LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Nous sommes lents à croire ce qui fait mаl à сrοirе. ” Ovide

Educ Tour 2010 : Zoom sur le patrimoine de l’Ouest

Publié le mardi 28 septembre 2010 à 02h58min

PARTAGER :                          

Le train de la 7è édition du Salon international du tourisme et de l’hôtellerie de Ouagadougou (SITHO) a pris son départ le dimanche 26 septembre avec l’Educ Tour, la visite des sites touristiques par les professionnels du tourisme.

La journée a démarré par une symbolique cérémonie de bienvenue aux tours operators, aux journalistes venus d’Afrique et d’Europe et présenter le circuit touristique de l’Educ Tour 2010. Cette cérémonie présidée par le SG du ministère du Tourisme, Souleymane Ouédraogo, s’est déroulée dans l’enceinte de Joly Hôtel. Après les civilités, le convoi a pris la direction de la zone touristique de l’Ouest, région choisie cette année pour l’Educ Tour.

Il est 8 heures quand le convoi s’ébranle sous une température encore clémente. Les responsables du ministère et le guide se mettent à l’œuvre : présentation générale du Burkina, puis du quartier Ouaga 2000 que nous quittons pour Banfora. Les rues de la capitale sont déjà animées. Des fidèles chrétiens en route pour la messe croisent des commerçants préoccupés par le volume de recettes en fin de cette journée fériée où l’activité est un peu au ralenti.

Après de nombreux détours, le convoi rejoint enfin la voix qui conduit à destination. Trois quart d’heure de route et intervient la première escale à Kokologho pour la visite du "Na-yiri", le palais du chef de ladite localité construit en 1942 avec le concours de la mission catholique, à une cinquantaine de kilomètres de la ville de Ouagadougou. Le groupe est accueilli par Naaba Kaongo, un instituteur à la retraite et 16e souverain de cette commune de 55 000 habitants.

La visite du palais s’est effectuée sous la direction du guide Kaboré, véritable dépositaire de l’histoire du Na-yiri de Kokologho. Les visiteurs ont fait connaissance des trois cours qui composent le palais. Une cour abrite la tombe de Naaba Boulga, une autre celle de la mère de l’actuel chef. On découvre ensuite l’espace consacré à la palabre, sorte de tribunal du village où le chef arbitre et tranche les conflits entre ses sujets. « S’il y a un conflit, c’est ici qu’on tente de le régler ; si on n’y parvient pas, alors on se tourne vers la justice moderne », explique le guide. Et les affaires ne manquent pas qui sont soumises à l’arbitrage du chef, obligé de présider son tribunal 7jours sur 7. La cour du chef représente aussi un refuge pour les veuves, les tantes en délicatesse dans leur foyer et les jeunes filles fuyant le mariage forcé. Là, on les accueille, les protège jusqu’à ce que chacune rencontre l’homme de son choix. A l étage, on découvre la chambre et le lit de Naaba Boulga, impeccablement entretenus et où ses effets personnels sont soigneusement conservés.

Il y a enfin cette vaste terrasse tout en hauteur d’où le chef peut se reposer et observer en même temps les éventuels mouvements suspects ! La visite a pris fin par un entretien avec le chef Kaonga au cours duquel on a appris qu’en tant que fils ainé, donc tout désigné à la succession à la mort de son père, il a été éduqué hors de la cour familiale, par des personnes chargées de le préparer à assumer ses fonctions de chefs. Catholique, il ne voit aucune difficulté à concilier sa foi et la conservation des traditions. Véritable monument culturel, d’une architecture de type soudanais, la conservation de ce patrimoine se fait cependant avec du bord, grâce notamment aux recettes touristiques
Une photo souvenir avec le gardien de la tradition moaga et le convoi reprend sa route, direction Bobo- Dioulasso. A présent le soleil cogne, la température est montée assez haut et heureusement, il ne manque pas de quoi se rafraichir.

