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Chronique : Les femmes seront-elles à la presidentielle 2010 ?

Publié le vendredi 17 septembre 2010 à 04h17min

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Cinq ans après le 13 novembre 2005, les Burkinabè sont appelés à élire celui ou peut-être celle qui va présider aux destinées de leur pays au cours du quinquennat prochain. Jusque-là, seul le chef de l’Etat, Blaise Compaoré, a déclaré et déposé officiellement sa candidature au Conseil constitutionnel. Son geste va être sûrement imité par bien d’autres postulants à la magistrature suprême. Seulement, l’on retient qu’ aucune candidature féminine n’a encore été enregistrée à ces échéances électorales de très haute portée.

En tout les cas et ce, jusqu’à preuve du contraire, aucun parti politique n’a annoncé une dame pour défendre ses couleurs à ce challenge national. La Constitution consacre à tout (e), citoyen (ne) sans distinction aucune, le droit de jouir de ses droits civiques et politiques. Sans ambages, elle stipule clairement cette garantie : « Tous les Burkinabè sans distinction aucune ont le droit de participer à la gestion des affaires de l’Etat et de la société. A ce titre, ils sont électeurs et éligibles dans les conditions prévues par la loi ».

En dépit de leur engagement indéniable, les femmes hésitent encore pour une raison ou une autre à user et à profiter de cette disposition, même si certaines sont parvenues à se faire une place à l’hémicycle et dans les conseils municipaux.. Or, à l’heure de la célébration du cinquantenaire de l’indépendance, l’histoire de la Haute-Volta et du Burkina Faso ne peut se conter dans toute sa plénitude en occultant le rôle et la place de l’autre moitié du ciel. En pagne ou en pantalon, elle a été et demeure présente à toutes les étapes de la marche nationale aussi bien dans les récits précoloniaux, les luttes anticoloniales, les actions pour les indépendances, que le combat pour la démocratie, le développement économique et social.

Si par le biais de l’éducation dont elles paraissent de plus en plus nombreuses à bénéficier des vertus de la libération des pesanteurs socioculturelles, les femmes éprouvent sournoisement beaucoup de peines à s’affirmer sur la scène politique, force est de reconnaître que leur émergence au sein de leur formation politique, habilement contrôlée par les hommes, est freinée ou découragée par des règles très souvent non écrites.

Conséquence, les femmes burkinabè sont chouchoutées pour jouir beaucoup plus de leur droit d’électeurs que de celui d’éligibles. Elles se voient limitées dans leurs ambitions par des facteurs socioculturels et la bataille ardue et hypocrite que leur mènent les hommes dans les partis.

Electrices potentielles (plus de la moitié de la population du pays), elles sont utilisées par les candidats, convaincus de leur capacité à mobiliser, de leur talent d’orateur et de leur fidélité. Seulement, soit les femmes tiennent la queue ou le tronc des partis politiques mais rarement le sommet. Les formations qui ont osé porter une femme à leur tête se comptent toujours du bout des doigts. Nonobstant tous les efforts déployés par les organisations de la société civile et le combat des braves dames au sein des partis à se hisser au premier rang, les résultats sont loin d’être flatteurs.

La démocratie interne au sein des partis et leur politique de promotion du genre tardent à conduire à un climat sincère de confiance à l’endroit de la gent féminine. Les échappatoires fondées sur des arguments relatifs à la loi sur les quotas battent en brèche car cette avancée politique légale peine à se traduire en actes concrets et à instaurer dans des partis l’esprit de ce texte.

Soit au motif qu’ils rencontrent des difficultés à trouver des candidates, soit que les femmes refuseraient dans leur majorité les responsabilités politiques. Celles-ci estimant leurs épaules trop frêles pour supporter à la fois le poids du foyer, les responsabilités professionnelles et l’aventure dans l’univers politique. Les « Qu’en dira-t-on » soutenus par la survivance à la soumission totale à l’époux sont autant de facteurs suscitant la peur et brisant trop souvent l’élan d’entreprendre en vue d’affronter un monde commandé par les hommes et où la pitié n’a pas sa place.

A quand l’évolution des mentalités si des hommes continuent de croire qu’une femme ne peut les diriger ? Si celle-ci se confine dans ce préjugé et ne parvient pas à se convaincre elle-même de ses capacités et de son ambition à transcender la peur, ce sera une sorte d’abdication de sa part et son avenir politique restera sombre. Il faut que les femmes burkinabè admettent que la politique est un terrain d’engagement personnel où l’on peut relever des défis au même titre que les corps de métier.

Le souci de l’affirmation de soi doit guider les unes et les autres à franchir le Rubicon. Elles y parviendront peut-être un jour si une candidate s’assure de la solidarité de ses concitoyennes. Cette donne est peu évidente avec une gent féminine nationale à la réputation quelque peu ternie par des querelles intestines et l’attachement à des intérêts égoïstes.

