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LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

Publié le jeudi 19 août 2010 à 01h55min

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On assiste ces derniers temps, au Burkina à des débats politiques, voire des propositions de réformes sur des sujets tels que le couplage des consultations électorales notamment municipales et législatives, la création d’un sénat et la révision de l’article 37 de la Constitution. Pour avoir des éclairages sur la faisabilité et l’opportunité de telles réformes, nous avons rencontré Luc Marius Ibriga, maître assistant de droit public à l’UFR/SJP de l’Université Ouaga II.

"Le Pays" : De plus en plus, il est question d’initier des réformes politiques au Burkina. Quel est votre avis là-dessus ?

Luc Marius Ibriga, maître assistant en droit public à l’Université Ouaga II : Je pense que faire des réformes politiques n’est pas une mauvaise chose en soi. Maintenant, pourquoi on veut les faire ? Si c’est pour aller vers l’approfondissement de notre démocratie, il le faut. Et dans ce cas, il faut le faire dans la sérénité mais pas dans la précipitation. La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes politiques. Nous avons eu une période très calme durant laquelle on aurait pu engager de véritables réformes politiques. Mais quand on procède par petites touches, par réformettes, on en vient à compromettre la cohérence même de l’ensemble du système. Voilà pourquoi, il faut, pour des réformes, prendre le temps nécessaire pour faire la réforme qu’il faut. Quand on prend l’exemple du Mali, la commission qui était mise en place a bénéficié de plus d’un an pour travailler, pour ensuite soumettre ses résultats. Mais quand on veut faire des réformes partisanes, cela conduit déjà à ce que la réforme soit frappée d’une sorte d’hypothèque, c’est-à-dire, de suspicion de la part de ceux qui sont dans l’opposition. Que ce soit les textes de l’Union africaine, que ce soit ceux de la CEDEAO, tous conseillent que les réformes soient faites sur la base d’un consensus et non quelque chose d’imposé par une majorité de circonstance qui veut profiter de sa position pour dicter des lois.

L’Alliance des partis et formations politiques de la mouvance présidentielle (AMP) recommande le couplage des élections municipales et législatives. Est-ce que cela est faisable sur le plan juridique ?

Sur le plan juridique, cela est possible. Il suffit de modifier le code électoral pour faire coïncider les élections municipales et législatives. Dans beaucoup de pays, cela se passe, c’est-à-dire deux élections en même temps. Cela n’est pas mauvais en soi eu égard au coût des élections et au fait que nous n’avons pas une CENI totalement permanente, puisque ses structures de base ne sont pas permanentes. Si la préoccupation, c’est de réduire le coût des élections et faire fonctionner notre démocratie moins cher, c’est quelque chose de bien.

"Le couplage des élections législatives et municipales risque de conduire à une grande politisation de la démocratie locale"

Mais, le problème qui se pose est que le couplage des élections législatives et municipales risque de conduire à une grande politisation de la démocratie locale. Or, on devrait plutôt aller vers une situation dans laquelle le citoyen à la base se détermine en choisissant le meilleur candidat non pas selon son bord politique mais selon qu’il a la capacité de gérer. Les élections doivent rassembler au niveau local et non diviser. Or, si on couple aujourd’hui les législatives et les municipales, on va aller vers une radicalisation plus grande des élections locales.

Ce qui cause des problèmes fondamentaux comme on le voit déjà dans les villages quand les élections municipales finissent. Il y a des problèmes parce que les gens qui sont habitués à vivre ensemble sont à couteaux tirés. Cela ne va pas vers la démocratie locale. C’est le risque qu’il y a en couplant les élections municipales et législatives. Je dirai plutôt qu’il faut coupler les législatives et la présidentielle. En ce moment, nous savons que nous allons vers un régime présidentiel où le président dispose d’une majorité à l’Assemblée nationale (AN) pour son gouvernement et pour son mandat. Mais que l’on laisse les élections locales, d’autant plus que la tendance est à accepter que nous ayons des candidatures indépendantes. Coupler les élections législatives et locales, cela supposerait aussi que l’on accepte les candidatures indépendantes au niveau national. Or, si l’idée d’accepter les candidatures indépendantes au niveau local existe les partis politiques ne sont toutefois pas d’accord pour ouvrir la brèche au niveau national. Donc, il y a un intérêt, c’est la diminution des coûts mais, il y a un risque, c’est la trop forte politisation des élections locales.

Quelles sont les conditions, les préalables à la réalisation du couplage des élections ?

