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Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

Publié le jeudi 9 septembre 2010 à 03h03min

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Les Ouagalais passent et repassent sans se poser ou poser des questions sur les travaux qui s’effectuent à la Place de la Nation. C’est normal d’être indifférent à quelque chose dont l’existence n’affecte nullement notre quotidien. Mais l’actuelle Place de la Nation n’est pas aussi anodine que le laissent percevoir les apparences. L’évolution de son nom fait tiquer et ramène en mémoire, l’histoire de notre pays. La Place de la nation mesure environ 2,8 hectares. Elle est située entre le siège de la BCEAO au Nord, Camp Guillaume Ouédraogo au sud, le Mess des sous officiers à l’Ouest et la Caisse nationale de sécurité sociale ainsi que par la Caisse nationale de crédit agricole.

En fouillant des archives pour cerner un plus l’histoire de la place, nous sommes tombés sur un document publié dans les colonnes de L’Observateur Paalga du 2 au 4 septembre 1994. L’article est intitulé « Histoire d’une place » et signé de Lassina Simporé, actuellement Dr en archéologie, enseignant à l’Université de Ouagadougou et Conservateur du site de Loropéni.

La conquête de Ouagadougou par les colons français a commencé au niveau de cette place, alors site abritant le marché Rood-Wooko. Notre historien relate en effet : « Ce 1er septembre 1896, le lieutenant Voulet dont la colonne en marche sur Ouagadougou avait bivouaqué la nuit précédente à Goupana dans les environs de Paabré, dépecha un peleton de 8 tirailleurs sur la capitale du Moogo. Conduits par Biram Mossi, un gourounsi qui s’était engagé volontairement depuis Tombouctou, ces éclaireurs avaient pour mission de voir si le Mogh-Naba avait levé des troupes pour la défense de sa « ville ». Rien apparemment ne semblait avoir été fait.

C’est ainsi que les tirailleurs parvinrent jusqu’au marché Rood-Wooko où la vue des chéchias séma l’émoi parmi les marchands et clients. A ce spectable, le collecteur du marché de l’époque, le nommé Wanda, ancêtre de feu Compaoré Maurice Raagh Naba, se rendit immédiatement chez lui pour les préparatifs de guerre. Son cheval sellé, il prit son fusil et sans regarder ni devant ni derrière, se mit à la suite des tirailleurs qui s’en retournaient vers le lieutenant. (…)

A Tudub-Weogo (sortie Nord-Est), il descendit de cheval, visa, fit feu et abattit la monture d’un des tirailleurs. La riposte fut immédiate : armés de fusils plus perfectionnés, les envoyés de Voulet le cueillirent à bout portant ».

Il y a environ 115 ans, le Raagh Naaba était donc la première victime de la prise de Ouagadougou, et c’est de là que l’histoire de la Place de la Nation va connaître des « éditions » multiples en se moulant aux vicissitudes politiques du pays. Selon l’histoire, l’actuelle Place de la nation était déjà un lieu public à l’époque précoloniale. Avant la colonisation, la place était le siège du marché Rood Woko. C’est avec l’arrivée des blancs que le marché va déménager.

Pendant la période coloniale, elle portait le nom de Place d’Arboussier du nom d’un ancien gouverneur de colonie. Elle était le centre de la ville et servait de lieu d’organisation des cérémonies du 14 juillet.

En 1966, environ 25 000 personnel se sont rassemblée à cette place pour demander le départ du président Maurice Yaméogo et réclamer l’armée au pouvoir. La place prit le nom de Place du 3-Janvier en souvenir de ces événements.

A partir de 1983, elle est rebaptisée Place de la Révolution et ce en souvenir du 4 août 1983. Les révolutionnaires firent construire un monument signe d’hommage aux héros tombés sur le champ de bataille. La construction est facilitée par la Corée du Nord et a coûté environ 50 millions de F CFA.

