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Fonds pour la lutte contre le Sida : Ces détournements qui donnent raison aux bailleurs

Publié le mardi 7 septembre 2010 à 02h01min

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Prenant part à la 18e Conférence internationale sur le Sida, tenue à Vienne en juillet dernier, pour le compte de la Fondation qui porte son nom, l’ancien président américain Bill Clinton affirmait : « Dans beaucoup de pays, beaucoup trop d’argent va à trop de gens qui vont à trop de réunions, qui prennent trop d’avions pour faire trop d’assistance technique ».

Pour lui, il y a lieu de diminuer le montant de l’aide et d’utiliser efficacement l’argent alloué à la lutte contre la pandémie. Son compatriote et homonyme Bill Gates, qui gère aussi une Fondation (Bill et Melinda Gates Fondation), lui, parle d’« optimisation » des fonds existants. Ils ne croyaient pas si bien dire, l’actualité sous nos tropiques sur la question ne laissant aucune possibilité d’avancer des arguments contraires.

Tenez ! Des centaines de millions, voire des milliards de nos francs qui étaient destinés à la lutte contre le mal du siècle au Mali par le Fonds mondial ont pris subrepticement une autre direction. Pour mémoire, ledit Fonds créé en 2002 à l’initiative des Nations unies, est chargé de collecter et de redistribuer des capitaux pour aider les pays pauvres à traquer le Sida, le paludisme et la tuberculose.

Des détournements qui se montent à plusieurs centaines de millions de FCFA ont d’abord été décelés dans la gestion des fonds mis à la disposition du ministère malien de la Santé dans le cadre de la lutte contre les pathologies ci-dessus citées. Les fraudeurs procédaient ingénieusement par décaissements illégaux et par falsification de chèques.

L’affaire dans l’affaire, le bureau de l’inspecteur général, structure d’enquête du Fonds mondial qui a débarqué à Bamako, a ensuite analysé les comptes et parcouru le Mali pour finalement découvrir que des médicaments censés être sur le terrain ne le sont pas, que des marchés fictifs ont été passés, que des achats effectués ont été surfacturés.

A en croire le procureur au pôle économique et financier de Bamako, Sombé Théra, au total 55 000 documents attestant des malversations existent. Le gouvernement malien a saisi la justice pour que la lumière soit faite sur l’arnaque.

Une dizaine de personnes suspectes a déjà été arrêtée, dans l’attente d’une interpellation éventuelle de « gros poissons ». La présidence malienne soutient, pour sa part, que « personne ne sera protégé ».

Ce qui se passe au Mali voisin n’est pas un cas isolé. Dans de nombreux pays africains, le détournement de fonds est devenu un sport national. Pour le cas précis du Sida, les associations de lutte qui se créent à tour de bras ne sont, pour la plupart, que des regroupements de copains pour mieux engloutir les financements des bonnes volontés occidentales, au nom et au détriment de victimes laissées à leur triste sort.

L’argent du Sida, comme on le dit assez trivialement, nourrit plus certains aujourd’hui qu’il ne soigne les malades. Les « humanitaires », qui disent s’investir dans le service à leurs frères, trahissent parfois leurs vraies intentions par des comportements ostentatoires, narguant les bonnes gens.

Que de bunkers et de véhicules 4x4 acquis à titre personnel grâce aux briques soutirées dans les enveloppes gracieusement remises par les bailleurs de fonds !

Le moins que l’on puisse dire est que ces comportements répréhensibles finissent d’apporter de l’eau au moulin des généreux donateurs, qui ont décidé de réduire le montant de leur aide pour réagir au non-respect par certaines ONG contractantes de leurs obligations lors des programmes d’aide précédents.

La décision du gouvernement du Mali de secouer le cocotier, si elle est suivie d’effets, pourrait peut-être faire école sous d’autres cieux. La menace brandie, les indécrottables « prédateurs » n’auront alors qu’à bien se tenir.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 7 septembre 2010 à 06:25 En réponse à : Les rapaces

    Maudits negres,

    vous mourrez comme des criquets. Le Sida tue plus les Negres. On vous donne de l’argent pour combattre la maladie et vous detournez les sous pour construire a Ouaga 2000.
    J’avais un prof a Montreal qui disait que les dirigeants negres n’etaient plus de simples voleurs mais de vrais RAPACES. Le mot RAPACE m’a fait rire en son temps mais c’est effectivement le terme qui convient pour nos ministres et directeurs de projets et d’ONG.

