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Conférence de Libreville sur la biodiversité : Eviter le syndrome des OMD !

Publié le mardi 21 septembre 2010 à 04h02min

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Ali Bongo Ondimba, président du Gabon, fonde beaucoup sur la conférence de Libreville

De la première conférence panafricaine de Libreville sur la biodiversité, l’on pourrait retenir la volonté des Etats du continent à parler le même langage sur la question au cœur des préoccupations de la communauté internationale depuis, bientôt des décennies. Le fait que l’Afrique, l’une des zones géographiques à avoir, sans doute, payé le plus lourd tribut à la disparition inquiétante du tissu vivant de la planète, cherche aujourd’hui à s’organiser pour mieux défendre ses intérêts dans les instances internationales, ne peut qu’être salué. Il faut tout simplement souhaiter que l’initiative soit véritablement porteuse et contribue effectivement la sauvegarde de nos écosystèmes, gage d’un monde meilleur pour les populations.

En général, la biodiversité renvoie à la diversité des espèces, de la génétique, des paysages, des formations végétales, etc. qui constituent le tissu vivant de la planète. Le vocable a fait son apparition en 1992 à Rio, au Brésil, à l’occasion du sommet mondial sur l’environnement et le développement durable. Près de deux décennies après, c’est cette question de biodiversité qui était du 13 au 17 septembre 2010 au centre des échanges des ministres et experts africains de l’environnement à Libreville. Première conférence panafricaine sur la biodiversité, la rencontre de Libreville a accouché d’une déclaration mettant en relief la position commune de l’Afrique lors des prochains rendez-vous internationaux sur la diversité biologique.

A commencer par la réunion de Nagoya (au Japon) en octobre 2010 autour de la Convention sur la biodiversité biologique (COB). Mais, pourquoi la rencontre de Libreville était si importante pour qu’autant de pays africains (28 Etats) s’y fassent représenter ? Certainement que l’on s’est rendu compte du côté africain de la nécessité de s’organiser pour mieux se faire entendre dans les instances internationales relatives de la biodiversité. En cela, la Conférence de Libreville mérite d’être saluée à sa juste valeur. Et c’est le lieu de féliciter le pays hôte, le Gabon qui en a pris l’initiative avec un ferme engagement des plus autorités dont le président Ali Bongo Ondimba.

Ce rendez-vous panafricain en valait la peine. Ne serait-ce qu’au regard du lourd tribut que les Etats africains paient pour la disparition des écosystèmes. En Afrique de l’ouest, les graves inondations auxquelles sont actuellement confrontées les populations nigériennes s’expliquent en partie par l’ensablement du fleuve Niger, perdant ainsi beaucoup de ses espèces vivantes. Au nord du Burkina, il devient de plus en plus difficile pour les habitants de pratiquer l’agriculture à cause de l’avancée du désert, due à la disparition de la végétation. L’Afrique centrale, pour sa part, a perdu en 50 ans, la moitié de ses forêts, qui constituent le 2e massif forestier au monde après l’amazonie. Des espèces animales, comme les éléphants ou les girafes, sont devenues rares dans bien de contrées du continent du fait, essentiellement, du braconnage. Pour toutes ces raisons, Libreville, à la limite, s’imposait pour les Etats africains. Surtout en ces temps périlleux de changements climatiques.

Il fallait bien se rencontrer et voir dans quelles mesures se faire mieux prendre en compte dans les rendez-vous internationaux à venir. Et comme a su bien le relever, Hideki Minamikawa, représentant du Japon, pays hôte de la prochaine réunion des parties de la Convention sur la biodiversité, « Nagoya commence par Libreville ». De ce point de vue, il n’y a pas à redire sur l’opportunité de l’initiative gabonaise.
Ainsi, la Déclaration de Libreville qui en est résulté, engage les gouvernements africains à œuvrer pour la valorisation des services écosystémiques et la biodiversité à travers l’institution de systèmes de comptabilité environnementale, intégrée dans la planification du développement et dans les indicateurs économiques.

En outre, les dirigeants africains sont invités à renforcer l’intégration et la prise en compte de la biodiversité et des systèmes écosystémiques dans les stratégies et politiques intersectorielles, à tous les niveaux, en vue d’accélérer et de faciliter la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement (OMD), ainsi que leur budgétisation. Ce sont là autant d’engagements nobles qui méritent d’être encouragés.

Reste maintenant à s’interroger sur les capacités des Africains à se faire réellement entendre dans les instances internationales de sorte que leurs attentes soient véritablement prises en compte ? Sur la question, les expériences passées n’incitent pas beaucoup à l’optimisme. A 5 ans de la date butoir des OMD, il n’y a pas grand-chose, du côté africain, à présenter comme bilan à l’Assemblée générale des Nations Unies qui se tient depuis hier à New York. Que ce soit dans le domaine de la scolarisation ou de l’accès à l’eau potable, des efforts importants doivent encore être fournis. Ce maigre résultat au niveau de l’atteinte des Objectifs du millénaire pour le développement n’incombe pas qu’aux Africains. C’est vrai qu’ils s’y seraient pris autrement, avec plus de bonne gouvernance, le tableau serait moins sombre. Mais le soutien des bailleurs de fonds n’a pas également été à la hauteur des ambitions de la communauté internationale de réduire de moitié la pauvreté et les inégalités sur la terre. Aussi faut-il souhaiter, pour revenir à Libreville, que les uns et les autres se donnent les moyens pour que les résultats suivent !

Grégoire B. BAZIE

Lefaso.net

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