En attendant donc l’évaluation à mi-parcours par les princes qui nous gouvernent, osons, à notre très petit niveau, mêler notre bouche au débat très savant des politiques et autres technocrates qui besognent pour nous sortir de la pauvreté.

Car, lorsqu’il s’agit d’évaluer le bien-être, plutôt le mal-être pour nous autres visés par ces OMD-là, point besoin d’être sorti de Harvard ou de Polytechnique pour comprendre que les lignes de la misère n’ont pas trop bougé.

Réduire de moitié la pauvreté et la faim dans le monde (par rapport à 1990) ; assurer l’éducation pour tous ; réduire la mortalité des enfants de moins de cinq ans ; améliorer la santé maternelle. Tels sont, entre autres, les engagements cardinaux pris par la communauté internationale pour 2015.

A cinq ans de cette échéance, où en sommes-nous ? Certes pas toujours à la case départ mais encore loin, très loin, du bout du tunnel. Et quoi de mieux que les conditions de vie, sinon de survie, en Afrique, pour traduire ce que d’aucuns concluent déjà d’échec des OMD ?

Dans le continent noir, puisque nous y sommes, force est d’abord de constater que de progrès, il y en a eu ici et là. Même si le résultat d’ensemble reste fort mitigé, pour ne pas dire maigre.

Mais rapportées aux objectifs initiaux, les avancées enregistrées dans les pays au Sud du Sahara sont comme un saut de puce : l’incidence de la pauvreté augmente, l’éducation pour tous reste une ligne d’horizon, le chômage explose, les mômes continuent de mourir en masse, moissonnés par la malnutrition et toute sorte de maladies, les femmes meurent comme des mouches par suite d’accouchements rapprochés et non suivis. A qui la faute ?

D’abord, dans une certaine mesure, aux nations riches qui, il ne faut pas l’oublier, depuis 1977 à Cancun (Mexique) à l’époque où un certain jeune président du nom de Valéry Giscard d’Estaing était l’hôte de l’Elysée, avaient déjà pris l’engagement de consacrer 0,7% de leur PNB à la lutte contre le sous-développement.

Car, de cette promesse de grands (qui n’est jamais héritage), on n’a vu venir que quelques subsides. Seuls les pays scandinaves ont respecté cet effort de solidarité internationale. C’est méritoire même si ce n’est pas grand-chose comparé à ce qu’on attendait de la part de grosses pointures économiques comme les USA, le Japon, la France, le Canada et l’Allemagne, pour ne citer que celles-là.

Ensuite et surtout aux pays pauvres dont les représentants, à la rencontre de New York, ne manqueront pas de battre leur coulpe sur la poitrine des riches. Car le développement est d’abord une affaire nationale. L’aide, par essence, n’est rien d’autre qu’un appoint à l’effort personnel.

Or, biberonnées et maternées depuis un demi-siècle par la métropole, les ex-colonies ont fini par rester d’éternelles assistées. Pire, la plupart de leurs gouvernants ne s’embarrassent d’aucun scrupule de bonne gouvernance dans la gestion des maigres allocations de la communauté internationale.

Quant à leurs gouvernés, ils traînent des comportements qui sont aux antipodes des impératifs de développement. En somme, une conjonction de « nègreries » qui lestent fâcheusement le continent noir.

Faut-il, dans ce cas, s’étonner des maigres résultats des OMD, dix ans après leur proclamation ?

Alain Saint Robespierre

L’Observateur Paalga