La Fresque du mouvement traduit le caractère démocratique de la Révolution démocratique et populaire, l’alliance des classes du peuple, l’esprit de vigilance et de l’amour pour le travail libérateur ; le flambeau éclaire la marche du peuple et brûles les ennemis ; l’emblème du CNR est la synthèse des forces qui consolident la révolution.

Avec la fin de la Révolution, la place devient la Place de la Nation. Les concepteurs du réaménagement en cours feront une partition : Le Sud est réservé aux manifestations populaires. Les militaires gardent l’autre partie pour le recueillement. En effet, chaque 1er novembre, les corps militaires s’y rendent pour des hommages aux soldats disparus. Cette cérémonie se tient précisément au pied du monument de la Révolution. Avec la réfection, la Place de la Nation connaîtra une autre édition moulée dans l’histoire politique du moment en attendant que… !

Par M.N

Par Bendré

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Vos commentaires

  • Le 9 septembre 2010 à 05:35 En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

    La Revolution n’ aurait jamais du debaptiser la place du 3- Janvier. Le 3 Janvier est au moins plus consensuel que la Revolution qui n’arrivait meme pas a s’ accorder les violons entre RDP-istes et RNDP- istes. Je ne parle meme pas de nous autres reactionnaires bon teint et fiers de l’ etre parce que nous avions compris que 10 c’est pas mieux que 5. Sauf un Sankara qui se tuait seul a une chose a laquelle sa suite ne croyait guere. Mais en fait, on avait aussi nos raisons d’etre reactionnaires, tout de meme. Nous etions assez bien instruits pour etre actionnaire de ce marche de dupes. Regardez ceux qui nous insultaient hier. Ils sont plus pourris que nous aujourd’ hui a en juger par leurs criteres naifs a l’ epoque. On comprend alors que c’est le peuple, le vrai peuple qui sera toujours cocu par les intellectuels. Tous des faux types assoiffes de pouvoir et qui utilisent le verbe pour arriver la ou ils veulent et s’ enrichir en milliards s’ils le peuvent. C’est pourquoi, a un cetrtain moment, le peuple n’ a plus de boussole. Qui croire ? qui ne pas croire ? Et les listes electorales deviennent desesperement squelettiques meme si cela ne manquera pas de donner des pourcentages plantureux au soir des elections. Meme si 10 personnes sont inscrites sur la liste, il y aura election, foi de Tapsoba, puisque ce qui compte, c’est le pourcentage. Par exemple, si sur 10 inscrits, 8 sont transportes aux lieux de vote, il y a deja 80% d’ electeurs. Ajoutez- y ls manipulations car on n’ organise pas pour perdre(on est en Afrique- la, pas sur Mars, bon sang), et vous allez avoir le tournis, mais c’est un bon tournis. C’est le tournis democratique. Attendons le vote des betes sauvages ! Ah ! Les africains. Ils ne connaissent meme pas les maths, et surtout, les maths electoralistes. La raison est vilaine, l’ emotion elle, est pegre.

    LOP

    • Le 9 septembre 2010 à 23:54, par wend waoga En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

      @LOP ! Mon très cher,à vous lire,vous n’etes pas de ceux qui manquent d’amour pour son pays ! Ce qui me,je l’avoue,dérange,c’est le fait que vous croyiez encore à cet idéal,et de manière aveugle(je suis désolé du therme !),qu’on tend à l’Afrique comme étant forcément la "BIBLE" sans laquelle,elle ne se dévéloppera jamais ! Vous etes-vous jamais penché sur le fait que l’Afrique pourrait avoir besoin d’explorer d’autres alternatives ? Si ce n’est pas trop vous demander,j’aimerais que vous m’expliquiez les raisons qui vous attachent à votre idéal au point que vous peigniez la Révolution d’un ton aussi lugubre !
      Fraternellement !

    • Le 10 septembre 2010 à 20:59, par Ollo En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

      Propos d’un humour caustique, d’autant plus plaisants qu’assumés sans complexe. Le ton est juste et, quant au fond,cela ne manque pas de pertinence... A savourer, vraiment...

