LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

MASSACRES DU 28 SEPTEMBRE EN GUINEE : Un an après, le statu quo

Publié le mardi 28 septembre 2010 à 02h44min

PARTAGER :                          

Le 28 septembre est une date importante dans l’histoire de la Guinée à plus d’un titre. Il y a eu le "Non" de Sékou Touré à la France lors du référendum du 28 septembre 1958. Mais, il y a eu également les massacres perpétrés le 28 septembre 2009 par des militaires guinéens sur des civils réunis au stade du 28-Septembre. En effet, il y a de cela un an, jour pour jour, ce stade de Conakry a été le théâtre de viols de femmes et de bain de sang contre des militants de l’opposition. Les images de ces atrocités ont heurté les consciences à travers le monde.

Suite à ce drame, il y a eu des enquêtes nationale et internationale, la visite d’une mission de la Cour pénale internationale, puis la tentative d’assassinat contre Dadis Camara suivie de la reprise en main des choses par Sékouba Konaté et enfin, la mise sur les rails de la fameuse élection présidentielle qui peine à trouver une issue. Bref, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts depuis ce jour de deuil.

Seulement, en ce qui concerne la lumière à faire sur ces massacres, c’est le statu quo qui prévaut. Les victimes et leurs proches demeurent dans la nuit de l’attente. Il était d’ailleurs important que ce premier anniversaire fût commémoré dans une Guinée lancée sur les rails de la démocratie apaisée. Malheureusement, en ce jour, la Guinée a la tête ailleurs. Les tensions entre les deux camps au second tour de la présidentielle ont fini par convaincre qu’elle aura beaucoup de mal à sortir de l’ornière. Comme si les parties faisaient monter les enchères à tour de rôle. Après le camp d’Alpha Condé, c’est à présent celui de Cellou Dalein Diallo qui fait à son tour preuve de fermeté dans ses revendications.

Il menace même de boycotter le second tour si le nouveau président de la Commission électorale indépendante (CENI), Lounceny Camara, accusé d’avoir des accointances avec Alpha Condé, reste en poste. Le président de la transition, Sékouba Konaté, se bat certes pour ramener les protagonistes à de meilleurs sentiments à travers des appels au calme et des consultations. Mais, la tâche est ardue et rien n’est gagné d’avance. Au regard de l’intransigeance des deux camps, la situation est critique. Chacun passe au scanner les faits et gestes de l’autre pour y déceler des velléités de fraude électorale. C’est la méfiance totale et tous les ingrédients du chaos sont réunis. Ce triste anniversaire intervient ainsi sur fond d’incertitudes et d’appréhensions.

La Guinée doit-elle travailler à rendre justice aux victimes ? Sans aucun doute. Mais peut-elle, au stade où en sont les choses, se préoccuper de faire la lumière sur les douloureux événements du 28 septembre 2009 ? La négative s’impose comme la réponse la plus raisonnable à cette question. Certes, toutes ces victimes ne sauraient être passées par pertes et profits. Les responsables de ces crimes doivent être châtiés à la hauteur de leur forfait. Il faut tôt ou tard une catharsis pour permettre aux fils et filles du pays de se réconcilier et de bâtir ensemble une nation prospère. Cette catharsis passe par la justice à faire au profit des victimes. Mais, le climat actuel n’est pas favorable à la recherche de cette lumière. Il faut parer au plus pressé : tenir un second tour transparent dont les résultats seront acceptés des candidats.

Cette élection est la condition sine qua non pour donner des chances de paix et de stabilité au pays. Pour l’instant, la sérénité des Guinéens et leur confiance en la justice de leur pays ne sont pas de mise. Les récents troubles consécutifs à la condamnation du défunt président de la CENI, Ben Sékou Sylla, alors qu’il se trouvait en soins à Paris, en sont un témoignage vivant. Dans cette Guinée où l’armée est encore omniprésente et où couvent de dangereuses tensions politiques sur fond ethnique, personne n’osera encore mettre en branle une procédure judiciaire en vue de détecter et punir les auteurs et les commanditaires de ces exactions.

Les candidats au second tour n’en font pas, en tous les cas, une priorité et cette attitude se comprend aisément. Ce pays a besoin de reprendre son souffle, d’avoir un nouveau départ. Pour l’instant, pour de très nombreux Guinéens, c’est la croix et la bannière au quotidien pour avoir des conditions de vie décentes. Comme c’est triste d’être misérable dans un pays si riche ! Il faut vite un président démocratiquement élu dans une démocratie apaisée pour que ce pays marche enfin résolument sur ses deux pieds. Une fois qu’il sera bien installé, ce pouvoir pourra envisager de façon sereine les conditions de réalisation de cette justice. Lorsque les conditions pour faire cette lumière seront réunies, il y a la possibilité de remonter au besoin jusqu’aux débuts de l’indépendance du pays sous le régime de Sékou Touré.

