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SOULEYMANE ALEX BAMBA, conseiller du Premier ministre ivoirien : "Le Burkina a sauvé la Côte d’Ivoire du naufrage collectif"

Publié le vendredi 1er octobre 2010 à 05h18min

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Journaliste, écrivain, expert en communication, Souleymane Alex Bamba, BAS pour les intimes, est, depuis quelques années, conseiller spécial chargé du sport et de la culture du Premier ministre ivoirien, Kigbafory Guillaume Soro. Présent à Ouagadougou dans le cadre de la septième réunion du Cadre permanent de concertation (CPC) qui s’est tenue le 21 septembre dernier, BAS a prolongé son séjour dans la capitale burkinabè où il compte beaucoup de frères et d’amis. Avant de rejoindre les bords de la Lagune Ebrié, Souleymane Alex Bamba s’est une fois de plus exprimé sur la sortie de crise en Côte d’Ivoire avec en point de mire l’élection présidentielle prévue pour le 31 octobre prochain et les relations entre son pays et le Burkina.

"Le Pays" : Le dernier CPC qui s’est tenu à Ouagadougou et auquel vous avez pris part a confirmé la date du 31 octobre 2010 pour la tenue du premier tour de la présidentielle. Pensez-vous que cette fois-ci sera la bonne ?

Souleymane Alex Bamba : J’ose l’espérer. Je souhaite vivement que cette fois-ci soit la bonne pour consacrer les efforts inlassables du président du Faso qui n’a cessé de s’impliquer et d’agir pour que la Côte d’Ivoire retrouve le chemin de la paix. Les différents rapports qui ont été faits par les structures des parties prenantes à l’organisation de l’élection présidentielle prévue pour le 31 octobre me confortent dans la thèse qu’effectivement le bout du tunnel n’est plus loin. Au demeurant, les Ivoiriens devront à l’unisson donner une leçon à l’ensemble des communautés africaine et internationale qui se sont véritablement investies aux cotés des Ivoiriens pour les amener à regarder dans la même direction et à comprendre que la Côte d’Ivoire est un pays pour qui aucun d’entre eux n’a intérêt à ce qu’il se détruise. Voici donc résumé la pensée philosophique qui est la mienne et qui me conforte dans la thèse qu’effectivement nous sommes sur la bonne voie.

Vous pensez sincèrement qu’il ne peut plus y avoir d’obstacle ?

Le degré zéro de la sécurité ou de la confiance absolue n’existe pas. Le président Laurent Gbagbo par précaution, sans doute, a dit cela et il n’a pas tort. Pour autant, il est dans l’intention de tous que la date du 31 octobre est celle qui va permettre aux Ivoiriens de choisir leur futur président. Je reste dans cette dynamique de confiance en espérant et en souhaitant que cette élection ait lieu pour que ces pages tristes soient tournées et qu’on ouvre d’autres pages vers le futur pour des lendemains plus enchanteurs qui apporteront à la Côte d’Ivoire le renouveau, le réconfort et la replaceront dans le concert des nations comme le président Félix Houphouët-Boigny l’avait laissée.

Le président Laurent Gbagbo avait déclaré que ce CPC était l’occasion de remercier le facilitateur pour ce qu’il a fait dans l’accompagnement de la Côte d’Ivoire pour la sortie de crise avant les élections. Pensez-vous que cela est sincère de la part des acteurs  ?

D’abord, je ne vais pas porter de jugement de valeur mais je peux me permettre d’affirmer que la Côte d’Ivoire remercie le président du Faso pour ce qu’il a fait. Je remercie surtout le président Blaise Compaoré pour le temps qu’il a mis à reconstruire la confiance entre les acteurs de ce pays et le salue pour l’estime, l’amitié qu’il a portée au peuple de Côte d’Ivoire. C’est pour cela que les habitants de la Côte d’Ivoire, à l’unisson, lui ont rendu le juste hommage pour ce qu’il a fait comme action, ce qu’il a pris comme initiatives en offrant chaque fois ses structures aux Ivoiriens pour se concerter au Burkina et renouer le fil du dialogue pour reprendre le président Houphouët-Boigny, le chantre de l’amour et de la paix, un flambeau repris par le président du Faso. Il a permis aujourd’hui de replacer la Côte d’Ivoire et le Burkina dans une situation historique dans laquelle ils n’auraient jamais dû cesser d’être et que les citoyens de ces deux pays soient des frères et des soeurs qui travaillent ensemble comme jadis le firent les pionniers qui ensemble bâtirent et construisirent ces deux pays. Le retour à certaines valeurs vont porter haut ces pays et leurs populations pour mettre fin à certaines pratiques que sont les forfaitures, les blessures par parole, les médisances. Toutes sortes de politiques de lynchage inutile entretenue par une classe dépassée aux visions rétrogrades et les replis identitaires avaient mis à mal le tissu d’amitié qui a toujours existé entre la Côte d’Ivoire et le Burkina. C’est dans ce sens que nous pouvons affirmer que le Burkina a sauvé la Côte d’Ivoire du naufrage collectif.

"Le président du Faso est la pierre angulaire de l’APO"

Malgré tout, on avait l’impression à un certain moment que les acteurs de la crise pensaient pouvoir se passer de l’Accord politique de Ouagadougou (APO). Est-ce la réalité ?

Je crois que c’était une vue de l’esprit ! Le président du Faso est la pierre angulaire de la construction de l’Accord politique de Ouagadougou donc en même temps, il en est la clé de voûte, le dépositaire de la morale de l’Accord. Donc il ne pouvait en être autrement. Que le président sénégalais Abdoulaye Wade soit venu à Abidjan dans un pays où il a séjourné et enseigné, c’est ce qu’on demande à l’Afrique. Les propos du président Wade avaient semé l’émoi dans certains esprits mais le président du Faso stoïque et à la conviction presqu’inoxydable, est resté de marbre. Il a continué à travailler à l’apaisement, à arrondir les angles.

A vous écouter et avec tout ce qui s’est passé, est-ce qu’on peut dire aujourd’hui que la Côte d’Ivoire et le Burkina vont vers une autre forme de relation ?

Absolument. Ce sont des relations de confiance retrouvée sur des valeurs fortes de civilisation, qui, hier ont fondé l’existence d’un destin commun à ces deux peuples fidèles aux idéaux des leaders et des pionniers qui ont jeté les bases de cette collaboration fraternelle. C’est une affirmation qu’il faut souligner, dire, redire et la répandre aux yeux du monde entier pour qu’elle serve d’exemple d’existence des populations. Ce n’est que de la sorte que les pays africains peuvent s’affirmer.

Pensez-vous que cette élection pourra résoudre définitivement les fondements de la crise en Côte d’Ivoire ?

Il est clair que l’élection ne sera qu’une étape mais pas un point terminal. C’est une étape vers la normalisation, le retour aux sources et aux valeurs qui ont porté la Côte d’Ivoire vers l’excellence, l’amitié, la fraternité, le rassemblement. C’est une autre dynamique qui va être créée du fait que le pays va retrouver tous les symboles de la république. Bien sûr que tous les problèmes ne pourront pas être résolus du simple fait de l’élection parce qu’il ne faut pas voir que les effets de la crise, mais remonter à la racine du mal et aux causes originelles qui ont conduit le pays dans les profondeurs abyssales du désordre organique. La conscience citoyenne, la tolérance, l’amour que les uns et les autres auront pour leur pays et pour eux-mêmes permettront de rebâtir une Côte d’Ivoire nouvelle aux frontières d’une société d’espérance.

Propos recueillis par Antoine BATTIONO et Yannick SANKARA

Le Pays

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