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MENAGES BURKINABE : Ces prêts qui empoisonnent la vie

Publié le mardi 7 septembre 2010 à 02h01min

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C’est le moment des angoisses pour les parents. La rentrée scolaire pointe à l’horizon, pour ne pas dire qu’elle est déjà là. Comment payer la scolarité des enfants, leurs fournitures et pour certains acquérir un moyen de déplacement ? Autant de charges qui dépassent bien souvent les revenus de la majorité des Burkinabè. Que faire ? Les prêts scolaires deviennent alors la solution. Plusieurs mois avant la rentrée, les banques et les établissements financiers, qui connaissent les difficultés de leurs clients à financer l’éducation de leurs rejetons, ont commencé à faire la promotion de leurs produits. Comme chaque année, ce sera difficile pour les parents de résister à la tentation au regard de leurs maigres revenus. Et l’engrenage va continuer.

Il faut cependant féliciter ceux qui utilisent vraiment les prêts scolaires pour l’éducation de leurs enfants. Dans plusieurs cas, cet argent va servir à des besoins alimentaires et le problème initial va rester en l’état. Cela est aussi vérifiable pour les prêts ordinaires dont l’objet est souvent détourné par les bénéficiaires. Conséquence : ce cycle infernal est la cause aujourd’hui du surendettement de nombreux ménages qui ne savent plus d’où viendra leur salut. Et les drames ne sont pas loin, quand un décès survient parce que la famille doit se saigner pour éponger les dettes du regretté. Et que dire de ces cas sociaux, ces chefs de famille qui croulent sous le poids des prêts des banques et qui ne peuvent plus assurer le minimum vital à la maison ?

Si de telles situations perdurent, c’est que certaines personnes se sont convaincues qu’il est impossible de vivre sans prêt bancaire. "Advienne que pourra, on est dedans", proclament-elles sentencieusement. Et puisque les crédits pour toutes les situations existent (fêtes, évènements sociaux…), c’est la porte ouverte aux abus. Dans ces cas, les prêts ne sont pas rentables puisqu’ils ne font qu’augmenter le fardeau de leurs bénéficiaires. Loin de nous l’idée de diaboliser les crédits. Dans ce domaine, il faut absolument avoir du discernement et de la mesure. Pourquoi s’endetter encore et encore quand cela va mettre en péril votre vie de famille ? Et que dire de ces crédits informels chez le boutiquier du quartier ou chez les usuriers ? Il arrive même que certains boivent la bière à crédit ... Soyons sérieux.

En tous les cas, quand il s’agit de dépenser, c’est le miel ; quand le moment de rembourser arrive, c’est le fiel et c’est souvent douloureux. C’est pourquoi il faut savoir raison garder pour éviter de s’empoisonner la vie en entrant dans le cycle infernal des prêts. Cette situation des ménages, qui traduit leur extrême fragilité, doit aussi interpeller les autorités. Il faut oeuvrer à y trouver un remède dès maintenant, avant qu’il ne soit trop tard. Les crises du crédit survenues aux Etats-Unis et en Europe n’ont pas eu lieu sur une autre planète. Elles peuvent nous frapper aussi un jour.

SIDZABDA

Le Pays

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