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Chronique : Quelle école pour nos enfants ?

Publié le vendredi 27 août 2010 à 00h40min

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L’ambiance de la rentrée scolaire 2010-2011 se sent déjà dans la capitale. Au moment où les élèves sont toujours emportés par l’insouciance des dernières semaines des vacances, les parents sont partagés entre la double angoisse de trouver une place dans le meilleur établissement et de s’acquitter de la scolarité. Ce ne sont pas les structures d’accueil qui manquent. Bien au contraire ! Une large gamme embarrasse les parents. Les goûts diffèrent d’un parent à l’autre mais le souci premier demeure le même : trouver la bonne école, celle capable d’éduquer convenablement les enfants.

Sur ce plan, les appréciations varient et déterminent les choix. Certains parents se fient aux apparences relatées par la publicité. D’autres préfèrent les écoles des quartiers huppés dont le cadre attire et rassure sur les conditions de travail et d’accueil des mômes. Il y en a encore qui se réfèrent aux autres et se laissent guider par pur snobisme, en se disant que si l’enfant d’un tel y est inscrit, c’est qu’on peut faire confiance.

Les parents les plus pointilleux n’ont de repère que les résultats scolaires des années antérieures. A tout point de vue, le montant de la scolarité et encore la proximité jouent un grand rôle. Par-dessus tout, il existe une categorie qui n’a pas le choix : la seule issue pour inscrire l’enfant demeure l’Etat qui dans sa politique de rendre l’école obligatoire jusqu’à l’âge de seize (16) ans devrait leur trouver une place dans un établissement public.

En attendant l’effectivité de la rentrée, pendant que certains établissements privés multiplient les coups de publicité dans les médias pour convaincre parents et élèves dans leur choix en avançant images et chiffres alléchants, d’autres ploient sous le poids des demandes. Ils sont sollicités de toutes parts et leurs fondateurs ne savent pas à quel saint se vouer. Le sérieux et les performances à eux reconnus partout ont construit leur réputation au point qu’ils en sont victimes. Seuls les tests de sélection auxquels les parents se soumettent volontiers aident à juguler les flux.

Quant aux établissements publics, ils n’ont pas besoin de boucan. Le secrétariat du proviseur ressemble parfois à une salle d’attente d’un hôpital. Même s’ils sont traités à tort ou à raison de laxistes, ces structures de l’Etat restent de loin les plus pourvus en enseignants de qualité qui prêtent main forte aux privés. D’ailleurs, la crème actuelle des décideurs doit la réussite à ces établissements auxquels elle demeure attachée. Mais force est de reconnaître que l’inadéquation de ces écoles avec les défis de la scolarisation de nos jours, a engendré des effectifs pléthoriques qui entachent la qualité de l’enseignement et de l’éducation.

Ce sont des réalités qui ont amené des parents à exprimer une certaine réticence à y inscrire leur progéniture. Ces derniers se retrouvent innocemment dans le piège dans certains établissements privés où bien souvent les classes rivalisent d’effectifs pléthoriques autant que le public. Et le désir des parents est doublement biaisé : ils sont contraints de payer à prix d’or l’offre gratuite de l’Etat qu’ils ont fuie.

En plus, bon nombre se paient le luxe d’offrir un répétiteur à leurs enfants. Les parents dont le seul critère demeure les pourcentages devraient se forger une opinion après avoir jaugé des indices en termes de ratio effectif/nombre d’admis. Par exemple entre 70% de taux de réussite sur 100 élèves et plus et 90 à 100% pour 25 inscrits, lequel de ces deux établissements a le mieux travaillé ? Sans oublier bien sûr, l’apport des répétiteurs que les autres ne peuvent se permettre.

Dans cette atmosphère d’interrogations et d’équations, les principaux concernés, les enfants à inscrire, apparaissent les grands oubliés. Le choix des parents ne traduit pas toujours leurs besoins réels. Les enfants sont parfois mieux informés sur les établissements. En plus de cela, leurs parents perdent de vue les paramètres liés aux difficultés d’adaptation et de dépaysement constituant des facteurs non négligeables de la capacité d’apprentissage de leur progéniture. Une rupture brusque peut parfois avoir des conséquences désastreuses.

Le niveau d’un enfant peut en prendre un coup sans qu’on ne puisse mettre en doute la qualité de l’enseignement de son école d’origine ou de celle d’accueil. Les parents passant le temps à faire changer d’école à leurs enfants en se fiant uniquement aux résultats glorieux des établissements scolaires oublient quelque fois que le succès est en général collectif. Il est bien le fruit de la collaboration et de l’implication de toutes les parties prenantes à la vie de l’école et de la formation des apprenants.

Ils ignorent que ce n’est pas dans une option de papillon qu’ils ouvriront la porte de la réussite à leurs enfants. Au contraire, ils créent inconsciemment un tocard qui ne s’adapte jamais. Il faut s’éloigner de l’idée qu’il suffit de s’inscrire dans une école qui réalise du 100% de taux de succès pour s’offrir la grâce. Les parents imprécis et leurs enfants nomades ne rencontrent au plan national, que désillusions jusqu’à la solution bien onéreuse de la sous-région ou de l’outre-Atlantique.

En la matière, certains sont beaucoup plus soucieux de leur propre réputation que du sort de l’enfant. En l’absence de tout référentiel et face à tant de sollicitudes, le citoyen se perd dans son souci d’opérer le meilleur choix pour l’avenir des enfants qui se trouve de ce fait ,compromis. Dans l’élan unanime de former l’homme, chaque partie devrait apporter sa contribution, de façon sincère.

Assétou BADOH

Sidwaya

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