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ORPAILLAGE : Encore 2 morts sur le site de Dossi

Publié le mercredi 22 septembre 2010 à 03h22min

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Deux jeunes orpailleurs ont trouvé la mort et un s’est blessé sur le site d’orpaillage de Dossi dans la commune de Boni (province du Tuy) le mercredi 1er septembre 2010 comme nous l’annoncions dans notre édition du 2 septembre (" Le Pays" n°4691). C’est en voulant évacuer l’eau à l’aide d’une motopompe qu’ils ont été pris au piège, asphyxiés dans les profondeurs du puits d’or à la suite d’une panne de l’engin.

C’est aux environs de midi, le mercredi 1er septembre 2010 que le drame est survenu au site d’orpaillage de Dossi. Les sieurs Issiaka Bagagnan et Boukaré Pafadnam âgés respectivement de 26 et 29 ans ont été tués dans un puits d’or par la fumée d’une motopompe. Salif Sawadogo, 30 ans, est le rescapé du drame. Nous l’avons rencontré au CSPS de Boni. Assis sur son lit d’hospitalisation et sous perfusion, il nous raconte : « Nous avons utilisé une motopompe pour évacuer l’eau du puits et vers 12 h on a senti que l’engin (motopompe) ne marchait pas bien. Issiaka est descendu pour dépanner l’autre (Boukaré) qui était dedans et comme lui aussi il mettait du temps pour ressortir je suis descendu à mon tour et c’est là que j’ai senti le danger.

Les autres (victimes) ne me répondaient pas et la motopompe obstruait le passage et dégageait beaucoup de chaleur et de la fumée. J’ai crié et on m’a secouru ». En nous rendant sur le site, nous avons rencontré plusieurs orpailleurs, les uns rejoignaient le campement et les autres allaient en direction de Boni ou de Houndé, effrayés sans doute par la présence de la gendarmerie et de la police venues faire les constats d’usage. Les activités d’orpaillage sont bel et bien le quotidien à Dossi selon les propos de Fulbert Sawadogo qui venait de sortir de son trou et avec qui nous nous sommes renseignés sur les circonstances du drame. Dans sa tenue trempée de boue, c’est sans gêne qu’il dit être au courant de l’interdiction de son activité en arguant qu’il n’a pas autre chose à faire. L’entretien s’est brusquement achevé lorsque nous avons voulu lui faire une photo.

A 17h35, le campement grouillait de monde et on pouvait distinguer ceux-là qui venaient de sortir des puits par leurs habillements. Ils sont tous au courant du drame mais ne laissaient entrevoir aucune compassion ni de crainte de représailles. Seulement une vingtaine d’entre eux se souciaient de creuser la tombe commune de leurs camarades d’infortune. Quant au représentant des orpailleurs sur place, il n’a pas voulu répondre à nos questions. Idem pour le responsable du site dont le téléphone était sur répondeur. Nous avons cherché également à voir la motopompe en question mais en vain. Elle aurait été cachée par les orpailleurs. Alassane Ouédraogo, sachet en main, s’est empressé de nous dire qu’il ne travaille pas à Dossi mais derrière la colline vers Houndé.

Là-bas, il travaille avec du cyanure, nous a-t-il confié. « J’étais chauffeur mais j’ai commencé ce travail il n’y a pas très longtemps. Il y a beaucoup d’eau présentement et si on s’amuse, beaucoup de moutons vont mourir. Donc nous avons arrêté ces deux jours pour reprendre d’ici là ». Alassane reconnaît que le cyanure est très nocif. C’est aux environs de 19h que Issiaka et Boukaré ont été inhumés dans une tombe commune par leurs camarades orpailleurs juste à côté de la tombe de deux autres orpailleurs, ceux qui ont péri dans un éboulement le 15 juillet dernier. Pour rappel, l’orpaillage est interdit pendant la période du 1er juin au 31 octobre dans la zone 1 ou zone à haut risque d’éboulement à laquelle la région des Hauts-Bassins fait partie.

Yelkabo Rodrigue SOME (Collaborateur)

Le Pays

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