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CONTEXTE POLITIQUE RWANDAIS : LA CHRONIQUE DE LA DECADENCE DE L’EMPIRE KAGAME

Publié le mardi 5 octobre 2010 à 02h31min

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Général Faustin Kayumba Nyamwasa

On peut dire qu’il a eu tout faux dès le départ, mathématiquement, scientifiquement ! Dans un pays, on ne peut pas fonctionner sous un régime de démocratie, concevoir que dans un contexte de lutte politique ethnicisée, une forte minorité emporte les élections de façon répétitive contre une large majorité. Il n’est pas ici question de prendre partie pour X ou Y, il s’agit simplement de considérer la loi du nombre, le jeu des affiliations partisanes ethniques, pour dire que, dans le principe, le candidat Tutsi ne pouvait pas battre le candidat Hutu.

Paul Kagamé, Tutsi, a réussi à le faire parce qu’il a l’Armée qu’il a formée à son moule, une armée qui a accédé au pouvoir par la guerre et qui s’est immédiatement mise en charge de mettre tout le pays en coupe réglée.

Dans le contexte de l’époque, marqué par cette honte de la communauté internationale qui avait laissé le Rwanda à son sort en 1994, Paul Kagamé a pu d’autant plus tirer son épingle du jeu qu’en plus de son génie militaire, il ne manque pas de sens de l’organisation, de la gestion des hommes. Toutes choses qui expliquent les réussites de son pays au plan économique qui font que beaucoup de partenaires hésitent à embrayer sur les critiques. Mais les choses sont en train d’évoluer.

Le ministre de la Coopération au développement Charles Michel (MR) vient de dire que si les efforts actuellement consentis par les autorités rwandaises pour lutter contre la corruption sont palpables, il est essentiel de réaliser des "avancées similaires" dans le domaine de la démocratie. En clair, les élections n’ont pas été conformes, le pays vit sous la férule d’un parti-Etat. Il s’exprimait en tant que porte-parole de la présidence belge de l’Union européenne.

Les Rwandais, pour leur part, comprimés par la gestion monopolistique, étouffante du pouvoir, aspirent à plus de liberté. Ils se mobilisent. Ils osent de plus en plus contredire le tout puissant Kagamé, et le phénomène n’est pas seulement observable dans les seuls cercles des Hutus et de l’opposition. Dans le cercle le plus serré des militaires qui l’ont aidé dans ses conquêtes et de son accession au pouvoir, les défections se multiplient. En 16 ans de pouvoir, beaucoup de ses anciens ont été écartés, d’autres sont morts et certains ont fui en dehors du pays.

Les choses en sont arrivées à un point tel que des officiers supérieurs comme le Colonel Patrick Karegeya, le général Faustin Kayumba Nyamwasa, qui représente une alternative crédible à l’homme fort du Rwanda, et bien d’autres (dont le Général Karenzi Karake), sont actuellement à l’étranger et ne s’y tournent pas les pouces. Ils s’y organisent et en appellent ouvertement à renverser le régime Kagame. le général Kayumba par exemple, qui aurait sauvé la vie de Kagame à deux reprises dans le maquis, dénonce haut et fort la dérive "dictatoriale" d’un président n’usant plus que de "l’intrigue" et de la "trahison". Pour lui, Paul Kagame "n’a plus aucune autorité morale" pour demander à ses concitoyens "de rendre des comptes".

La communauté internationale pourra difficilement continuer à se taire surtout que la fébrilité gagne le camp présidentiel avec comme illustrations, les arrestations, les communiqués insultants dénonçant les traîtres et apatrides. Elle pourra difficilement continuer à se taire surtout que ce 1er octobre, a été publié le Rapport des Nations Unies sur ce qu’on qualifie déjà de « génocide » des Hutus en RDC par Paul Kagamé et feu Laurent Désiré Kabila entre 1996 et 2003 !

Au total, c’est tout pareil à la psychose de l’encerclement, et une atmosphère de déclin de régime devient de plus en plus perceptible. A preuve d’ailleurs, cet attentat spectaculaire le jour même de la prestation de serment, histoire de montrer que ça ne se passera plus comme ça !

C’est maintenant que doivent se mettre en œuvre les pressions, les intercessions, pour éviter que ce pays, abonné aux drames humains, ne renoue avec sa triste tradition.

CY

San Finna

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Vos commentaires

  • Le 5 octobre 2010 à 10:16, par Paris Rawa En réponse à : CONTEXTE POLITIQUE RWANDAIS : LA CHRONIQUE DE LA DECADENCE DE L’EMPIRE KAGAME

    Kagamé a érigé la pensée unique en système de gouvernement. Il y a dans son empire, une histoire officielle du génocide que ne doit pas remettre en cause. Essayer même de faire des enquêtes en vue de la preuve du contraire de cette histoire officielle est un délit puni par la loi. Or, le propre de tous les systèmes de pensée unique au service d’un pouvoir inique est de provoquer l’épuisement des arguments mensongers sur lesquels ils reposent, car tout le monde sait que le mensonge ne résiste pas à l’épreuve du temps.

