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LAPIDATION DES CHEFS D’ETAT : Le Congo n’est pas la Belgique

Publié le mardi 5 octobre 2010 à 02h31min

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Une fois de plus, la RDC (République démocratique du Congo) vient de montrer aux yeux du monde, que sur son sol, les droits humains sont loin d’être une garantie. En effet, pas plus que le 2 juin dernier, Floribert Chébeya, président de l’ONG de défense des droits de l’Homme, "La voix des sans voix", avait été retrouvé mort dans des conditions douteuses. A ce crime sur lequel il n’y a jusque-là pas de lumière, s’ajoute encore un autre, sans doute de trop. Armand Tungulu Mudiandambu, un trentenaire, est mort en détention dans les locaux de la Garde républicaine. Les raisons de son arrestation jusqu’à ce que mort s’en suive : avoir jeté une pierre sur une voiture blindée à bord de laquelle se trouvait le président Kabila.

Il faut sans doute en convenir, l’acte consistant à jeter des pierres sur une autorité est répréhensible à plus d’un titre. Et, à ce titre et au besoin, doit être condamné conformément à la loi. Mais encore faut-il que ce soit la justice qui statue sur les faits afin de trouver la sanction qui sied. Dans le cas précis de Tungulu, la règle n’a pas été respectée. Sinon, que faisait Mudiandambu, ou plutôt, que faisait-on de lui dans les locaux de la Garde républicaine depuis son arrestation le 29 septembre jusqu’à sa mort ?

Les institutions judiciaires congolaises sont-elles aussi en panne au point qu’une affaire relevant de leurs compétences soit commise à la tâche des soldats dont la mission est tout autre que celle judiciaire ? On ose espérer que non. Et puis, qui ou qu’est-ce qui a tué Tungulu ? S’est-il réellement suicidé comme l’annonce le pouvoir de Kinshasa ou est-il mort des suites de tortures ? En attendant une éventuelle autopsie, tout porte à croire que la dernière thèse est la plus plausible. Cela d’autant que, comme l’affirment beaucoup de témoins de la scène, au moment de son arrestation, le regretté aurait été sévèrement brutalisé.

Pauvre Mudiandambu ! Il a dû confondre la Belgique, où il a passé une bonne partie de sa vie, avec son Congo natal. Sinon, il n’est ni le seul, ni le premier à commettre un tel acte. Que l’on ne trouve pas là une quelconque comparaison ayant pour but de donner raison à Tungulu, à justifier ou à encourager les actes de ce type. Seulement, bien avant lui, un certain Mountazar Alzaydi, un journaliste irakien, avait jeté ses chaussures sur Georges W. Bush, président de la plus grande puissance mondiale à savoir les Etats-Unis d’Amérique. Pas plus que le 13 décembre 2009, le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a vu deux de ses dents cassées et son nez fracturé des suites d’une agression par un jet de statuette. Et, des agressions verbales de dirigeants occidentaux, on en trouve au quotidien.

Mais de bonne mémoire, aucun de tous ces agresseurs n’a connu le sort de Tungulu. Le trentenaire a sans doute oublié que les deux continents, l’Europe et l’Afrique, sont loin l’un de l’autre non seulement de par le niveau de développement, mais aussi et surtout en matière des droits humains. Sinon, aucun Congolais, même sous l’emprise de l’alcool, n’aurait commis cette erreur fatale d’exprimer son ras-le-bol en jetant une simple pierre sur la voiture blindée du président. Mudiandambu, sans doute influencé par la démocratie occidentale, n’a hélas pas compris que dans "les républiques très très démocratiques du Gondwana", expression chère à l’humoriste Mamane, le président est comme un demi-dieu. Dans certains pays, son nom même ne se prononce pas n’importe où, n’importe quand et n’importe comment.

Boulkindi COULDIATI

Le Pays

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