussi une preuve de réalisme.

Pour un pays où tout est prioritaire, si la Commission électorale nationale indépendante (CENI) doit engloutir 12 milliards comme c’est le cas cette année pour la présidentielle, c’est sans doute le financement du développement qui prend un coup. Même des pays plus nantis que le nôtre ont opté pour des élections couplées.

Cela a l’avantage non seulement de ne pas déboussoler les citoyens appelés aux urnes mais aussi et surtout de minimiser les frais d’organisation des élections. On sait aussi que pendant les élections le pays vit au ralenti car bon nombre de personnes désertent les bureaux dans l’administration publique pour aller porter main forte à leur(s) candidat(s). Autant de manque à gagner.

Aussi, le transport et l’hébergement des agents électoraux, la sécurité, la confection des listes électorales ou leur révision sont des phases qui nécessitent des dépenses. Autant, les élections sont des moments d’angoisses, autant elles sont le symbole de la souveraineté, d’une vitalité de la démocratie.

Après l’amère expérience des délégations spéciales, le temps était venu de tirer les leçons et de faire des choix pour les élections nationales et locales. Surtout que, à l’épreuve du terrain, certains élus locaux, frustrés, déçus par leurs administrés, désillusionnés au contact des pires difficultés de la décentralisation comptent les jours car pressés qu’ils sont de rendre le tablier à la fin de leur mandat. Mais pour ces derniers, le report sera indéniablement perçu comme une sorte de prolongation de leur supplice.

Qu’à cela ne tienne ! Même si la grande majorité des élus communaux caressent l’espoir de rebeloter. Pour les partis mercenaires qui comptent sur les échéances électorales pour donner de la voix, se remplir les poches et disparaître aussitôt après les scrutins, le report signifie assurément une belle occasion de moins ! Ils vont devoir changer leur fusil d’épaule ou continuer à briller par leur absence sur le terrain entre deux élections.

Saturnin N COULIBALY (cou_nad@yahoo.fr)

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Vos commentaires

  • Le 8 octobre 2010 à 12:21, par Paris Rawa En réponse à : Chronique : Le triomphe du réalisme

    1- Halte aux arguments mensongers. Le souci d’économiser de l’argent n’est qu’un alibi :

    - Si on doit économiser de l’argent pourquoi ne réduit-on pas le train de vie de l’État ? Combien coûtent les multiples voyages du président du Faso pour le loisir (final de la coupe du monde de football par exemple), pour des cérémonies commémoratives, pour les médiations, pour les réceptions à la présidence du Faso des belligérants, du long séjour des certains au BF (Dadis par exemple), pour se représentants en CI et au Darfour...?

    - Si on voulait économiser l’argent public, pourquoi ne pas réduire le nombre de ministres au gouvernement ? Pourquoi ne pas réduire la paye des députés ? Pourquoi ne combat-on pas plus sérieusement la corruption ? Pourquoi ceux que la Cours des comptes de l’État dénonce ne s’expliquent pas devant la justice de la nation ?

    - Si on veut économiser, pourquoi envisager de créer une deuxième chambre dont il faudra salarier les membres, alors que si le conseil Constitutionnel faisant bien son travail notre pays pourrait bien se passer du lux de deux chambres budgétivores ! Si l’assemblée nationale et le conseil constitutionnel continuent à être aux ordres du pouvoir l’exécutif, rien ne dit que la deuxième chambre ne sera pas obligé de faire de même ? Pourquoi donc tout changer tout le temps et ne jamais changer de président du Faso ? Est-il un dieu ?

    2 - Nous ne sommes pas idiots, nous savons pourquoi cette décision de coupler les législatives aux municipales a été prise :

    - Sous prétexte d’économie, on prolonge la législature actuelle majoritairement CDP pour se donner le temps, après l’élection présidentielle de procéder à la modification contestée de l’article 37, car ceux qui sont au pouvoir ne sont pas sûrs de concerner la majorité après les prochaines élections législatives. Nous avons affaire à des champions de l’arnaque politique, bien camouflée dans des décisions qui semblent guidées par le bon sens. Mais s’il y avait du bon sens dans ce pays, notre démocratie n’en serait pas encore là.

    - Malheureusement pour ces politiciens calculateurs, leur stratégie ne marchera pas. Car, si au lieux de d’organiser les législatives et les municipales, ils tentent la modification de l’article 37, les manifestations pourraient emporter l’assemblée nationale en fin de législature, et rien ne dit que la société civile et l’opposition ne demanderont pas une conférence nationale souveraine en vue des réformes dont on parle sans jamais proposer un cadre de discussion. Ce régime se trompe d’adversaire, car il ne se rend plus compte qu’à force de laminer l’opposition, le seul opposant à son sentiment de toute-puissance, c’est de plus en plus l’ensemble des Burkinabè.

    3- Il y a certainement des réformes politiques à faire dans ce pays. Mais le régime actuel, miné pas ces errements du passé qui se cumulent depuis environ 30 ans, n’est plus capables d’innover ni même de rénover quoi que ce soit afin de redonner espoir. Longtemps coupé des réalités actuelles et enfermé dans ses vieilles querelles partisanes, ce régime, constitué des résidus des acteurs de la Révolution du 4 août 1983 et de sa Rectification du 15 octobre 1987, ne se rend même plus compte qu’il tourne en rond, avec les mêmes recettes inadaptées. La jeunesse Burkinabè a des aspirations dont ces réformettes ne peuvent être une réponse. La jeunesse Burkinabè veut être fière des avancées démocratiques réelles (sans faux-semblants) par lesquelles elle pourra travailler à la défense de ses intérêts en s’appuyant sur contexte politique et économique stable et favorable. La jeunesse de ce pays ne veux plus être prise en otage par les politiques qui encombrent et parasitent la vie nationale parce qu’ils ont des comptes à rendre ou des compte régler.

    Alors, s’il faut faire des réformes, allons-y pour les vraies et non pas pour les mystifications qui ne sont que des changements opportunistes de tenues de camouflage.

    • Le 10 octobre 2010 à 14:36, par Tapsoba En réponse à : Chronique : Le triomphe du réalisme

      Certes ,si l on compare les économies réalisées par ce couplage à la gabegie à d autres niveaux que vous avez relevée,on dirait que cette mésure est marginale .Mais je tiens à préciser qu il ne s agit pas ici de prolonger la legislature actuelle comme vous le suggerez mais plutot les municipaux.Car,la législature actuelle,celle suceptible de voter la modification de la constitution,qu il y ait couplage ou pas ,court jusqu en 2012 puisque le mendat des députés est de 5 ans (2007 à 2012).

      Ce qu il faut plutot craindre ,c est de voir qu en lieu et place des municipales en 2011,l on nous impose un referendum sur les reformes intitutionnelles et constitutionnelles qui déverrouilleraient l article 37 limitant les mendats presidentiels.

  • Le 8 octobre 2010 à 12:41, par Generation consciente En réponse à : Chronique : Le triomphe du réalisme

    Fallait donc coupler les presidentielles aux legislatives et aux municipales.
    On allait plus economiser dans ce sens si je suis votre argumentaire.
    On connait ce qui creuse le budget de l’Etat des sommes collosales versées aux minitres, aux deputés, des seminaires, des voitures de luxe attribués arbitrairement aux gens là.
    vienne le temps des dirigeants conscients

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