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Place de la Nation à Ouagadougou : Un aménagement de démilitarisation ?

Publié le mercredi 1er septembre 2010 à 09h48min

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Le monument de la Place de la Nation

En prélude à la célébration du cinquantenaire du Burkina Faso en décembre prochain, la Place de la Nation à Ouagadougou est en train de faire peau neuve. L’armée chargée de la maitrise d’ouvrage met véritablement le cœur à l’œuvre. A notre grande satisfaction. Car s’il y’a bien une place qui fait saliver n’importe quel aménageur à Ouagadougou, c’est bien la Place de la Nation, aboutissement de l’une des plus intéressantes perspectives urbaines de la ville.

Cette perspective qui prend source à la Pédiatrie Charles de Gaulle pour emprunter le Boulevard du même nom est un temps visuellement interrompue par le Premier Ministère puis par le Rond Point des Nations Unies. Mais on est toujours impatient de connaitre l’aboutissement de cette perspective lorsque…en y arrivant on découvre un totem : inaccessible, fermé toute l’année. Une Place de la Nation, inaccessible à la Nation, sauf à de très rares occasions(fêtes Musulmanes, concerts gratuits, etc.), comme une place forte, militarisée (non à cause de son voisinage constitué essentiellement d’équipements militaires appelés tôt ou tard à être délocalisés) mais à cause de ce caractère inaccessible, de ces chaines qui la ceinturent.

SUR LE PLAN URBANISTIQUE

Cette situation est paradoxale à plus d’un titre. Il faut brièvement rappeler que la place n’est pas qu’un vide entre des bâtiments mais un véritable espace public qui a, sous les ères, joué des fonctions essentielles : l’agora grec centre de grands débats, le forum romain plus festif, la place médiévale ou place des trois pouvoirs réunissant l’hôtel de ville, le marché et la cathédrale, etc. La place a donc toujours été un véritable espace de réunion, d’échanges, de réjouissance dans la ville. Aujourd’hui encore de nombreuses places font l’objet de concours internationaux et motivent les plus grands aménageurs. Dans le cas de la Place de la Nation, il s’agit d’un cas doublement paradoxal : il s’agit d’un fond de perspective non valorisé et d’une place sans fonction publique continue.

SUR LE PLAN SYMBOLIQUE

De la Place de la Révolution, elle est devenue Place de la Nation, tout comme le Burkina Faso est passé de régimes d’exception à un régime démocratique. Malheureusement la Place n’a toujours pas été démilitarisée et restituée à la Nation qui puisse la fréquenter de jour comme de nuit à l’image de places célèbres comme Jemâa el-Fna de Marrakech et bien d’autres. Le Burkina est différent de ces pays et c’est tant mieux : nous avons notre culture, notre histoire, nos rêves propres à nous. Mais une de fois de plus hélas, on a l’impression que la Place de la Nation ne relate rien de tout cela. Ou serait-ce la traduction d’un régime démocratique qui ne serait que de façade et garderait attachée avec des chaînes à l’image de cette place, la Nation entière ?

PEUT ETRE…

Peut être faut-il valoriser ce fond de perspective par une symbolique visible depuis les portes du Premier Ministère voire la Pédiatrie Charles de Gaulle. Peut être cet élément symbolique qui n’est pas forcement une tour aux couleurs nationales se pourrait cumuler des fonctions et être en même temps la rue marchande du FESPACO (grande vitrine du Burkina) et donc bénéficier à ce titre d’aménagements adéquats. Peut être également la Place de la Nation pourrait être une place marchande continuelle ou la Première place NTIC d’Afrique avec des spectacles, des écrans de projection solaires géants, une salle de distraction enterrée ou semi enterrée, etc. Dans tous les cas, une place piétonne riche de son histoire, aménagée comme telle avec la vocation première d’être accessible et fréquentable par la Nation dont elle porte le nom.

Lahousséni T. OUEDRAOGO,
Urbaniste

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Vos commentaires

  • Le 1er septembre 2010 à 11:56 En réponse à : Place de la Nation à Ouagadougou : Un aménagement de démilitarisation ?

    Vous avez coupez court. Cette place est la place de l’ancien grand marché Rood-wooko, plus connu des anciens de Ouaga sous le nom de "Raa koudogo",

    • Le 2 septembre 2010 à 05:30, par burkindi En réponse à : Place de la Nation à Ouagadougou : Un aménagement de démilitarisation ?

      Merci pour cette information importante. je crois comme vous et l’auteur de l’article que le Burkina perd beaucoup de son histoire des lieux. On s’acharne sur le projet ZACA, Ouaga 2000 et on oublie le centre ville historique et les anciens quartiers qui sont délaissés. Regardez des quartiers comme Gounghin, Larlé,...on ne peut même pas y circuler ! il faudrait vraiment que les autorités aient un brin de regard pour tout ouaga et non seulement ouaga 2000 et les quartiers de riches.La place de la Nation sera dorenavant gérée par les militaires parait-il, je trouve que cette situation est vraiment bizarre, est-ce la place de la nation ou celle de l’armée ? reponse attendue le 11 décembre prochain.

  • Le 2 septembre 2010 à 15:08 En réponse à : Place de la Nation à Ouagadougou : Un aménagement de démilitarisation ?

    Y aura t’il des arbres plantés sur cette place laide au possible ? Une place nue comme elle est ne sera pas une place des nations si les gens ne peuvent y venir en journée à cause du soleil pour s’y promener sous des arbres ombragées

  • Le 2 septembre 2010 à 17:39, par CDR En réponse à : Place de la Nation à Ouagadougou : Un aménagement de démilitarisation ?

    Pendant que les uns l’appelaient en effet ra-kogdo,parce que c’était l’ancien marché des napogsé de Wogdgo (reines de Ouagadougou), les autres l’appelleront plus tard aussi place d’armes. Ce qui dit armes dit militaires. Donc place des militaires. C’est à partir du 3 janvier 1966, date du soulèvement populaire qui a emporté le régime de Maurice Yaméogo, que cette place sera rebaptisée place du 3 janvier. Quand à la révolution, elle est bien récente.

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