    D’autres mensonges sous d’autres cieux africains servent une longévité illégitime de certains pouvoirs politiques ayant l’alternance en honneur. Le même sort les guette : soit ils se décident à rendre d’eux-mêmes le tablier, soit on le leur retirera sans ménagement, quand leur imposture aura perdu de ses couleurs.

  • Le 6 octobre 2010 à 17:23, par Albert Rudatsimburwa En réponse à : CONTEXTE POLITIQUE RWANDAIS : LA CHRONIQUE DE LA DECADENCE DE L’EMPIRE KAGAME

    Le Burkina doit être si loin du Rwanda est si proche des capitales belges. J’ai rarement vu d’analyse si bête et si symptomatique d’aliénation de base pour Africains moyens. Donc vous voulez me faire croire que vous êtes du style d’Africain enfermé et emprisonné dans sa coquille tribale. Donc pour vous votre tribu est un concept, un projet de société ? Bon, alors permettez-moi de vous annoncer qu’il y a une autre Afrique, celle d’idées et d’idéaux. Et il suffit de mener le Rwanda et la région vers un développement certain pour jouir de ce succès qui dépasse de loin les frontières rwandaise. On a des nouveaux héros en Afrique qu’ils ne se font pas dicté leurs projets de société par les donateurs, ONG et autres missionnaires. Et Kagame en fait parti, loin très loin de la décadence.

    • Le 12 octobre 2010 à 16:53, par S. Nyambo En réponse à : CONTEXTE POLITIQUE RWANDAIS : LA CHRONIQUE DE LA DECADENCE DE L’EMPIRE KAGAME

      Al,

      entièrement d’accord avec toi. Vue d’Europe, il est amusant de voir le nombre de compatriotes qui se sont auto-proclamés juges et procureurs de l’action d’un gouvernement qu’ils dénigrent ; l’opposition digne ne vole pas si bas, l’anti-kagamisme acerbe pue la haine aveuglante.

      Le drame étant qu’il s’agit bien d’un pays, un peuple et son président. Si ce simple fait ne rentre pas dans les cerveaux de nos chers "experts politiku ad hoc", c’est dommage.

    • Le 18 octobre 2010 à 18:45, par Je t’emmerde dix fois. En réponse à : CONTEXTE POLITIQUE RWANDAIS : LA CHRONIQUE DE LA DECADENCE DE L’EMPIRE KAGAME

      Bravo Monsieur,
      Tu es un as de la pensée humaine, sauf que tu oublies de nous dire que ton idole Kagame est un demi-dieu ! Cher ami, le diable n’est pas toujours sur la porte des opprimés, un jour Kagame finira aussi par passer de mode, car même les séquoias de Californie arrivent un jour au crépuscule de leur vie.
      Salut.

  • Le 6 octobre 2010 à 17:42, par Albert Rudatsimburwa En réponse à : CONTEXTE POLITIQUE RWANDAIS : LA CHRONIQUE DE LA DECADENCE DE L’EMPIRE KAGAME