  • Le 9 septembre 2010 à 09:47, par Wendlamita En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

    Tout juste pour vous remercier de ce rappel historique qui éclaire notre lanterne.
    Ne serait-il judicieux, pour des raisons historiques et touristiques, de placer, dans un coin de cette place, une plaque qui donne un bref aperçu historique de ladite place ? Je ne sais pas à qui revient la tâche : Au maire de la ville, peut-être, que je félicite de passage pour son action au profit de la ville de Ouagadougou et que j’encourage à aller plus loin, si les moyens le lui permettent.
    Je vais même plus loin. Des mesures pourraient être prises pour que cette histoire, à l’instar de tout fait historique réel et vérifié de notre pays, soit connue de la majeure partie de notre population. Je lance par conséquent un appel à nos chercheurs, nos hitoriens et au Gouvernement de tout mettre en oeuvre dans ce sens.
    Une fois de plus, merci pour cet article et que d’autres similaires puissent suivre.

    • Le 9 septembre 2010 à 20:18, par Tengembiiga En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

      Bonjour à tous. Merci pour ce brillant rappel historique qui, au passage, met en relief le mérite de Dr Simporé. Je souscris aussi à l’idée de la pose d’une plaque commémorative relatant brièvement l’histoire de la place et sa gestion par la mairie de la ville.

  • Le 9 septembre 2010 à 09:52 En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

    "La Place de la nation mesure environ 2,8 hectares". Cela peut être vrai. "Elle est située entre le siège de la BCEAO au Nord, le Camp Guillaume Ouédraogo au sud, le Mess des sous officiers à l’Ouest et la Caisse nationale de sécurité sociale ainsi que par la Caisse nationale de crédit agricole". Là, je ne pense que c’est juste.

    Je crois que vous devriez revoir votre façon de vous orienter car en dehors de la situation Ouest, les autres ne semblent pas vraies.

  • Le 9 septembre 2010 à 09:52 En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

    SVP JE N ARRIVE PAS A COMPRENDRE L ORIENTATION DE LA PLACE

    • Le 9 septembre 2010 à 14:23, par Malick En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

      Il y aura toujours des gens de mauvaise fois. Il faut reternir l’essentiel, qui est ce brilant rappel historique,(une hoistoire enfin raconntée par les nôtres).

      Pour le reste, chacun à Ouagadougou sait où se trouve cette place de la nation. Au pire des cas, n’importe lequel des taxi saura vous y conduire (juste que dans ce caas, il faut lui dire de vous amener à la place de la révolution, il comprendra vite)

      Pour tous les autres, allez-y sur google map !

      L’objectif de cet écrit n’est visiblement pas de vous dire où se trouve cette place (est-ce une insuffisance ?), mais ce qu’elle représente dans l’histoire du pays

      • Le 15 septembre 2010 à 12:18 En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

        Mon cher, c’est pas une question de mauvaise foie ; dans un écrit de ce genre, il faut faire attention à tous les petits détails si vous voulez qu’on vous prenne au sérieux. C’est d’ailleurs cette façon de banaliser les choses qui fait que ça va plus bien actuellement ; pour moi l’orientation est quand même importante car il ne faut pas voir ceux qui connaissent Ouaga et les autres. Peut être qu’il s’agit même d’une erreur de fond et non un lapsus de la part de l’auteur de l’article.

  • Le 9 septembre 2010 à 11:13, par ledésorienté En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

    La Caisse Nationale de Crédit Agricole (CNCA) n’existe plus. Comment voulez vous, que ceux qui n’ont pas connu l’existence de cette caisse puisse se situer. La CNCA a été transformée en BACB (Banque Agricole et Commerciale du Burkina) qui a elle son tour été racheté par ECOBANK. Donc pour situé les lecteurs et particulièrement les ouagalais et ceux qui connaissent Ouaga c’est de les situer par rapport aux infrastructures présentes et non passées, car certains pourraient ne pas se retrouver.