La première nécessité, c’est qu’il y ait un processus, un véritable débat qui conduise à ce que l’ensemble des acteurs politiques acceptent cela. Parce que si ça passe comme quelque chose d’imposé, ce sera toujours un aller-retour parce que la majorité de demain peut revenir là- dessus et cela ne nous permet pas d’avancer. Je pense que si l’on veut faire toutes ces réformes, il faut les faire dans un débat sain et serein qui permet d’en montrer quels sont les avantages et les inconvénients. Que l’on écoute les uns et les autres et que par la suite, l’on se détermine. Que l’on ne fasse pas comme on l’a fait jusqu’à présent : faire des réformes parce qu’on a une majorité à un moment donné sans voir l’intérêt du Burkina Faso. Les réformes, les modifications doivent être faites en ayant comme boussole, l’intérêt général et le bien commun mais pas l’intérêt d’un groupe, pas une manoeuvre politicienne pour se maintenir au pouvoir ou pour trouver des strapontins à des gens. Le plus important, c’est d’arriver à un débat apaisé et serein pour que ces réformes soient appropriées par la plupart des personnes dans le cadre du renforcement de la démocratie au Burkina.

Certaines formations politiques proposent la création d’un sénat. Quelle appréciation en faites-vous ?

Ceux qui nous proposent aujourd’hui la création d’un sénat ont la mémoire courte, car la 2e Chambre a été supprimée parce qu’elle était budgétivore et qu’il fallait faire des économies. La Chambre des représentants faisait un bon travail parce que si on prend un certain nombre de lois sur lesquelles l’AN a pris des décisions qui n’étaient pas heureuses, la 2e Chambre tirait la sonnette d’alarme. A titre d’exemple, le cas du financement des campagnes. La 2e Chambre avait proposé le plafonnement des dépenses de campagne. L’AN n’en a pas tenu compte dans la mesure où elle considère que c’est à elle de décider.

"Les arguments qui ont prévalu à la suppression de la Chambre des représentants restent présents"

Les arguments qui ont prévalu à la suppression de la Chambre des représentants à savoir son caractère budgétivore, restent présents. Si c’est pour faire un sénat pour ’caser’’ des gens qui veulent des postes comme cela a été fait dans certains pays comme le Sénégal, je n’en vois pas l’utilité. Est-ce qu’on a fait le bilan pour voir si l’AN a mal travaillé ? C’est ce que cela voudrait dire. Est-ce que les lois votées par l’AN sont des mauvaises lois ou sont de qualité douteuse au point qu’il faille pondérer cela par un sénat ? En quoi cette 2e Chambre va améliorer la qualité des lois votées par l’AN ? Si on répond à cette question, on reconnaît implicitement que nos lois sont mal faites, qu’elles sont peut-être péremptoires ; ce qui fait qu’elles ont besoin d’être tempérées par des sages. Si ces sages sont choisis sur la base de critères politiciens, on risque d’avoir une AN et un sénat du même ton. Ce qui n’apporterait pas grand-chose. Je ne vois pas pourquoi un sénat s’impose aujourd’hui plus que la Chambre des représentants hier. On peut avoir une instance de résolution de crises, une instance de type Collège de sages dans lequel des personnes de référence sont là pour permettre au Burkina d’avancer vers la résolution de ses crises de manière apaisée.

Depuis que nous sommes revenus à la vie constitutionnelle normale, aucune crise importante n’a été résolue par les institutions de la République. Que ce soit les crises universitaires ou celle née suite à l’assassinat du journaliste Norbert Zongo, aucune n’a été résolue par l’AN, ni par la justice et encore moins par le Conseil constitutionnel. Il a fallu qu’on trouve hors des institutions de l’Etat, des structures ad hoc pour résoudre ces crises. Quand il y a une crise ou une situation tendue, les gens ne vont pas vers l’AN mais vers la chefferie coutumière, l’Eglise catholique ou chez les autres confessions religieuses. Cela veut dire que dans notre société, ces structures jouent un rôle important. Et que l’on peut faire en sorte qu’il existe dans notre société, une structure qui réunisse des hommes et des femmes dont la parole ne fait pas de doute et qui, quand la société se retrouve le dos au mur, peuvent être des recours pour résoudre des problèmes. Ce sont des gens qui n’ont pas besoin de postes, qui sont au-delà de cette idée de poste et qui tendent vers l’intérêt du Burkina Faso. Une telle structure est nécessaire. Notre pays a besoin d’inventer des institutions qui ont des liens avec notre société et non copier ce qui existe ailleurs.