L’expérience infructueuse de la regrettée Deborah Nazi-Boni à la présidentielle de 1998, ne doit pas avoir le mauvais effet de dissuader à jamais tous ces grands talents politiques féminins. Chaque génération marque son époque d’une empreinte et les exemples nourriront des rêves et serviront de repères aux jeunes générations. A chaque femme politique de savoir lire le ciel de son temps, et attraper son étoile pour ne pas rater le rendez-vous de l’histoire.

Assétou BADOH

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 17 septembre 2010 à 10:30, par Manitu En réponse à : Chronique : Les femmes seront-elles à la presidentielle 2010 ?

    Article très insuffisant.

    Il faut dire, au Burkina, en 2010, QUI ?

    Citez des noms, donnez les forces et les faiblesses de chacune et analysez. Si vous n’avez pas de nom, cherchez une autre idée d’article. Moi aussi je peux écrire qu’il n’y a pas de candidat jeune (moins de 50 ans), mais qui s’en intéresse ?

  • Le 17 septembre 2010 à 16:34, par Paga En réponse à : Chronique : Les femmes seront-elles à la presidentielle 2010 ?

    Très bon article, la problématique est réelle et bien explorée, mais il est vrai que nous aurions aimé avoir des noms. Je pense à Alice Tiendrébéogo, Juliette Bonkoungou, Alimata Salambéré. Pour l’instant, ce sont celles qui me viennent en tête. J’aimerai savoir ce que vous en pensez ou si vous avez d’autre suggestions.

  • Le 17 septembre 2010 à 21:41, par jean-paul En réponse à : Chronique : Les femmes seront-elles à la presidentielle 2010 ?

    LES TROIS FEMMES CITEES SONT DES FEMMES DU CDP . OR BLAISE EST CANDIDAT !

  • Le 17 septembre 2010 à 21:45, par raoul En réponse à : Chronique : Les femmes seront-elles à la presidentielle 2010 ?

    on voit bien que les femmes ne sont pas intéressées par la politique ; presque pas de femmes dans les partis, elles sont là uniquement pour voter pour le parti au pouvoir au moment des élections quand on leur promet des moulins et autres aides. Pas sérieux ! Et après ça, on veut forcer en leur donnant 30 % de postes. Il fallait attendre l’évolution des moeurs. Moi, si demain, les femmes s’intéressent à la politique, je suis prêt à dire qu’elles doivent être au-devant et même présidente. Mais il faut qu’elles bougent

  • Le 17 septembre 2010 à 22:00, par LPT En réponse à : Chronique : Les femmes seront-elles à la presidentielle 2010 ?

    A ce stade, blaise ne veut pas de candidature féminine car celle-ci pourrait sérieusement lui faire obstacle à travers le vote des femmes. Elles seront beaucoup plus attirées vers la femme candidate. Ce qui pourrait donner des sueurs froides à blaise. Sinon voyez vous, quand on parle du genre (concept à la mode au Faso), blaise aurait pu se faire accompagner par une femme comme il l’a fait dans les années passées avec Frédéric Guirma ou rame ouedraogo. Mais attention, ils n’a pas confiance aux femmes (possible revirement de dernière minute). Conclusion blaise ne voudra jamais affronter une femme qui lui fera perdre son bétail électoral dans un pays où l’analphabétisme règne en maître. Feue Débora Boni (paix à son âme) avait en son temps déposé sa candidature mais a vite fait de la retirer pour une raison officielle qui ne convaint personne : « manque de moyen pour payer la caution » ; Il lui aurait suffit simplement de lancer une quête pour que toutes les femmes au moins lui viennent en aide sans compter les ONG soutenant la cause féminine qui pullulent. Dommage pour les femmes qui, lorsqu’il s’agit des autres élections (municipales ou législatives) s’agitent et se mettent en ce moment aux avant-postes pour réclamer à corps et à cri des quotas comme si elles n’était pas aussi matures pour aller au-delà des municipales et législatives ; comme si leur intelligence était limitée ; comme si elles étaient moins intelligentes que les hommes, Désolé de le dire à contrecœur mes chères mamans mais je ne partage pas votre silence assourdissant dans ce cas précis ; je ne suis pas du tout satisfait de votre léthargie à affronter les hommes notamment blaise pour les présidentielles. Revoyez vos copies mesdames et démantez mon analyse SVP.

    Je parie qu’on ne pourra pas compter le nombre de candidatures féminines aux élections futures au Faso lorsque blaise se retira. Que Dieu nous donne longue vie et vous le constaterez avec moi.

  • Le 18 septembre 2010 à 11:13, par simon En réponse à : Chronique : Les femmes seront-elles à la presidentielle 2010 ?

    aucune femme ne pourrait faire obstacle à blaise !! Qui même ? les femmes sont des moutons qu’on amène le jour du vote pour voter blaise. et les femmes sont trop peu nombreuses dans l’opposition car elles ont peur d’y aller. Il y avait la femme qui a dirigé le PAREN par exemple mais franchement, c’était pas génial. Elle n’avait pas le niveau. boycott, boycott

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