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Blaise Compaoré : L’investiture d’un cyborg

Publié le vendredi 27 août 2010 à 00h40min

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Ça y est, c’est donc officiel depuis ce 21 août 2010 au Palais des sports de Ouaga 2000. Blaise Compaoré a accepté, devant plus de 4 000 de ses partisans, d’enfiler le maillot du CDP, pour la présidentielle de novembre prochain.
On ne le dira jamais assez, cette présidentielle est passionnante à plus d’un titre. D’abord, parce que c’est théoriquement la dernière pour le président sortant, qui achève son second et dernier mandat, conformément à la Constitution. Par conséquent, c’est une élection dont l’enjeu ne laisse personne indifférent.

A commencer par les partis politiques et associations de soutien, qui se disputent âprement le crachoir.
Dans le camp présidentiel, en tout cas, tout le monde fait bloc derrière le champion attitré, triple vainqueur des scrutins de 1991, 1998 et 2005, détenteur du record national de longévité politique : 23 ans de pouvoir sans partage.

Ah ! ajoutons à ce palmarès fort élogieux les négociations et autres entreprises menées au nom de la paix, et dont certains dans l’entourage présidentiel se gargarisent à l’extrême. Parfois plus que le concerné lui-même.

En cela, la récente libération des otages espagnols par les combattants d’AQMI, sous la médiation du chef de l’Etat burkinabè, est sans aucun doute une fleur de plus jetée dans le jardin du Facilitateur, et qui ne manquera pas d’être exploitée.
C’est donc un candidat assez spécial, ardemment courtisé, que le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a décidé de réinvestir le week-end dernier dans la zone résidentielle de Ouaga 2000. Pour l’occasion, le porte-étendard de la majorité sortante a fait personnellement le déplacement du palais omnisports, en compagnie de son épouse, tout de rose vêtue.

Comme en pareille circonstance, le gratin du monde politique, administratif, économique et culturel s’est déporté sur les lieux de la manifestation. Pour quelques heures, l’Etat tout entier avait déménagé. Inutile de rappeler que dans le contexte local il vaut mieux ne pas manquer à l’appel, surtout lorsque le détenteur du sceptre est présent, en route pour un nouveau sacre. Sans surprise, Roch et ses camarades ont donc gagné le pari de la mobilisation.

Ils ont donné la preuve que ce pouvoir-là, ils le tiennent fermement et sont bien décidés à le conserver. Au vu des moyens financiers et logistiques qui ont pu être injectés dans la conception et dans la réalisation du show politico-médiatique du 21 août dernier, l’on devine aisément que la conquête de Kosyam par l’opposition burkinabè n’est pas gagnée d’avance.

Autre formation politique à avoir investi le président-candidat, et non des moindres, c’est l’Alliance pour la démocratie et la fédération/Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA). De fait, l’ex-chef de file de l’opposition a définitivement signé son allégeance à Ziniarius Zorro. Et ce en dépit des critiques souvent acerbes faites à l’encontre de sa stratégie. Le parti, par la voix de son président, Gilbert Noël Ouédraogo, refuse pour autant de changer de cap. Il maintient qu’il ira à la présidentielle derrière Blaise Compaoré, afin d’assurer à ce dernier « une victoire éclatante » au soir du 21 novembre 2010.
Quelle est alors la nature de ce nouveau pacte qui lie les deux parties ? Que comporte-t-il de plus ou de mieux que le précédent, c’est-à-dire celui de 2005 ? On le saura d’ici peu.

Idem pour l’Alliance des partis et formations politiques de la mouvance présidentielle (AMP), qui, elle aussi, entend être au rendez-vous de la victoire. Afin, sans doute, de monnayer ses vuvuzela avec le maximum de chances. Petit extrait du discours de Salvador Yaméogo, le porte-parole de l’AMP, à l’investiture de Blaise : « C’est pourquoi, du haut de cette tribune, l’AMP déclare solennellement, Monsieur le Président, vous renouveler tout son soutien. »

En outre, insistera le député, sa structure « proclame son plein engagement et sa forte détermination à vous accompagner encore, sur toutes les routes du Burkina, partout où vous irez, pour solliciter le suffrage de nos concitoyens ». Question de compréhension toutefois, à l’issue de ce jamborée festif : était-ce le Président du Faso, le « PF », ou le candidat Blaise qui était investi au Palais des sports ?