Pouvez-vous être plus précis sur la composition de cette structure si elle devait exister ?

Cette structure, je l’imagine dans la même mouture que le Collège de sages. C’est-à-dire qu’elle regrouperait des personnalités qui, de par leur comportement et leur passé, sont des références pour les Burkinabè. Des personnes issues de la société coutumière, religieuse, etc. et dont la parole porte. Des leaders d’opinion qui savent que, de par leur statut, ils n’ont rien à attendre ou à chercher. En ce moment, ils constituent des références. On peut ainsi prévoir une procédure pour que s’il y a une crise importante, que l’on puisse recourir à ces personnes pour la résoudre au lieu d’aller vers la création d’un sénat pour ’’caser’’ des gens. Ce qui n’enracine pas notre démocratie, mais conduit à jeter le discrédit sur celle-ci parce que jusqu’à présent, beaucoup de nos concitoyens ne voient pas l’utilité du député sauf à le voir sur le terrain donner quelque chose. Sinon, voter des lois, etc. n’est pas la première préoccupation des citoyens. Donc, il y a intérêt à éviter qu’à vouloir trop contenter la classe politique par des strapontins ; on en vienne à étioler la démocratie et à faire en sorte qu’elle apparaisse aux yeux des citoyens comme une entreprise qui est non seulement chère mais, qui ne rapporte pas grand-chose dans leur vie quotidienne.

Comment pourrait fonctionner cette structure. Serait-ce une structure pérenne ?

Je pense que cette structure n’a pas besoin d’être une structure pérenne avec des gens qui vont siéger régulièrement. Ce pourrait être une structure qui siégerait au cas par cas, en fonction des besoins, de la situation. Nous l’avons connue sous la 2e République où les députés ne percevaient des indemnités que quand ils venaient siéger pour voter les lois. Après, chacun retournait à ses préoccupations. Donc, les personnes qui sont élevées à ce rang doivent avoir une certaine stature. Quand vous regardez ce que les Européens ont créé par rapport aux Conseils constitutionnels ou aux Cours constitutionnelles, c’est à peu près la même chose à savoir que quand vous prenez le Conseil constitutionnel, il ne décide pas seulement en droit parce qu’il est le garant de l’acte fondateur de l’Etat. Et en tant que garant de l’acte fondateur de l’Etat, le Conseil constitutionnel doit arbitrer aussi les intérêts de l’Etat. Voilà pourquoi ce sont des personnes d’un certain âge qui ne doivent rien à personne. Même s’il sont nommés, ce sont des gens qui de par leur stature, dépassent ces clivages politiques pour ne se déterminer que selon l’intérêt général et l’intérêt de l’Etat. C’est en fait cela que nous voulons.

En attendant de pouvoir construire une administration républicaine avec de grands commis de l’Etat comme cela existe dans toutes les démocraties, il nous faut mettre en évidence les valeurs cardinales de notre pays. Voilà pourquoi cette action de créer une structure de recours doit s’accompagner de l’adoption d’une charte des valeurs qui aura rang constitutionnel où les valeurs fondamentales de la République seront énoncées : le respect de la parole donnée, le respect du bien commun, l’intégrité, la solidarité. Ce qui ferait que ces valeurs-là permettraient demain à cette instance et au Conseil constitutionnel de pouvoir censurer les comportements qui iraient à l’encontre des valeurs fondamentales de notre société. Avant, quand vous donniez votre parole, vous ne reveniez pas là-dessus ! Parce que c’est une question de bonne foi. Or aujourd’hui, on nous dit que la Constitution n’interdit pas de réviser. Mais, il se trouve qu’on avait donné sa parole ! Une fois qu’on a donné sa parole, revenir sur cette parole, c’était montrer qu’on n’était pas homme, qu’on n’avait pas mûrement réfléchi et que ce faisant, on n’était plus crédible. Or, toutes ces valeurs, doivent être constitutionnalisées. Ces valeurs qui auront rang constitutionnel avec une instance de recours feront en sorte d’apaiser les tensions dans notre société.

Le parti au pouvoir et ses soutiens ne font plus mystère de leur volonté de modifier l’article 37 de la Constitution pour sauter le verrou limitatif des mandats. Quelle est votre appréciation de la question ?