  • Le 7 septembre 2010 à 09:48, par TOYADALA En réponse à : Fonds pour la lutte contre le Sida : Ces détournements qui donnent raison aux bailleurs

    Cest plus à Monsieur OUERAOGO, l’auteur de l’écrit que je compte m’adresser !
    En voyant son titre je me suis empressé de le lire et que ne fût pas ma déception !
    Avez vous oublié la parole d’évangile qui nous recommande de nous occuper de nos propres problèmes et de laisser les autres aussi gérer leurs problèmes ?!
    M. OUEDRAOGO, je vous assure qu’il y a beaucoup plus de choses à dire sur la gestion des fonds alloués aux "3 luttes" chez nous que chez le voisin qui d’ailleurs a déjà entrepris des initiatives forts louables ! Alors, parlons plutôt de nos problèmes. Le Burkina est loin d’être un exemple en matière de gestion de fonds de projet.
    Dites moi M. OUEDRAOGO, Pourquoi la Présidence du Faso comme par coincidence a t-elle décidé de ne plus s’occuper du SIDA et a enfin compris que cela relève du département de la Santé ? Peut - être allez vous me dire qu’ils n’ont plus le temps parce que occupés à résoudre des crises encore chez les autres !?
    C’est bien beau d’aider les autres comme le dit aussi une parole biblique ; mais M. OUEDRAOGO, croyez moi, les autres ne sont jamais loin. Regardez juste chez votre voisin de quartier, dans les rues à Ouaga ou même chez vous au village ; Ils sont là ces autres qu’on doit aider. Laissons les maliens résoudre leurs problèmes maliens comme nous le recommandaient les ivoiriens pour leur crise "ivoiro-ivoirienne". Amicalement.

  • Le 7 septembre 2010 à 11:03, par Razo En réponse à : Fonds pour la lutte contre le Sida : Ces détournements qui donnent raison aux bailleurs

    Pour ce qui est du FASO, je crois que c’est pire qu’au Mali. L’autre pire, c’est que cette méga structure est directement rattachée à la Présidence du FASO, répaire ô combien sécurisé de plusieurs grands dealers ! Il y a tellement à dire, que le cadre douillet de "lefaso.net" ne saurait suffir ; puisse seulement les nombreux morts (par manque de soins détournés) les attendre de pied ferme dans l’au-délà, et fondre sur eux une fois leur arrivée confirmée par le vol d’aller simple de la MORT !

    Le sida buisness a tellement nourrit des rapaces que l’on a eu droit à toutes sortes d’associations, d’activités, ou de réalisations bidons en même pas dix ans ; je ne parle même pas du tryptique "villas -voitures-argent" !

  • Le 7 septembre 2010 à 12:51, par ossiou 2 En réponse à : Fonds pour la lutte contre le Sida : Ces détournements qui donnent raison aux bailleurs

    BONJOUR,
    je réagis aux propos de mr Toyadala....
    je ne suis pas d’accord avec vous : nous ne pouvons pas ètre informés tous en mème temps de la mème chose....MR ouedraogoa fait part de ce qu’il sait...qu’importe que ce soit à BAMAKO ou à OUAGA...c’est le meme fonds mondial,les mèmes donateurs.Vous,n’avez qu’à dire ce que vous,vous savez de la gestion au Burkina...ce sera VOTRE CONTRIBUTION et cela fera avancer le débat...si non empecher ou reprocher à Mr Ouedraogo de dire ce qu’il sait d’autrui et d’ailleurs,est contre productif...alors soyons tolérant et coopératif....
    En effet,concernant le Burkina ce ne sera pas la 1ère voix qui denonce la mauvaise uitlisation des fonds /VIH/SIDA....les acteurs sur le terrain -de bonne foi-ont dit qu’il y avait tellement de réunions et séminaires qui engloutissaient Ces fonds,au point qu’ils doutaienet qu’il en reste assez pour les mamlades-les vrais benificiaires.....on a mème mis un officier superieur à la tète de l’institution...pour disuader...ou rassurer ...ou en guise d’integrité..!!! en lieu et place du Ministère de tutelle...??? un projet avait il besoin d’un tel siège à OUAGA...???
    Mais,Regardez bien ,il n y a jamais eu autant de riches dans cette filière depuis la Haute volta que maintenant....des fontionnaires et non des opérateurs économiques... Si le Burkina se décide à faire le balayage comme le Mali(il faut du Courage ),peut ètre que nous serons plus instruits....A chacun son role...dans la republique...mais le citoyen lamda a le droit de savoir..et n’attend qu’on montre patte blanche..mème s’il reste impuissant...Dieu ,-lui-, veille et retribuera CHACUN de ce monde.
    OSSIOU 2

