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Enok Kaboré, chef du Centre météorologique : “Tant qu’on n’est pas sorti de l’hivernage...”

Publié le mercredi 1er septembre 2010 à 23h06min

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Le 1er septembre 2009, une pluie diluvienne s’abattait sur la capitale burkinabè. Sous 6 heures de pluie, les Ouagalais avaient d’autres préoccupations que d’aller au travail : réorganiser leurs ménages que la furie des eaux avait envahis. A la veille de l’anniversaire de cette amère expérience climatique, quoi de plus normal que de contacter un spécialiste des précipitations pour apaiser les esprits ? Aussi avons-nous rencontré, le 31 août 2010, le chef du Centre météorologique principal de Ouagadougou, Enok Kaboré, à son bureau. Quelle quantité d’eau a-t-on recueillie depuis le début de la saison pluvieuse 2010 ? A quelles situations climatiques s’attend-on ? Peut-on prévoir avec efficacité les calamités climatiques ? Ce sont là, entre autres, les questions évoquées.

Un an après le 1er-Septembre, on assiste à de fortes pluies ces derniers temps. Est-ce qu’on peut avoir une idée des indices pluviométriques que vous avez relevés ?

• L’année 2010 jusque-là est assez bien arrosée, eu égard au cumul des précipitations enregistrées depuis le 1er jusqu’au 30 août 2010. On remarque qu’en dehors des régions de l’Est et de l’Ouest, les autres stations connaissent des précipitations excédentaires. Déjà, la seule station de Bogandé enregistre les hausses les plus importantes (voir encadré) par rapport à la normale 1971-2000 (+259mm) et l’année 2009 (+97 mm). Comparativement au record exceptionnel du 1er septembre 2009 qui est marqué par 263 mm d’eau entre 4h et 11h, nous n’avons pas encore recueilli un tel volume d’eau.

Qu’en est-il de la pluie du 31 août dernier ?

• Disons que cette pluie a intéressé la plupart des stations du pays, exception faite de celles de Dédougou et de Boromo. On pourra, en guise d’illustration, citer Dori avec 0,2 mm ; Ouagadougou : 49 mm ; Pô : 53 mm ; Gaoua : 43 mm.

Cette fois-ci encore, doit-on redouter un surplace de nuages qui serait la cause des pluies diluviennes de septembre dernier ?

• J’estime qu’il n’est pas aussi aisé pour nous de prévoir si oui ou non nous serons confrontés à une situation aggravante comme celle de septembre 2009 ; néanmoins, on peut retenir que tout peut arriver d’un moment à l’autre tant qu’on n’est pas sorti de la saison pluvieuse.

Après le déluge, d’aucuns auraient remis en cause votre capacité à prévoir une telle intempérie. En tant qu’expert, que leur rétorquez-vous ?

• Effectivement, on a été la cible de toutes sortes de critiques par rapport à la situation, mais nous avions expliquer à l’époque que le Centre météorologique de Ouagadougou l’avait bel et bien prévu. Cependant, ce qui nous manquait, c’était la possibilité de déterminer l’intensité et la quantité d’eau qui allait tomber. Malheureusement, jusqu’à la date d’aujourd’hui nos équipements et technologies ne nous permettent pas de déterminer à l’avance le volume d’eau qu’une pluie peut engendrer. Aussi, nous n’avons que six ingénieurs par rapport au Maroc qui en a plus de 250. Ce qui nous complique davantage le travail.

Après avoir vécu une expérience amère des précipitations, peut-on dire qu’on sera à l’abri d’éventuelles surprises du genre grâce à votre service ?

• Le service de la météorologie est en train de faire des efforts pour que les prévisions soient beaucoup plus maîtrisées. La preuve en est que cette année, nous avons prévu qu’il aura des extrêmes au niveau des stations nationales. Nous sommes conscients de la situation et nous nous exerçons dans la mesure du possible pour ne plus être désagréablement surpris.

Quelles sont les prévisions météorologiques pour le reste de la saison ?

• Cela relève d’une question beaucoup plus climatique à laquelle nous avons une équipe à la direction de la météorologie qui s’occupe. A notre structure ici, au Centre météorologique, nous faisons des prévisions seulement à courte échéance, valables pour 48h. Donc vous convenez avec moi que c’est un peu hasardeux pour nous de faire une prévision saisonnière.

Propos recueillis par Dramane Guéné (Stagiaire)


Situation pluviométrique 2010 : Les quantités d’eau recueillies du 1er janvier au 30 août 2010 sont les suivantes :

Dori : 830 mm ; Ouahigouya : 533 mm ; Ouagadougou aérodrome : 622 mm ; Dédougou : 588 mm ; Fada : 291 mm ; Bobo-Dioulasso : 569 mm ; Boromo : 803 mm ; Pô : 707 mm ; Gaoua : 614 mm ; Bogandé : 958 mm.

Comparativement à la normale pluviométrique 1971-2000, on a :

+66 mm à Dori ; +73 mm à Ouahigouya ; +12 mm à Dédougou ; +34 mm à Boromo ; +119 mm à Pô ; +155 mm à Gaoua ; +259 mm à Bogandé
43 mm à Ouagadougou aérodrome ; -76 mm à Fada N’Gourma ; -52 mm à Bobo-Dioulasso.

Comparativement à l’année dernière (2009) on a :

+173 mm à Dori ; +101 mm à Ouahigouya ; +46 mm à Ouaga ; +146 mm à Pô ; +68 mm à Gaoua ; +97 mm à Bogandé
84 mm à Dédougou ; -70 mm à Fada ; -145 mm à Bobo ; -80 mm à Boromo.


Commentaire :

Les régions nord et nord-est et centre et sud connaissent des excédents par rapport à la normale et à l’année 2009, tandis que les régions est et ouest connaissent un déficit. La station de Bogandé enregistre les hausses les plus importantes par rapport à la normale et 2009 (respectivement +259 et +97).

Source : Centre météorologique principal

L’Observateur Paalga

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