Je disais bien que le Conseil constitutionnel quand il a tranché en 2005 et autorisé la candidature du président Compaoré, il s’était fourvoyé parce qu’en prenant la décision qu’il a eu à prendre par rapport à l’affaire Ouali, il a montré qu’une fois que la loi est adoptée, elle s’empare des situations futures, qui naissent après. Or, il se trouve que l’élection présidentielle se passait après et que le fait d’avoir fait deux mandats est une condition dirimante pour ne pas pouvoir être candidat. La question que le Conseil constitutionnel devait se poser, c’est la suivante : est-ce que parmi les candidats il y a quelqu’un qui a fait 2 mandats consécutifs ? La réponse était "oui, comme le président’’.

Non seulement, il a fait 2 mandats consécutifs, mais à fortiori, 2 mandats de 7 ans, alors que la Constitution disait 2 mandats de 5 ans. Quelqu’un qui a fait 2 mandats consécutifs de 7 ans ne pouvait pas se présenter. Passons là-dessus. Si on veut faire réviser l’article 37, si on va dans le sens de l’intérêt général et du bien commun, on doit se dire qu’on doit réviser pour les autres. Si cela doit être réviser pour que d’autres en profitent, là, on verra que l’idée, ce n’est pas pour soi-même parce que le principe en droit, c’est que nul ne peut être juge et partie. On a vu que quand les députés se sont levés pour demander qu’ils voulaient faire une loi pour que leurs épouses puissent avoir les ressources, il y a eu une levée de boucliers alors qu’ils peuvent la voter ; mais il y a un principe qui est le principe même de la bonne foi et du respect de la parole donnée. Le président, en entrant en fonction, a juré de respecter la Constitution et de la faire respecter. Donc, la révision de la Constitution est autorisée par la Constitution non pas pour servir des intérêts personnels mais pour adapter la Constitution de manière à ce que la révision approfondisse la démocratie.

Mais, ils ont oublié, par rapport à l’article 37, que notre peuple a toujours voulu la limitation des mandats, si on exclut l’intermède de la 1re République. D’ailleurs, c’est cela qui a conduit le peuple burkinabè , depuis la 2e République, à chaque fois limiter les mandats. La Constitution de la 2e République a limité les mandats, celle de la 3e République l’a fait, la Constitution originelle de la 4e République également. On a sauté le verrou, et on est revenu encore dessus. Ce qui est quand même une forme de réaffirmation par le peuple burkinabè de sa volonté à ne pas voir des personnes perdurer au pouvoir. Donc quand on ne connaît pas l’histoire de son peuple, il y a des risques de se fourvoyer et de croire que parce qu’on est au pouvoir depuis un certains temps, on peut toujours rester au pouvoir plus longtemps. Cela enlève la valeur pédagogique de la limitation du mandat telle qu’on l’a voulue en référence au régime de Maurice Yaméogo qui avait conduit à un système totalitaire où il y avait une concentration des pouvoirs et qui a conduit à une gabegie parce qu’une fois que tous les pouvoirs sont entre vos mains et qu’il n’y a plus de contestation, quand vous savez que vous êtes là pour toujours, se développent autour de vous le clientélisme et la gangrène. Et à terme vous ne pouvez pas être efficace.

Or notre Constitution est claire. Vous ne pouvez pas faire plus de 2 mandats consécutifs. Cela veut dire que si vous faites un intermède de 5 ans, vous pouvez revenir. Si véritablement ceux-là qui posent le principe en disant que l’actuel président est indispensable sont francs, que l’on tente l’expérience. Qu’il cesse d’être président en 2015 et qu’il revienne en 2020. On verra si le peuple burkinabè se rappelle tant de lui pour faire de lui encore son président. C’est tout ce que le peuple demande. Dix ans, vous faites un intermède et si vous êtes encore voulu par le peuple, au bout de 5 ans, il vous choisira à nouveau. Mais pourquoi veut-on éviter que le peuple ne voie autre chose ? C’est le peuple qui l’a choisi et en ce moment, il faut respecter aussi la volonté du peuple. Et cela est inscrit dans l’histoire du peuple burkinabè. Ce n’est pas comme dans les systèmes qui existent dans d’autres pays où c’est simplement dans les années 90, avec le renouveau démocratique, que l’on a limité les mandats. Le Burkina Faso l’a fait depuis les années 70, l’a répété avec la 3e République. Donc on ne peut pas dire qu’au Burkina Faso, la limitation des mandats est une invention du renouveau démocratique. Nous la connaissions et cela est inscrit dans notre histoire.

La révision de l’article 37 est une mauvaise initiative.