  • Le 7 septembre 2010 à 19:04, par Charly En réponse à : Fonds pour la lutte contre le Sida : Ces détournements qui donnent raison aux bailleurs

    Merci de Faire des Commentaires à chaque publication sur la lutte contre le VIH/SIDA dans nos différents pays.
    Il serait bon que ceux qui participent aux débats soient des acteurs de la lutte afin que leurs contributions permettent une avancée dans ce combat.
    Sinon l’on donne toujours l’occasion à ceux ou celles qui n’ont jamais apporté leur pierre au combat de faire sortir leur haine.
    Il faut savoir que toutes les constructions, les vehicules dont vous parlez font partie des budgets negociés avec les mêmes partenaires avant l’éxécution desdits budgets. Tous les partenaires sérieux suivent la gestion de leurs fonds.Si vous detourner un rond ils arretent leur apppui.
    Les Maisons qui sont construites par les acteurs de la lutte font partie de la bonne gestion des salaires qu’il recoivent car chacun ou chacune dans la vie vit de son activité. C’est le cas du Croque mort, c’est le cas du vendeur de cerceuil, c’est le cas du barman, c’est la vendeuse de bouillie ou de galettes et j’en passe..........
    Arretez de tout voir en noir !!!!!!!!!!!
    Il ya des detournements certes mais il ya aussi des hommes et des femmes qui font ce travail avec honnetété et intègrité.
    Dans vos quartiers il ya des voleurs, est ce pourtant que tous les gens du quartier sont des voleurs ? Assurement non !
    Ayez du bon sens et éviter de tout voir en Noir.
    Il ya des personnes qui vivent aujourd’hui et qui doivent leur vie sur terre au travail des associations.
    Dans vos commentaires sur la lutte contre le VIH/SIDA tenez toujours compte du sens des contraires. Car dans la vie il y a les gens biens et il y a aussi les gens mauvais.
    Sachez que ceux qui travaillent dans la lutte peuvent faire autre chose si le Sida n’existe plus.
    Ce sont des entrepreneurs donc capables d’innover !!!!!!
    Qaund les journalistes posent le problème de corruption , c’est pour interpeller et sensibliser les acteurs à plus de précaution et de rigueur dans la gestion des fonds alloués. Evitez d’utiliser cela pour proférer des injures et traiter tout le monde de Paria.
    Mes salutations cordiales.

    • Le 8 septembre 2010 à 00:42 En réponse à : salaires ONG injustes

      Je me demande pourquoi les salaires dans les ONG sont 5x plus importants que les salaires de la fonction publique. Le travail sur le terrain n’est intellectuellement pas 5x plus dur que le travail d’un fonctionnaire. Si les gens creent des ONG, c’est la faute des bailleurs de fonds qui depuis 50 ans et sous le couvert de l’aide aux pauvres et au developpement, ont habitue les agents a des salaires de 400 milles/mois (miniumum) et aux avantages en nature (4x4, indemnite logement...).
      Vraiment, nous allons regretter Tom Sank toute notre vie. Il avait appris aux Burkinabes a refuser l’aide au developpement et les credits du FMI et de la BM. Tom Sank etait un visionnaire sur ce plan.

    • Le 8 septembre 2010 à 17:40, par Razo En réponse à : Fonds pour la lutte contre le Sida : Ces détournements qui donnent raison aux bailleurs

      Monsieur Charly trouve peut-être normal que l’on puisse s’offrir une villa à Ouaga 2000 juste parce qu’on a eu la baraka de travailler dans le VIH ? Si c’est le cas, on va tous y venir, car même en travaillant HONNETEMENT dix ans sans désemparer dans l’administration publique, ce n’est pas possible !! Il y a donc un PROBLEME quelque part : où les salaires sont exhorbitants et disproportionnés (et c’est grave par rapport aux soins des malades, destinantion majeure sinon première), où pire encore, il y a des DEALS gros comme ça (missions, perdiems, ateliers, relectures, séances en tout genre, panels, ... avec à côté tous les vices en dessous de la ceinture), et c’est cela que nous voyons le plus ! Dans les deux cas, (là il y a deux cas !), le COUAC est là !! Où est le filon, genre "césame ouvre-toi ?"

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