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A un mois du Siao, des artisans menacés de déguerpissement

Publié le mercredi 29 septembre 2010 à 03h11min

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Les artisans n’entendent pas baisser les bras

Déçus, désorientés, révoltés… les qualificatifs manquent pour désigner l’état d’esprit actuel des occupants du Village artisanal de Ouagadougou (VAO) au Burkina Faso. Et pour cause, 72 d’entre eux devront déguerpir des locaux d’ici à 2013 sur instructions de l’administration de cette structure.

Pourtant, dans le cadre de la viabilité et de la pérennisation de ce projet financé par le Grand-Duché de Luxembourg, il a été prévu que les « artisans restent dans le village, tant que leur chiffre d’affaire permet de payer le loyer et les charges et de générer un bénéfice ». Du reste, les deux objectifs qui ont été à l’origine de la naissance du VAO sont assez clairs. Il s’agit, dans un premier temps, de regrouper de manière « durable », géographiquement (dans un village artisanal) et juridiquement (sous forme de coopérative viable) environ 300 artisans d’art émergents. Le deuxième objectif est d’améliorer « durablement », les performances économiques de ses artisans. Ceux-ci ne comprennent donc pas pourquoi « on veut aujourd’hui les chasser d’un endroit pour lequel ils avaient tout sacrifié ».

Selon les façonniers, tout a commencé en 2004. « A l’ouverture en 2000, du Village, nous avons été recrutés sur concours pour occuper des ateliers au sein du VAO. En son temps, nous avons signé des contrats à durée illimitée avec les responsables », a expliqué Hamed Ouattara, artisan sur le site du Village. Mais quatre ans après, l’administration a changé les règles du jeu en faisant signer « sous pression » aux artisans, des contrats à durée limitée. Ce contrat, selon ses propres termes, ne peut être renouvelé que six fois. Suivant les principes de ce document, la première vague, constituée de 49 artisans, devra libérer les lieux en fin 2011 et l’autre partie en 2013. La raison avancée par l’administration est de permettre à d’autres jeunes artisans de profiter des services du Village. Selon ces artisans qui ont contribué à bâtir la notoriété actuelle du VAO, ce contrat est simplement inhumain. « Ce sont près de 600 personnes, dont des chefs d’atelier et leurs ouvriers, qui sont concernées par ce déguerpissement. Alors que tous nourrissent leurs familles respectives à partie de ce qu’ils gagnent ici », a indiqué Hamed Ouattara. De plus, les artisans soutiennent verser un pourcentage de leurs recettes, en plus des frais de location des boutiques à l’administration. « C’est cela qui contribue à payer les salaires des employés du Village », a ajouté M. Ouattara.

Depuis sa création, le joyau a connu la construction d’autres bâtiments en son sein. Ces réalisations ont été rendues possibles, selon Hamed Ouattara et ses collègues, grâce à ce qu’ils reversent à la maison. Qui plus est, ont-ils révélé, « avant qu’on nous fasse pratiquement une cour assidue pour venir faire la promotion du Village, nous avions tous des ateliers que nous avons abandonnés ». Seront-ils en mesure d’aller réimplanter ces ateliers et reconquérir une clientèle qu’ils ont perdue de vue depuis une dizaine d’années maintenant ? « Rien n’est moins sûr » parce que « depuis ce temps, tous nos clients savent que nous exerçons au Village artisanal de Ouagadougou », répliquent-ils.
Conscients que d’autres doivent se voir offrir des espaces pour montrer leurs talents et en vivre, les artisans souhaitent que l’Etat crée d’autres centres d’artisanat, au lieu de les vider et de les jeter à la rue. « Nous avons appris qu’il y a eu la pose de la première pierre pour la construction d’un centre artisanal à Bobo. Mais depuis, rien n’a visiblement évolué sur le site », a affirmé Marie Abibou, occupante d’un atelier au VAO.
En cette matinée du mardi 28 septembre 2010, soit à un mois du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou (SIAO), l’ambiance est visiblement morose sur le site. Pour Hamed Ouattara, cela est dû à la préoccupation de devoir quitter le Village sans aucune mesure d’accompagnement. « Nous sommes tous psychologiquement malades actuellement. Ce qui fait que nous ne pouvons plus travailler », a déploré M. Ouattara, d’un air mélancolique. L’équipe de Fasozine qui s’est rendue sur le terrain n’a pas pu rencontrer l’administration à cause de l’absence de certains responsables. Pour l’instant, les artisans, en « pacifistes », implorent le ciel afin que l’administration du Village artisanal de Ouagadougou revienne sur sa décision et qu’elle leur permette de mener tranquillement et pour longtemps leurs activités.