Je pense que ce serait une mauvaise initiative que de réviser l’article 37 en faisant sauter le verrou parce que l’argument selon lequel ce n’est pas démocratique est un argument fallacieux. Fallacieux pourquoi ? Parce que dans ce cas il faudrait bien permettre à tous les Burkinabè de voter. Dès que je suis Burkinabè, la Constitution dit que j’ai le droit d’être électeur et éligible. Alors pourquoi tous les Burkinabè n’ont pas le droit de voter ? Ce n’est pas démocratique ! Pourquoi on fixe un âge pour voter ? Pourquoi on fixe des conditions pour avoir la bourse ? Pourquoi on fixe telle ou telle condition pour pouvoir jouir de tel ou de tel droit ? C’est donc un argument spécieux qui, véritablement, ne tient pas la route. C’est un choix qui a été fait, un choix pédagogique de notre Etat où nous avons 2 types de sociétés juxtaposées, une société à connotation féodale qui continue de régir le plus grand nombre de Burkinabè et une excroissance moderne qui fonctionne selon les principes de la démocratie ; une situation où on tire les ressorts de la société féodale, pour faire fonctionner la société moderne. Dans la société féodale, le chef, quand il est nommé, il l’est à vie, alors qu’en démocratie, il doit toujours se ressourcer.

"Le président en démocratie ne doit pas confondre son statut à celui d’un chef en société féodale."

Et donc, le caractère pédagogique, c’est pour éviter que le président, en démocratie, ne confonde son statut à celui d’un chef en société féodale. Et même là, quand on regarde, dans les sociétés féodales, le chef ne pouvait pas tout faire. Il n’y avait pas la concentration des pouvoirs telle que nous l’avons aujourd’hui. Parce qu’il y a des principes, des valeurs qu’il devait respecter. Et s’il ne respectait pas ces valeurs, notamment la parole donnée, il disparaissait. On lui donnait la potion qu’il devait boire et partir. Aujourd’hui, les gens ne respectent pas leur parole ; ils jurent même sur le Coran et reviennent sur leur parole de façon fantaisiste. Ce n’est pas la même chose. C’est dire donc que la limitation des mandats a un caractère pédagogique. Et cela est essentiel pour nourrir notre démocratie. Il ne faut pas laisser notre démocratie entre deux eaux. Il ne faut pas que des politiciens utilisent quand ça les arrange, les ressorts de la société féodale et prêchent la société moderne quand ça ne les arrange pas. Voilà pourquoi cette situation suppose une clarification. D’où la nécessité d’un statut de la chefferie traditionnelle pour véritablement clarifier la relation entre la République et la société traditionnelle. Tout cela peut se faire dans le cadre de cet organe dont je parle, qui peut regrouper et mettre en valeur cette société coutumière qui, aujourd’hui peut aider le Burkina Faso à être un Etat moderne.

Dans la mesure où nous luttons aujourd’hui sur l’état civil, ces difficultés qui y sont rencontrées peuvent être résolues par la mise à contribution de la chefferie traditionnelle. Dans tous les villages, quand un enfant naît, on informe le chef ; quand quelqu’un meurt , on informe le chef. Donc, il y a une possibilité d’avoir des informations sur notre état civil sans que nous ayons besoin d’avoir des moyens importants. Si réforme il y a à faire, c’est tout cela. Il faut penser la réforme globalement et ne pas faire des réformettes, des réformes opportunistes qui visent à contenter un certain nombre de personnes sans voir l’avenir du Burkina Faso. Il faut que nous ayons la possibilité d’anticiper et de nous inscrire dans le cadre de Burkina 2025 où nous avons les scénari qui sont là. Est-ce que nous voulons que le Burkina Faso soit "dougoumato" ? Auquel cas, continuons à faire des réformes partisanes et on va déchirer le tissu social. Où bien, nous voulons que le Burkina soit l’étalon au galop ou l’albatros qui va s’élever, auquel cas, nous devons nous donner les moyens de cimenter l’homogénéité sociale que nous avons pour éviter que demain , ce qui arrive aux autres, ne nous arrive aussi.

Certains pensent que la révision de l’article 37 conduirait le pays dans le chaos. Etes-vous vraiment de cet avis ?

Oui, je pense que ça enlève, comme je l’ai dit tout à l’heure, l’idée de la probité et de la parole donnée. Et une fois que la bonne foi n’irrigue plus les relations sociales, c’est la porte ouverte à toutes les exactions. Cela veut dire qu’au moment où on a résolu la crise, on a pris ceux d’en face comme étant des gens bêtes qui ont avalé la couleuvre et maintenant qu’on n’a plus besoin de ça, on fait autre chose. Et, si on accrédite cette idée, ce comportement, dans notre société, nous allons vers une société violente dans la mesure où il n’y a plus de confiance. Et quand dans la société il n’y a plus de confiance, les risques de déchirures sociales sont très importantes. Et c’est cela le point important. Voilà pourquoi il faut une charte des valeurs qui permet d’aller au-delà de la lettre des choses pour embrasser l’esprit. Parce qu’aujourd’hui, on nous dit qu’on peut réviser, que juridiquement c’est possible, etc. Oui, mais la règle de droit ce n’est pas seulement la lettre, c’est aussi l’esprit, c’est-à-dire, ce qu’on veut à travers cet acte. Et c’est cela qui justifie l’efficience de la règle de droit.

Cette efficience est importante pour permettre véritablement à la règle de produire les effets escomptés. Mais quand on enlève cela, quand vous signez un contrat avec quelqu’un qui vous dit que c’est 25 F, que vous apportiez ces 25 F et qu’il vous dise : "Non maintenant ça sera 50 F", vous voyez bien qu’avec cette personne, la relation sera brisée. Si vous venez et que la personne dit que c’est 25 F, même si elle a quelqu’un d’autre qui vient lui dire : " Je te donne 50 F", elle doit dire : "Non, j’avais donné cela à 25 F, je respecte ma parole". Ces 25 F que la personne va prendre vont peut-être lui permettre de nouer des rapports avec son cocontractant et demain, elle aura peut-être plus. Donc, ce n’est pas la supercherie. Et il faut éviter que la politique soit présentée comme un marché de dupes. La démocratie, contrairement à ce que certains disent, n’est pas fondée sur le rapport de force. Elle est fondée sur la compétition, certes, mais elle est fondée sur le dialogue, la discussion, le débat. Ce n’est pas le rapport de force du genre parce que je suis plus fort , j’ai la majorité, je peux faire ce que je veux.

Demain, si je suis faible, je ruse. Cela conduit à altérer l’image du politique dans notre pays et à faire en sorte que la plupart des citoyens se déconnectent de la politique alors qu’ils devraient être les acteurs principaux du jeu politique. Il faut éviter que l’on ait l’image de la politique comme étant un lieu où ce sont les combines, où on a des personnes qui mentent, qui n’ont pas de foi et qui, en fait, sont prêtes à tout pour réussir. Non, il y a de l’éthique dans la politique. Et c’est cela qui fait en sorte que des hommes, à un moment donné, ambitionnent de porter leur pays plus avant parce qu’ils ont une foi en leur peuple. Ils ne sont pas là pour leurs propres intérêts, pour peut-être garnir leurs comptes et considérer qu’ils sont devenus "quelqu’un" parce qu’ils ont de l’argent. Voilà pourquoi la question des valeurs est importante parce qu’il faut qu’on réhabilite les valeurs dans notre société. Car aujourd’hui, le risque, c’est que l’on a une tendance à mettre l’argent en avant plutôt que les valeurs sociales.

C’est ce qui conduit à ces manipulations parce que l’on considère qu’il y a de plus en plus dans notre pays une ploutocratie, c’est-à-dire une collusion entre le politique et le monde de l’argent. Ce qui est grave et dangereux pour notre démocratie parce que cela devient la force de l’argent quand cette collusion est faite. Dès lors, il ne peut plus y avoir de transparence parce que partout, les dés sont pipés. Ceux qui ont le pouvoir de décision sont ceux-là même qui sont en lien avec le pouvoir d’argent. Ce qui veut dire que nous devons travailler pour des valeurs et pour des réformes, si elles doivent être faites, sereines apaisées et consensuelles.

Propos recueillis par Dabadi ZOUMBARA, Relwendé Auguste SAWADOGO et Yannick SANKARA

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 19 août 2010 à 04:15 En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Bravo Professeur IBRICA. Tes propos sont bien pensés.

  • Le 19 août 2010 à 07:39, par Bouda Z. H-N En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    En lisant cet entretien, je ne peux qu’être fier d’être Burkinabè. Je crois toujours que des Hommes vraiment intègres existent encore au niveau de intellectuels Burkinabè, capables d’éclairer le peuple et d’éviter qu’il n’avale la morphine que des politiciens véreux, mal intentionnés et en porte-à-faux avec la Raison, lui présente comme le fruit de la passion !
    Merci Maitre Ibriga ! Courage et surtout ne baissez pas les bras car vous n’êtes pas seuls.
    Merci au journal le pays pour son professionnalisme qui refuse qu’il se cantonne à publier les éloges des gens de la race de l’argent, pour du pain bien mal béni !
    Vive le Burkina et le vaillant peuple du Burkina !
    Cordialement,
    ZHNB

  • Le 19 août 2010 à 08:42, par Paris Rawa En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Merci professeur pour la clarté du propos et pour la richesse de votre pensée. Pourtant, la lecture des votre interview m’a rempli d’une grande tristesse :

    - Quand on aime le Burkina et qu’on voit l’absurdité de la politique qui s’y mène ; quand on voit la sagesse de vos propos et la sonnette d’alarme tirée par tant d’autres pour que ceux qui sont au pouvoir fasse preuve d’un tout petit peu de bon sens ; quand on entend ces derniers qui malgré tout s’obstinent dans des propos véritablement insensé, on a alors envi de croire que notre pays est frappé d’une malédiction qui pourrait s’appeler "la débilité politique". Et c’est triste.

    - Quand on constate les vrais défis auxquels doivent faire face nos populations les plus démunies qui se trouvent être la majorité, quand on pense à l’avenir des jeunes qui restent en dehors de la scolarisation et aussi de ceux qui, même parvenu à l’université ont majoritairement de la peine à s’imaginer une avenir professionnel probable ; Quand on voit croître le nombre des désœuvrés qui bricolent avec des sous-emplois dans nos villes pour survire, quand ont est témoins des graves déficits de l’offre des soins de santés les plus élémentaires dans notre pays ; et que malgré tout cela, la classe politique (surtout celle qui tient le pouvoir) se complait à inventer des faux problèmes en feignants d’ignorer les vrais problèmes et toutes les personnes qui proposent les vraies solutions, on ne peut qu’être triste de tout ce gâchis, et révolté d’une telle irresponsabilité de nos dirigeants.

    Le pire c’est que ces politiciens ne sont pas naïfs, ils savent ce qui est vrai et bon, mais égoïstement ils font le choix du faux et de la mauvaise solution.

  • Le 19 août 2010 à 09:05, par jean-luc sergent En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    a ce qu’on voit, Luc Marc Ibriga ne doit pas avoir les refondateurs dans son coeur. Ca se voit à la prouesse d’avoir réussi à évoquer des chantiers dans lesquels ils sont engagés depuis tant d’années dans leur en reconnaître le moins du monde, le droit d’auteur.

  • Le 19 août 2010 à 09:12, par jean-luc sergent En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    a ce qu’on voit, Luc Marc Ibriga ne doit pas avoir les refondateurs dans son coeur. Ca se voit à la prouesse d’avoir réussi à évoquer des chantiers dans lesquels ils sont engagés depuis tant d’années sans leur en reconnaître le moins du monde, le droit d’auteur.

  • Le 19 août 2010 à 09:13, par saintpierre En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    En voilà encore un qui a emprunté les chemins faciles des mouvements de droits de l’homme pour servir des causes politiques inavouées. On te voit évoluer., nous sommes en terre de savane

  • Le 19 août 2010 à 09:49 En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Professeur, tout est clair. Au fait, il y a cette génération d’hommes que nous avons vu hier et aujourd’hui ensemble qui ne veulent pas céder la place à leur jeunes frères qu’ils ont sacrifié pensant qu’il vont continuer de s’enrichir sur le dos du peuple, traitant les autres d’aigris. On les connait c’est eux les mauvais conseillers qui risquent de conduire les gens sur la mauvaise route. Voila en quoi se résume leur calcul et ce n’est pas la démocratie qui les intéresse, c’est bien leur "ventre"
    A 55 ans, on devait aller à la retraite, on l’augmente à 60 ans pour continuer de bénéficier de cette manne de l’état. Et comme on est toujours jeune à 60 ans, on fait la sortie en allant aux partis qui supportent le chef pour être sûr de bien choisir le cheval qui gagne et qui gagnera toujours !!!!!!!!Ouf peut-être ? On devient "Honorable". Et comme on a eu plusieurs mandats en dormant à l’assemblée, il faut autre chose. Le Sénat !!!!!!!Honorable ou autre titre qui naîtra !!!!!!Toujours le naam. Ainsi est devenu la voie que pensent même suivrent les jeunes qui rêvent d’être fonctionnaires (le pouvoir ?). Qu’ils se détrompent car d’ici qu’ils ne grandissent, les burkinabé maîtriseront leur droits, le mythe du commis va disparaître avec le "time of business" et la résistance serait encore plus rude qu’aujourd’hui.
    Et si c’était des entreprises pérennes que mes grands frères avaient développées comme dans les pays émergents au lieu de compter sur l’argent du peuple, de l’Etat ? De leur école primaire à la fin de leur carrière, c’est l’état qui a tout fait pour eux. Merci pour vos efforts, laisser d’autres continuer pour apporter les innovations. Il y a du chemin à faire. Merci pour l’ éclairage. Le peuple comprend et je pense que le grand chef trouvera les compromis au fur et à mesure.

