Et comme le dit cette sagesse africaine, une seule main ne peut ramasser la farine. Par conséquent, deux têtes ne seront pas de trop pour soutenir la date de la présidentielle ivoirienne. On avait cru en effet que ce serait Guillaume Soro qui se chargerait seul de transformer cette date en réalité. Mais à présent que le leader du FPI, Laurent Gbagbo, ajoute sa voix pour chanter l’hymne du 31 octobre, une lueur d’espoir peut poindre. Cependant, l’aveugle oublie difficilement la première fois que des pieds malheureux lui ont marché sur les parties intimes.

Et dans le cas d’espèce, les Ivoiriens se sont vu marcher sur les leurs, six fois ! Normal que le doute se mêle à la danse et empêche de croire difficilement et aveuglément à toutes ces déclarations de bonnes intentions. Laurent Gbagbo est connu pour être passé maître dans l’art de faire brutalement demi-tour au moment où l’on croit qu’il est en train de filer tout droit dans la bonne direction. Et pour peu que l’agenda caché qu’on soupçonne qu’il fourre dans sa poche existe vraiment, il ne serait pas trop osé de demander de faire preuve de prudence et de prendre avec des pincettes, sinon des pinces, cet enthousiasme de l’enfant terrible de Mama. De plus, il ne faut pas oublier qu’il reste à peine un mois, si l’on en croit le ministre ivoirien de la Défense Amani N’Guessan Michel, pour que l’opération de désarmement et de réinsertion prenne fin, c’est-à-dire à la mi-septembre. Une vingtaine de jours pour démobiliser, désarmer et réinsérer, alors que la question des finances n’est pas totalement réglée. Autant dire une gageure !

On espère qu’il fera sortir son "maïs de l’eau" avant qu’il ne germe ! Et quelle sera la couleur du dénouement du contentieux électoral ? Les populations accepteront-elles la décision que rendra la justice le 26 août 2010 sur les radiations de la liste électorale ? Et combien de temps prendra la réunification du pays qui exigera le redéploiement de l’administration sur tout le territoire national ? A moins que certains aspects de ces questions ne soient traités ou achevés après l’élection, on se demande comment ils le seront avant. Cependant, si ce qui a été tenté d’être fait en 5 ans peut l’être en une vingtaine de jours, c’est tant mieux. Car après tout, c’est d’éborder avant tout une question de bonne volonté et de détermination. Tout est possible à celui qui veut. Et c’est tout le mal qu’on peut souhaiter à une Côte d’Ivoire essoufflée par une crise qui n’a que trop duré. Dans tous les cas, on espère que Laurent Gbagbo démontrera qu’il croit réellement à ce qu’il dit et fera sortir son "maïs de l’eau" avant qu’il ne germe !

Abdou ZOURE

Le Pays