Jacques Théodore Balima

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 29 septembre 2010 à 08:28, par anne En réponse à : A un mois du Siao, des artisans menacés de déguerpissement

    je trouve cela très bien : il y a plein d’autres artisans qui attendent ; et ceux qui sont installés actuellement ont largement profité des touristes pour se faire connaître. un peu aux autres maintenant....

  • Le 29 septembre 2010 à 10:15, par mauricette questroy En réponse à : A un mois du Siao, des artisans menacés de déguerpissement

    bonjour,
    ne perdez pas courage !
    refusez de quitter vos locaux
    faites valoir votre savoir-faire
    mettez la presse dns le coup
    mauricette

  • Le 29 septembre 2010 à 12:48 En réponse à : A un mois du Siao, des artisans menacés de déguerpissement

    Cet article n’est pas complet et ne permet pas aux lecteurs de bien comprendre le problème. L’auteur aurait du patienter pour rencontrer l’administration du VAO pour écouter leur version avant du publier l’article. Il faut que nos journaliste essaient d’écrire leurs article en toute impartialité et laissé aux lecteurs en juger.
    Si c’est un raport de force que l’administration du VAO veut faire à ces artisans, ils peuvent faire un recours en justice contre l’administration.

  • Le 29 septembre 2010 à 16:20, par szs En réponse à : A un mois du Siao, des artisans menacés de déguerpissement

    c’est tout simplement inhumain et il y a quelque chose de louche derrière ça.

  • Le 29 septembre 2010 à 16:27 En réponse à : A un mois du Siao, des artisans menacés de déguerpissement

    pour mes amis artisans il est essentiel de changer votre methode de lutte

  • Le 29 septembre 2010 à 16:33, par Karim le bon En réponse à : A un mois du Siao, des artisans menacés de déguerpissement

    Fausses querelles autour de l’occupation d’un espace appartenant à tous les artisans du Faso.

    Les villages d’artisans sont à l’image des pépinières d’entreprises. On ne peut s’éterniser dans ces endroits car à partir d’un certain délai, il faut laisser la place aux autres pour qu’ils puissent eux aussi bénéficier de la manne et de la renommée dudit village. C’est vrai qu’à l’époque, il y a eu une sélection. Celle-ci avait fait l’objet de contestations de la part de certains artisans et structures d’appui.

    L’actuel cadrage se justifie car on ne peut sédentariser une partie des artisans au détriment de milliers d’anonymes qui eux aussi ont besoin de reconnaissance. C’est avec l’argent public que le VAO a été construit, il est de bonne règle que tous les artisans, chacun à son tour, puissent bénéficier des bienfaits de ce village.

    évitons les querelles inutiles et déménagez pour laisser d’autres saisir leurs chances !

  • Le 29 septembre 2010 à 16:53 En réponse à : A un mois du Siao, des artisans menacés de déguerpissement

    Vous aussi, laissez la place pour les plus jeunes. Si vous avez de l’argent, ça veut dire que vous pouvez vous reloger ailleurs.Pour une fois, je suis avec les autorités qui vous ont prevenu longtemps avant pour que vous preniez vos précautions.

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