Le conducteur du car connait son métier et visiblement la route ; il anticipe les nids de poules qui parsèment une partie de la route, de Ouaga jusqu’à Boromo, ville située à mi-distance. Une pause s’impose ! On s’installe dans le maquis et on déguste les spécialités locales : méchoui de mouton ou de porc, galettes de sésame que vendent de jeunes filles, en attendant peut-être de retrouver la route de l’école. Aux environs de 14h, l’équipe pénètre dans la ville de Sya. Ici, la mosquée de Dioulassoba s’impose à tout visiteur étranger de passage. Il y a également la gare ferroviaire, grosse bâtisse datant de la période coloniale, puis le vieux quartier Dioulassoba et la maison « historique datant du 11e siècle », un quartier où, insiste le guide, « tout a commencé » et où n’habitent que les descendants des premiers habitants de ce qui allait devenir Bobo-Dioulasso. Le soleil a presque rejoint son lit quand le convoi reprend la route pour rallier Banfora, destination finale de la journée. Après une heure et demi de route, les participants à l’Educ’Tour 2010 arrivent à l’hôtel Cascades Palace pour un repos bien mérité.

Un dîner et une séance de débriefing ont mis fin à la première journée de l’Educ Tour SITHO 2010 aux environs de 22h 30mn. De l’avis des « eductouristes », ce fut une longue journée éprouvante mais fantastique.
Hier, la première visite a conduit l’équipe dans les champs de la canne à sucre, une culture qui est introduite ici en 1965 et qui est devenue au fil du temps une partie de l’identité de la ville de Banfora. Sur 4000 ha cultivés, les plants sont arrosés par un système d’irrigation grâce à un pivot, ce qui permet d’atteindre 70 tonnes à l’ha. Bientôt ce sera la récolte, une occasion pour des centaines de jeunes de s’occuper, la canne étant uniquement coupée à la main. « C’est comme le raisin ; la qualité est meilleure quand c’est récolté à la main », explique Hamed Coulibaly, directeur de la Culture de la Société sucrière de la Comoé (SOSUCO), l’entreprise qui fabrique et alimente le marché national. L’irrigation est alimentée à partir de trois barrages : la Comoé (38 millions de m3, Toussiana et Lobi, tous deux de 6 millions de m3 chacun.

« Nous faisons attention aux produits que nous utilisons ; il n’y pas de risque d’une contamination des sols par l’utilisation des pesticides et toutes nos eaux usées sont systématiquement traitées », explique un technicien de la SOSUCO. Le chef de service du patrimoine et des relations publiques de l’Office national du tourisme de l’Ouest, Malick Ba a un message à faire passer aux gens de la SOSUCO : il souhaite que les voix d’accès aux sites situés aux alentours des champs soient aménagées. Car, on le verra dans l’après-midi, accéder aux célèbres cascades de Fabédougou surtout en temps de pluie n’est pas aisé. En attendant, direction les Dômes de Fabédougou, fief des Turka, arrivés sur les lieux depuis des siècles. Ces dômes, qui sont une coagulation de sables, sont le lieu d’un tourisme d’aventure ; on escalade ces grosses boules naturelles et le touriste qui parvient au point a le plaisir de contempler un paysage d’une beauté dont dame nature a le secret.

Cap sur Tiékouna pour assister à l’extraction du bangui, cette boisson bien alcoolisée qui a une réputation continentale. Gourde en bandoulière, machette en main, un jeune homme atteint rapidement le haut du rônier. Il blesse l’arbre, récolte le précieux liquide qui sera consommé quelque temps après la fermentation. Après un tour dans le centre de Banfora, la cité du paysan noir, nom donné à la ville par un administrateur colonial en hommage aux efforts des paysans pour fournir à la population de quoi assurer sa subsistance, on emprunte le chemin menant droit aux Cascades de Karfiguela, dernière étape de la journée. C’est incontestablement un site à forte potentialité touristique. Les magnifiques chutes d’eau, la fraicheur et la sérénité attirent de plus de en plus du monde, venu d’Afrique et d’ailleurs. La journée se termine par un concert donné par le groupe Kabaco.

Joachim Vokouma et Koundjoro Gabriel Kambou sur l’eductour.

Lefaso.net

PARTAGER :                              
 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique