Depuis 2009, la section Houet du SYNTHSA organise régulièrement des grèves pour réclamer de meilleures conditions de travail au CHUSS. Damoudo Bahan, Secrétaire général (SG) de ce syndicat et ses camarades disent constater avec regret un dysfonctionnement des services dans le deuxième établissement sanitaire le plus important du pays. Ils pointent du doigt un plateau technique vétuste et inopérationnel, un manque de personnel spécialisé, un paiement irrégulier des émoluments des médecins et d’autres insuffisances.

C’est ainsi que les 17 et 18 août derniers, ils ont, comme à leur habitude, marqué un arrêt de travail pour attirer l’attention des autorités locales et la direction générale du CHUSS de « l’impossibilité de réaliser un minimum d’examens de laboratoire et de radiographie standard » dans la structure sanitaire. Au deuxième jour du mouvement, le cri d’appel des travailleurs a été entendu par le ministère de la Santé qui a dépêché une mission à la rencontre des syndicalistes et des premiers responsables de l’hôpital.

« Au cours de la rencontre, le ministère, ayant conscience des enjeux de la célébration du cinquantenaire et du rôle important de l’hôpital, a décidé de débloquer plus de 600 millions de F CFA pour remédier un tant soit peu aux problèmes du CHUSS que nous n’ignorons pas », a confié le directeur de l’hospitalisation et de la qualité des soins, Dr Alexis Rouamba, par ailleurs intérimaire de la directrice générale (DG), en congés.

Selon lui, le montant acquis servira à acheter des équipements médico-techniques, à rénover les bâtiments et à agrandir les urgences des différents services. A l’entendre, cette aide s’ajoute à celle promise par l’Organisation Ouest-Africaine de la santé (OOAS) qui envisage doter l’hôpital d’équipements à hauteur de plus de 22 millions de F CFA.

Le SYNTHSA/Houet toujours sceptique

Aussi ces soutiens viennent-ils en appui aux efforts consentis depuis 2009 par la direction de l’hôpital qui, selon le Dr Rouamba, a investi plus de 150 millions pour améliorer la qualité des services. Il en veut pour preuve l’acquisition de bistouris électriques, d’aspirateurs, de moniteurs de surveillance de malades et d’un autoclave d’un coût de plus de 50 millions de F CFA au profit du bloc opératoire.

Ayant assisté de bout en bout à la rencontre avec la mission venue de Ouagadougou, le SG de la section Houet du SYNTSHA se réjouit du soutien financier du ministère de la Santé mais reste sceptique. « Pour nous, ce ne sont que des promesses. Nous attendons de voir clair sur le terrain », a-t-il soutenu. « Non ! Ce n’est pas une promesse.

Les 600 millions de F CFA ont été déjà débloqués et les démarches pour la réalisation des travaux ont même commencé. Tout ce qui est prévu dans le cadre de l’acquisition de cette somme sera réalisé avant la célébration du cinquantenaire », rétorque le Dr Rouamba. Quoiqu’il en soit le SG la section locale du SYNTHSA estime que la résolution de leurs points de revendication n’excède pas un taux de 40% et que de « sérieux » problèmes demeurent.

Parmi ces préoccupations, il cite le manque toujours criant de personnel, de maintenanciers « dignes de ce nom » pour l’entretien du plateau technique et les multiples pannes du nouvel autoclave du bloc opératoire installé en janvier 2010. Soulignant que la direction générale est consciente de ces problèmes, le DG par intérim, le Dr Rouamba évoque tout de même des « limites objectives » sur la question de la maintenance et des pannes répétées de l’autoclave. « Pour la maintenance, il y a un problème d’expertise au plan national. Nous ne disposons que d’un personnel qui fait de la maintenance de base.

Quand il y a une panne sérieuse, nous sommes obligés de nous référer à Ouagadougou ou ailleurs et cela met du temps pour la réparation », a-t-il laissé entendre. A propos des pannes de l’autoclave, le Dr Rouamba a révélé qu’il n’y a pas longtemps que le véritable problème a été détecté, un problème qui, de son avis, se situerait au niveau du filtrage de l’eau par l’appareil. Et de relever que la direction générale s’emploiera à trouver une solution idoine à la panne de l’autoclave.

Malgré les difficultés, le Dr Rouamba trouve que le CHUSS fait la fierté de la sous-région avec son scanner à 6 barrettes qui, toujours fonctionnel, soulage de nombreux malades. Après tout, il trouve que les problèmes ne peuvent pas manquer au CHUSS qui, tout comme les autres établissements sanitaires, est confronté à un souci de financement. « Cette situation ne facilite pas une politique de renouvellement des équipements médicaux. Ceux dont dispose l’hôpital datent des années 90 », regrette, de fait, le Dr Rouamba.

Toujours pas satisfaits et n’affichant pas un certain optimisme par rapport à leurs points de revendication, les membres du SYNTSHA n’entendent pas baisser la garde. « Tant qu’il n’y aura pas de changement notable, nous continuerons la lutte », a affirmé le SG du syndicat. Le Dr Rouamba dit prendre note de la justesse de la lutte des syndicalistes, mais les invite à travailler main dans la main avec la direction pour le bon fonctionnement du CHUSS.

Kader Patrick KARANTAO, Mamadou Birgui et Fatoumata Coulibaly

(Stagiaires)

Sidwaya