Pour les témoins à ladite cérémonie, le lapsus était assez révélateur par moments, de la difficulté qu’il y a à faire la distinction précise entre ce qui relève de l’Etat et ce qui entre dans le champ partisan. À la Fédération associative pour la paix et le progrès avec Blaise Compaoré (Fedap-BC), inutile de dire, là également, que les mots et les formules n’ont pas manqué. Soit pour vanter les mérites de son leader, soit pour critiquer les « intellectuels de salon » et leurs desseins de conquête. Blaise Compaoré, dira fièrement un Gaston Soubéiga décidément très en verve depuis quelque temps, est « un homme d’exception que nous envie le monde ».
Comme on peut le constater, c’est donc une large coalition qui soutient le président sortant. Elle aura à cœur de le hisser sur la plus haute marche du podium.

Et même si d’aucuns, pour des raisons multiples, se plaisent à lui décerner déjà la victoire, on peut estimer que rien n’est jamais acquis d’avance en matière électorale. Dans une rencontre sportive, tant que l’arbitre n’a pas sifflé la fin de la partie pour départager les compétiteurs, il ne faut présager de rien. Au risque d’être surpris.

Ceux qui, parmi les opposants burkinabè, ont décidé de se jeter dans le bain le comprennent d’ailleurs très bien, puisqu’ils appellent les citoyens à faire mentir les sondages. Certes, ils partent avec la défaveur des pronostics, du fait de l’extrême modicité des ressources dont ils disposent pour battre campagne, ainsi que d’une organisation qui demande encore à être bien huilée. Mais, n’est-ce pas l’excès de confiance qui a perdu Goliath ?

A. Traoré

Journal du Jeudi

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Vos commentaires

  • Le 27 août 2010 à 09:54 En réponse à : Blaise Compaoré : L’investiture d’un cyborg

    L’ADF-RDA : un parti d’opposition qui, par un revirement acrobatique, se retrouve aligné derrière le parti au pouvoir. Hé !!! affaire de manger, qd tu nous tiens !!

  • Le 27 août 2010 à 14:39 En réponse à : Blaise Compaoré : L’investiture d’un cyborg

    En tout cas à l’UNIR/PS, Me Sankara et les siens croient, dur comme fer, que le changement est possible. D’où le quadrillage du territoire entamé depuis plusieurs mois maintenant. "J’y crois je m’en gage" tel est le slogan de campagne du leader de l’opposition Burkinabè.

  • Le 27 août 2010 à 19:46 En réponse à : Blaise Compaoré : L’investiture d’un cyborg

    Sachez tous que lorsqu’on est président, on peut pas tout faire. Le Burkina a besoin de tant de choses que beaucoup ne voien tas ce qui se fait. Je prefère l’actuel PF au fanfarons de l’opposition qui n’attendent que
    de venir piller les maigres ressources du pays. hopemancom@gmail.com

    • Le 28 août 2010 à 15:30 En réponse à : Blaise Compaoré : L’investiture d’un cyborg

      De toutes les façons il ne lui reste potentiellement qu’ seul mandat. De manière subtil vous faites comprendre que ceux qui sont actuellement au pouvoir n’ont de chose faire que de piller nos maigres ressources. Bien noté donc. Vous ne pourrez pas nous dire par exemple que ZEPH viendra piller notre pays. Nous n’accepterons jamais la modification de l’article 37 pour perpétuer le pillage ainsi des maigres ressources comme vous le dites de notre pays. A bon entendeur ...

  • Le 31 août 2010 à 16:39, par Génération consciente En réponse à : Blaise Compaoré : L’investiture d’un cyborg

    A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire ni éclat. ce qui est lamentable et regretable c’est de voir nos soits disants intellectuels, après avoir fait de hautes études, aller se courber l’échine pour lécher avec appétit la semelle du soulier de Blaise. les assitants d’une telle grande messe de requiem du Burkina céléré au cimetière de ouaga 2000 avec pour grand prêtre Gilbert, pour imam kanazoe et pour taliban roch, simon, larlhé naba prouvent au grand jour qu’ils sont là pour leur intérêts et non pour le bien du pays. l’histoire retiendra de vous une pietre image avec une certaine basesse intellectuelle et politique. Celui qui pense qu’un autre viendra piller nous fait étalage de son immaturité politique. Qui dit que être president revient à piller les ressources du Pays ? si vous le voulez mes chers compatriotes Courbez votre dos car c’est votre droit, prenez et portez le joug de Blaise votre roi, ils vous apportera la misère et la souffrance et le sous developpement et il donnera des postes et de l’argent à ses aliés comme les gilberts là. Nous avons choisi notre chemin celui de la lutte et de la resistance parce que Burkin saaka kuum zoe yandéé.Sankara et Norbert nous ont tracé le chemin. alors suivons les. Vienne l’avènement d’une nation consciente

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