    J’ai toujours eu ce fantasme qui fait que j’imagine qu’un intellectuel du Burkina Faso aurait une autre approche que le traditionnel aliéné africain.
    Cet africain qui ne connaisse pas la valeur et la teneur du mot « génocide » continuera à rester un esclave de son maitre. Car apparemment son maitre lui a enseigné que ce mot ne vaut pas pour les Africains. Je sais que notre continent a connu beaucoup de perte en vie humaines … mais cela ne date pas d’aujourd’hui et ce n’est pas une raison pour banaliser le « génocide ».
    Ceci dit, rappelons les faits et allons droit au but. Les Nations Unies n’ont jamais – et ce depuis les années 1950 – fait quoi que ce soit qui aide les populations de la région des Grands Lacs. Et ceci sans aucune exagération. Alors que le Génocide des Tutsi était annoncé, il n’a pas été empêché ni stoppé. Si ce n’est que par un Africain : Kagame. Cette même personne a deux ans durant, après l’exil des tueurs facilité vers le Zaïre (par la France ndlr), prévenu encore une fois la « Communauté Internationale » que c’est contre toute règle d’entretenir des tueurs en armes a 200 m de sa frontière. Que toutes populations confondues étaient en danger. Encore une fois personne n’a bougé. Et Kagame sachant que les pertes en vies humaines ne faisaient qu’augmenter a la suite de cette situation a décidé d’y remédier, après avoir prévenu tous le monde. 3 millions de refugies sont finalement rentrés. Les problèmes dont le rapport de l’ONU parlent ne se sont produit que au Zaire/ RDC. Pourquoi ? Il y avait des refugiés aussi en Tanzanie, Burundi et Uganda. Donc pourquoi le drame uniquement au Congo ? Est-ce que cela ne mérite pas plus de profondeur d’analyse que de répéter tout simplement le copier – coller typique de l’occident vis-à-vis de notre « sombre » continent.
    Retour sur le rapport. Si le but est de faire la cartographie des victimes des différentes guerres sur le sol de la RDC, alors quelques questions pertinentes se forment dans mon petit intellect d’Africain.
    • Pourquoi couvrir la période 1993 a 2003 ? En 1993 Mobutu règne toujours sur le Zaire. Et s’il faut parler des victimes pourquoi pas commencer pendant la colonisation ou depuis l’indépendance. Et pourquoi jusqu’en 2003 ? Jusqu’aujourd’hui les gens meurent de causes non naturelles et violentes. Ou c’est de croire que « Ocampo » peut se charger du reste … Et en désirant commencer en 93 ce serait pour pouvoir y comprendre 1994 afin d’enlever l’échec du TPIR qui n’a pas pu juger l’APR de Kagame.
    • En quelques semaines sur le terrain peut-on enquêter sur les victimes d’une période de dix ans et sur un territoire qui fait 80 fois la taille de la Hollande ou de la Belgique ? En interrogeant uniquement des acteurs a charge, souvent des ONG politisées, et sans contre contrôle des témoins. Pour des charges aussi lourdes, c’est plutôt léger.
    • Comment l’acteur principal, à cote du Congo et qui est donc l’ONU ne se retrouve aussi parmi les parties responsables ? Est-ce que le fait d’être à l’ origine de cet exercice vous exonère de toute responsabilité ? Imaginez toutes les parties faire de même afin d’être exonérer !
    Ce qui est certain c’est qu’aucune guerre n’est propre ! Il y a eu des victimes et certainement trop de victimes. Mais honorer leurs mémoires ne se fera certainement pas de la façon dont ces nouveaux missionnaires de la « justice internationale » voudraient l’imposer à cette région, avec leur agenda et leurs priorités. Drole de calendrier que pour amener ce genre de debat a ce moment. Force est de constater que la région se remet petit à petit des ses plaies et ceci tant bien que mal. Mais plutôt le travail de l’ONU en RDC reste une énorme faillite à la dérive.
    La vraie conclusion pour moi, est que les « nouveaux libéraux » ou gauche caviar qui sont habitués à dresser les agendas et calendrier des populations dépendantes d’aide des donateurs ont vu en Kagame leur ennemi juré. Ce qu’ils n’ont pu faire en trente ans il est en train de le réaliser en quelques années. La région de l’Est en Afrique est la région qui marque la plus grande progression en matière de développement. Et ce leader est certainement le moteur le plus fort que connaît le sous-continent.

  • Le 7 octobre 2010 à 02:04, par Valérie Narame En réponse à : CONTEXTE POLITIQUE RWANDAIS : LA CHRONIQUE DE LA DECADENCE DE L’EMPIRE KAGAME

    Le commentaire de Rudatsimburwa me fait l’umpression de déjà lu sur un autre blog que le faso.net. Je pense que ce n’est qu’une impression, autrement cela voudrait dire que Rudatsimburwa est à court d’argument et qu’il recout comme il le dit au copier-collé.

    Je crois relire Le soir.be, mais ça reste toujours rien qu’une umpression :< si ce n’est que par un africain : Kagamé..Ce qui est certain, c’est qu’aucune guerre n’est propre... blablabla....

    Le Rwanda magnifié, glorifié n’en reste pas moins un pays de 26000 km2 avec 3 ethnies dont les tutsi constituent une minorité. Vouloir conclure à la hâte au Rwanda sorti de cette Afrique moyenne relève d’un suivisne moutonnier à la panurge ! Bravo doublement à l’intellectuel burkinabé.

    Kagamé les appelle des gueux et des clochards, les  ! Amer Kagamé, c’est s’abstenir de le ridiculiser.
    A bon entendeur,cher concitoyen

  • Le 8 octobre 2010 à 08:37, par Kabano En réponse à : CONTEXTE POLITIQUE RWANDAIS : LA CHRONIQUE DE LA DECADENCE DE L’EMPIRE KAGAME

    C’est vraiment ridicule d’envisager des choses en majorité et minorité au Rwanda. Ce n’est pas ce qui compte chez notre peuple rwandais. on a tellement d’experiences que cela découle simplement des ambitions politiques, ce n’est pas l’affaire du rwandais ordinaire qui se préocupe de son pain quotidien. C’est pourqoi Hutu et Tutsi vivent ensemble malgré le génocide qui a endeillé le pays. En bref les rwandais ont besoin d’un leadership qui promeut la paix et la réconciliation sans se soucier de son origine ethnique. Paul KAGAME a réussi dans ce chemin malgré les critiques des politiciens ambitieux du pouvoir qui base leur politique sur ethnicité. C’est malheureux, l’ethinicité on sait le mal que cela a fait dans notre société !

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