En effet, le douloureux événement du 28 septembre n’est qu’un épisode du long parcours sanglant qui a marqué jusque-là l’histoire de la Guinée. Pourvu que ce soit l’oméga de cette série. Un schéma "vérité - justice - réconciliation" à l’image de ce qui a eu lieu en Afrique du Sud, après la fin de l’apartheid, pourra alors permettre de faire la lumière sur tous ces pans douloureux de l’histoire du pays. Ce, à l’effet de rendre justice à toutes les victimes et de tourner définitivement la page.

"Le Pays"

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 28 septembre 2010 à 17:19, par yanick En réponse à : MASSACRES DU 28 SEPTEMBRE EN GUINEE : Un an après, le statu quo

    je ne sais pas qui a écrit ce article mais ce sont des articles de ce genre dont on a besoin. il n ya pas d’invention et on sent que l’auteur a toujours à dire. chapeau !

  • Le 28 septembre 2010 à 17:45, par burkin bila En réponse à : MASSACRES DU 28 SEPTEMBRE EN GUINEE : Un an après, le statu quo

    Vous les journalistes la.Vous cherchez quoi meme ?occuper vous des problemes de votre pays au lieu de vous acharmez sur les petits problemes des autres.TOM SANK ,NORBERT ZONO et ses amis,dabo boukari,oumarou clement.... sont tous morts ici mais on ne connait pas les criminels. PLUSIEURS ANN2ES APRES c est le STATU QUO NON ?

  • Le 28 septembre 2010 à 23:27 En réponse à : MASSACRES DU 28 SEPTEMBRE EN GUINEE : Un an après, le statu quo

    Indigné de voir confiner la date du 28 septembre 1958 a l’histoire de la seule guinee : c’est d’abord une date cle de l’histoire africaine tout comme le fut Haiti dans l’histoire des noirs. C’est ainsi que nous autres africains nous sommes les premiers a nous nier nous memes nos actions de valeur qui fondent notre etre profond pour apres nous lamenter et rejeter la faute sur les autres. Confiner la date historique du 28 septembre c’est purement et simplement une imposture, une honte ; meme si cette interpretation provient de l’ignorance de nos journalistes, c’est pathetique !
    Confiner cette date a la guinée et à seku Ture (le dictateur ! cela s’entend evidemment !!!) vous tentez de placer les evenements du 28 septembre 2009 dans la logique dictatoriale de seku ture car des militaires.
    Pourquoi ne dites vous parlez pas de certaines de ces femmes violées qui decrivent avec precisions des scenes de viol, ont été en fait des femmes a qui on avait donné de l’argent pour venir temoigner ? Quel journaliste en a fait une analyse pour poser les questions que l’on est en devoir de se poser pour ce qui concerne les vrais motivations de ces manifestations, ou disons de ceux qui ont decidé d’organiser justement ce jour si symbolique du 28 septembre alors que Dadis camara et les militaires avaient discuté toute une nuit et leur avaient proposé d’autres dates afin qu’ils puissent exercer leur droit de manifester ? Africains apprenons a reflechir ou plus exactement a etre objectifs par rapport aux interets de nos populations la plus large possible plutot que de nous allier a quelques pourris qui ont decidé de vendre leur pays et leurs propres freres. C’est dommage que quelqu’un qui se pretend journaliste ne puisse pas faire de vraies analyses poussées. Il aurait pu donner ce qu’est la fameuse cour internationale, pourquoi la tentative d’assassinat de dadis etc On ne parle meme plus de ce lieutenant Toumba ? Et pourquoi ? pourquoi cette mascarade des elections et pourquoi ca bloque et qu’est ce que cela nous enseigne ? que sont devenues ce forces vives quand il s’est agi de partager le gateau du pouvoir ? Etait-ce vraiment pour la democratie ces luttes ? pour le bien du peuple ? etc. quelle est la nature de cette eau qui a coulé et comment elle a coulé ? Pourquoi les victimes doivent demeurer dans l’attente alors qu’on a forcé par tous les moyens pour organiser des elections qui manifestement ne pouvaient pas etre organisées ? Pourquoi ?
    Si Dadis et les militaires etaient le probleme comme on a voulu les presenter, alors pourquoi ca ne marche pas ? le schéma "vérité - justice – réconciliation » commence par l’établissement de la verité : alors qui n’a pas interet a ce que l’on ne fasse pas la lumiere sur ces evenements et juger les coupables ? (au contraire il faut d’abord les elections, c’est ca qui interesse la classe politique). Ou est la verité quand des femmes qu’on decrit avoir été violées avec des details inhumains declarent finalement qu’on les a achetées, on leur avait donné de l’argent (parfois une somme derisoire comme 50 euros c’est a dire 30000 CFA) pour venir dire ca, pour mentir. et pourquoi acheter des gens pour mentir ? La guinée est t-elle dans une situation meilleure qu’avant ? Comment se fait-il que le president de la CENI meure comme ca ? comme par hasard !!! etc
    Bref… un article qui nous ne avance pas à grand chose sinon qu’a reprendre des poncifs sans aucune reflexion personnelle, si ce n’est dire une certaine haine du regime seku turé ignorant ce que represente la date du 28 septembre 1958 comme symbole pour l’afrique.
    Quelle misere intellectuelle ! Quelle pitié ! Mais c’est normal tout compte fait : c’est le pays
    SOME

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique