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Lutte contre les mutilations génitales féminines : Chantal Compaoré plaide pour l’adoption d’une résolution à l’ONU

Publié le vendredi 1er octobre 2010 à 05h35min

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Madame Chantal Compaoré était le 23 septembre 2010 à New York, la présidente d’honneur d’une rencontre de haut niveau, organisée à Helmsley Hotel, dans le cadre d’une campagne de plaidoyer pour l’adoption, par les Nations Unies, d’une résolution interdisant les mutilations génitales féminines (MGF). Notons que cette réunion s’est tenue le jour même de l’ouverture du débat général de la 65ème session ordinaire de l’Assemblée générale de l’ONU.

Cette campagne anti-MGF est initiée par des associations et organisations non gouvernementales sous l’égide de l’organisation No Peace Without Justice (NPWJ), créée par la vice présidente du Senat italien, Mme Emma Bonino, dont le pays est fortement engagé dans la lutte contre les MGF.
Pour Mme Mariam Lamizana, présidente du Comité inter africain sur les pratiques traditionnelles ayant effet sur la santé des femmes et des enfants (CI-AF), partenaire de la campagne anti MGF, cette rencontre constitue un franchissement d’une étape très importante dans leur lutte qu’elle considère comme hautement stratégique et historique. En effet, après deux décennies de combat sur le plan national et régional qui a vu l’adoption d’une loi anti-MGF dans 17 pays africains, le CI-AF peut se réjouir qu’au plan international, le débat soit soutenu par un engagement politique fort.

Elle a salué la disponibilité de la première Dame du Faso, Madame Chantal Compaoré, Ambassadeur de bonne volonté du CI-AF, dont le dynamisme a permis avec le concours de l’ensemble des partenaires, d’aboutir à l’adoption, en 2003 par les Nations Unies, de la date du 6 févier comme Journée internationale tolérance zéro aux MGF.

Madame Compaoré, en participant à cette rencontre, a confirmé sa volonté et sa détermination à aller jusqu’au bout de la lutte contre les MGF par une interdiction totale de la pratique au niveau international. Dans son allocution, elle notera que « la persistance de la pratique malgré tous les efforts déployés aussi bien au niveau de la prévention que de la prise en charge médicale des séquelles de l’excision commande l’adoption d’une nouvelle approche. L’option pour une stratégie originale est motivée par l’apparition de la pratique transfrontalière de l’excision… afin de donner les moyens aux différents acteurs de mener efficacement le combat pour une dignité retrouvée de la femme, une résolution prononçant l’interdiction par la plus haute instance internationale, à savoir l’ONU s’impose…

L’adoption par l’Assemblée générale des Nations Unies d’une résolution interdisant la pratique des MGF constituera une grande étape dans nos actions de promotion et de protection des droits de la femme et de la fille. Elle aura certainement le mérite d’amener les Etats qui n’ont pas de lois interdisant la pratique à prendre des textes répressifs… Cette résolution pourrait encourager les gouvernements à harmoniser leurs législations afin de combattre les mutations actuelles et futures de ces pratiques ».

En effet, si beaucoup d’acquis ont été engrangés à travers le combat des uns et des autres, immenses restent les défis face à cette pratique culturelle qui a la « peau dure » et qui de nos jours a « émigré » en Occident. L’Italie par exemple fait partie des pays européens fortement touchés par le phénomène. L’ampleur du fléau est telle que le Ministre des Affaires Etrangères de l’Italie, SEM Franco Fratini, dans sa déclaration le 25 septembre à la tribune des Nations Unies à l’occasion du débat général de la 65e session de l’Assemblée générale, a nommément évoqué le sujet en tant que violence et discrimination à l’encontre des femmes, et appelé à son éradication.

Les statiques ont révélé en effet 35 000 cas d’excision en Italie. On peut donc comprendre l’engagement de ce pays aux côtés de pays africains, d’associations et Organisations, dans la lutte contre ce phénomène.
Une autre réalité face à la persistance du phénomène, c’est la réticence de certains pays, y compris africains, à s’engager pour l’adoption d’une résolution pour l’interdiction des MGF.

Face à ce constat, l’on doit se convaincre, comme l’a dit Mme Bonino, la vice présidente du sénat italien, à la réunion de haut niveau, que la résolution est vivement attendue, mais que le vrai challenge est le changement de mentalité, et c’est à cela que tous doivent travailler. Comme pour dire que la loi est importante, mais pas suffisante.

La lutte continue donc pour toutes celles et tous ceux qui sont engagés dans le combat contre cette autre violence faite à la femme, souvent dès le berceau, cette atteinte à ses droits élémentaires, le droit à l’intégrité physique, le droit à la santé, tout simplement, le droit à la vie. La lutte pour l’adoption d’une loi à l’échelle mondiale, la lutte pour le changement de mentalité dans les hameaux les plus reculés de nos contrées.

Yolande KALWOULE : DCPM-MAECR

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Vos commentaires

  • Le 4 octobre 2010 à 01:29 En réponse à : Lutte contre les mutilations génitales féminines : Chantal Compaoré plaide pour l’adoption d’une résolution à l’ONU

    Bravo ! Ce qui est spécifique en Afrique, devient instamment le problème du monde entier ; mêmes des italiens et des italiennes. Quand on n’a pas le courage politique pour résoudre par nous-mêmes nos propres problèmes localement, on demande toujours aux autres de s’en saisir en se fendant d’une déclaration ou d’une résolution internationale aux Nations-Unies à New-York. Ca ne mange pas de pain et c’est de la communication facile et bénéfique pour l’image et la marque du pouvoir. Voyez par exemple les Chinois ou les Indiens, ils ne demandent rien à personne, encore moins aux Occidentaux. Pourquoi, les Africains ne suivent-ils pas leur exemple ?
    Pour ne parler que des pratiques rétrogrades, il est aujourd’hui, devenu banal et branché de rencontrer en Occident des tas gens qui s’intéressent aux clitoris des femmes africaines et aux pratiques rétrogrades qu’elles subissent dans leur chaire. Du coup, les politiciens occidentaux les plus réactionnaires s’en saisissent pour en tirer un argumentaire xénophobe et raciste. La pratique serait la preuve de notre barbarie et de notre sauvagerie ; Or c’est plutôt le contraire, car éminemment liée à la culture et à l’histoire. Et l’éradication de cette pratique culturelle rétrograde nous incombe en premier, avant tout, par les moyens de l’élévation du niveau culturel et économique de nos peuples. De nombreux acteurs(rices) africains(nes) sont mobilisé(es) dans ce champ de lutte, depuis Thomas Sankara officiellement . Il est donc inutile, d’en faire un terrain d’ingérence humanitaire pour Occidentaux en quête de reconnaissance facile. Qu’ils s’attaquent plutôt aux pratiques maffieuses et à la corruption décomplexée qu’ils ont internationalisées et qui empêchent tout développement harmonieux à l’échelle de la planète en passant par le Burkina-Faso. Pauvres de nous, j’ai honte. Je pense sincèrement qu’on peut gagner cette lutte contre nos pratiques rétrogrades, ce pari de Sankara, sans les Occidentaux. La protection de l’intégrité corporelle des africaines est avant tout l’affaire des Africains(nes).

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