  • Le 9 septembre 2010 à 12:32, par SAKO En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

    DITES SEULEMENT QUE CETTE PLACE SE TROUVE EN FACE DU SIEGE DE BCEAO A OUAGADOUGOU.

  • Le 9 septembre 2010 à 13:02, par prik En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

    Quelques éléments de compréhension à propos l’aménagement de la place durant la Révolution :

    - Monument. La décision de construire ce monument a été prise lors d’une visite de T. Sankara - alors Premier ministre - en Corée du Nord en 1983. Le marbre du monument provient du Togo. On dit que la forme des poteaux peints aux couleurs du drapeau a été dessinée par T. Sankara lui-même, lors d’une visite du chantier (à vérifier).

    - Place. La Chine a participé au financement de l’aménagement de la Place. D’ailleurs, le modèle d’une place inaccessible au public s’observe en Chine et dans les pays de l’ancien bloc communiste. Alors que la place était auparavant un espace de circulation, son aménagement a produit un "espace interdit" (sauf lors de certaines festivités). Cette situation ne semble pas prête de changer, puisque les travaux actuels vont simplement compartimenter la place avec une nouvelle barrière, au lieu d’ouvrir la place aux Ouagalais.

    Voir : Deverin, Y. 1992 : Le corps de la terre ; Simporé, L. 2006 : Histoire de ouagadougou des origines à nos jours.

    A mon sens, il serait préférable de confier la gestion de la place à la commune (comme tous les autres espaces publics), plutôt que de laisser cet espace dans les mains de l’armée.

  • Le 10 septembre 2010 à 00:28, par Le Loup En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

    Au moins, rendez cette place plus belle qu’elle ne l’est actuellement. A lire toutes les assertations sur cette place et ce qu’elle est en realite, c’est le jour et la nuit, et cela est absurde !

  • Le 12 septembre 2010 à 03:27, par Salomon En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

    Nous sommes gouvernés depuis 1966 sans discontinuer au plus haut sommet de l’Etat par...DES MILITAIRES !!! Entre temps, la Révolution de 1983 les a fait quitter de leurs responsabilités premières et classiques, comme un fleuve en cru, an gram dam du peuple qui a souffert et souffre toujours de cette cohabitation forcée avec ceux qui utilisent nos impôts pour nous mater, voler nos femmes, et vivre maintenant en toute impunité des salaires (des deals) onusiens, tout en conservant leurs avantages locaux ainsi que leur retraite. Et si on parle, ils vous descendent au 12.7 sur le site, et quand ils vous localisent, ils le font...in vivo ! Quand ils font une mutinerie, on appelle les traditionnels et autres intercesseurs moyennant quelques valises d’argent pour "calmer" les esprits, on dédommage en cachette les victimes, et on en reste là, sans poursuites en justice et sans radiations. Maintenant, ils veulent re-lotir ouaga en commençant par ce symbole fort de notre histoire hélas commune !...

    Je pourrais continuer ainsi, si je ne pensais à la mémoire de tous ceux qu’ils ont exécutés "cadeau", tant du dedans que du dehors. Mes frères et mon père seront de toutes façons vengés un jour !

  • Le 13 septembre 2010 à 21:07, par Point X En réponse à : Place de la Nation : Et les militaires décident de son partage

    Je pense que vous devriez faire des efforts au niveau de l’orientation par rapport aux quatre points cardinaux. A mon sens, la BCEAO se trouve au Sud de la place des nations et non au Nord comme ce qui est dit dans votre article. Le camp guillaume est au Nord,la caisse nationale de sécurité sociale à l’Est et le Mess des Officiers à l’Ouest.
    CORRIGER DONC CELA AFIN DE NE PAS INDUIRE NOS ENFANTS EN ERREUR ET SE MOQUER ENCORE D’EUX EN APPELANT "PERLES" lors des examens.

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