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CÔTE D’IVOIRE/FRANCE : Le dégel par petites touches ?

Publié le mercredi 1er septembre 2010 à 23h06min

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Le lycée français d’Abidjan avait un hôte de marque dans ses murs le mardi 31 août dernier. Le président Laurent Gbagbo, himself, a procédé à l’inauguration de l’infrastructure, saccagée en novembre 2004 lors des manifestations anti-françaises. Un signe parmi d’autres, des relations difficiles que la Côte d’Ivoire et la France entretenaient à l’époque. Car, à cela s’ajoute le fait que le Palais de Yamoussoukro n’a jamais pardonné aux Français la destruction de la flotte aérienne ivoirienne. De leur côté, à cause du sentiment anti-français grandissant, beaucoup d’hommes d’affaires de l’Hexagone (dont certains ont vu leurs biens partir en fumée) sont rentrés au bercail, pour éviter de subir à leur tour le courroux des "Jeunes patriotes". En inaugurant le lycée français d’Abidjan, Laurent Gbagbo tourne-t-il une page tumultueuse des relations bilatérales entre les deux pays ?

En tout cas, sa présence au lycée français d’Abidjan est un symbole suffisamment fort pour être souligné. Après des années de brouille, un tel acte de l’enfant terrible de Mama vaut certainement son pesant d’or. En tout état de cause, si l’intention de Laurent Ggagbo est de tirer un trait sur les violentes scènes de ménage entre Paris et Yamoussoukro, l’établissement scolaire est bien choisi. Faut-il croire que le chef d’Etat ivoirien s’emploie à agir par petites touches ? Si tel est le cas, la voie vers le dégel est-elle ouverte ? Réalisme économique oblige, la Côte d’Ivoire a choisi de redonner confiance aux investisseurs économiques par des opérations de charme. Les petites et moyennes entreprises (PME) ont fait leur retour au pays de Houphouët Boigny et ce n’est pas pour déplaire à Laurent Gbagbo. Cependant, si les choses rentrent progressivement dans l’ordre sur le plan économique, le dialogue politique, lui, est au point mort, tant les divergences entre les deux pays sont profondes.

Qu’on se rappelle l’absence du président ivoirien à la fête nationale française, le 14 juillet. C’est dire si des contentieux entre la Côte d’Ivoire et la France subsistent. Mais, dans une dynamique de normalisation, il est possible que tous les sujets qui fâchent soient débattus après la tenue de l’élection présidentielle ivoirienne. Chat échaudé craint l’eau chaude, comme le dit l’adage. L’ancienne puissance colonisatrice, qui a certainement beaucoup appris de Laurent Gbagbo et de son système, sait désormais les limites à ne pas franchir. D’autant que Gbagbo n’a peut-être pas dit son dernier mot. Le personnage est en effet si insaisissable qu’avec lui, la France a tout intérêt à aller avec la manière douce. En somme, la présence du numéro 1 ivoirien au lycée français d’Abidjan n’est pas, à proprement parler, une fin en soi. Pour que l’axe Yamoussoukro-Paris se porte à nouveau à merveille, il faut plus que l’inauguration d’un lycée français.

Par Dayang-ne-Wendé P. SILGA

Le Pays

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