  • Le 19 août 2010 à 09:53 En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Merci Professeur pour cet eclairecissement !! meme si tu m’as mal note en classe.

  • Le 19 août 2010 à 10:09, par Minnayi En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Merci mon Professeur.

    Je pense que M. IBRIGA a tout dit sur l’actualité de notre politique.
    Une réforme ne doit pas toujours viser rien que l’intérêt d’un groupe dans la société même étant "majoritaire". Il est vraiment dommage que nos politiques réfléchissent à des réformes au jour le jour.

    Ensuite, M. IBRIGA a touché le noeud du problème de la politique au BF : le manque de respect de la parole donnée. On nous toujours habitué à des changements de positions sans qu’on puisse comprendre grand chose, et c’est ce qui fait que les jeunes (en tout ceux qui sont conscients et soucieux de leur avenir) s’intéressent moins à la politique dans notre pays. Il n’y a pas d’exemple en matière politique,personne n’est crédible. Et cette situation conduit inéluctablmeent à une certaine rupture de confiance et avec les conséquences éventuelles.

    Je pense que M. IBRIGA a tout simplement averti nos politiques ou politiciens des effets des dérapages qu’ils sont entrain de préparer. Que ceux qui pensent à l’avenir de ce pays et non à leurs seuls intérêts s’en réfèrent. Et que ceux qui crient qu’ils assurent, foncent, on saura un jour !!! Je pense que c’est la ènième personne à prévenir ceux qu’ils veulent tenter le diable.

    Puissent-ils savoir raison garder pour notre futur !!!

  • Le 19 août 2010 à 10:12, par JOI(jeune observateur impartial) En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    msr le professeur merci pour une fois de plus d’eclairer la population et surtout le pouvoir en place sur les mefaits de cette revisions.lorsque j’examine dans le fond et de maniere objective cette situation je pense en mon humble et modeste avis que c’est l’undd et ses refondateur ont eu raison de sonner l’alerte pendant cette periode stable dont vous parler msr le prof ;et malheureusement ni la classe politique(l’opppsition et le pari au pouvoir) et la societé civile n’a dit mot.tout ceci parce que ses propositons viennent de maitre hermann. lui au moins a vu cette crise de revision venir et a decider de boycotter depuis 2005 les elections.les partis devraient suivre ses traces au lieu de raconter des arguments qui ne tiennent pas .chapeau a l’undd une fois de plus....

  • Le 19 août 2010 à 10:26, par valère En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes" : tout à fait d’accord et c’est pour cela que les refondateurs ont lancé leur Manifeste dès le premier trimestre 2008

  • Le 19 août 2010 à 10:27, par hleak En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Mes hommages au Professeur IBRIGA, rien à ajouter. J’espère que tout le monde aura le courage de lire cette interview. Transmettez le message à Blaise, Roch, Simon et les autres. Qu’ils aient l’humilité d’écouter au moins les grands, les vrais, quand ils parlent. Merci et bon vent à la démocratie burkinabé

  • Le 19 août 2010 à 11:02, par Dona En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Cher professeur,
    Merci encore une fois pour cette sortie honnête, mesurée et profondément patriotique. C’est une fierté d’avoir des personnes comme vous qui dites ce que vous pensez sans égard pour ce que vos propos vont vous octroyer comme poste ou argent (contrairement a des Alphonse Bonou, jeté par le pouvoir et qui cherchent a attirer l’attention sur lui pour encore bénéficier des bonnes grâces). Les reformes institutionnelles, Salif DIALLO en avait émis l’idée a temps. Au lieu de considérer le fond de sa pensée et d’y réfléchir, ses partisans politiques s’en sont pris a la forme de son intervention pour le discréditer... Maintenant, même dans les rangs du CDP, seuls ceux qui mangent soutiennent des gens comme les Mahama Sawadogo. Aucune personne ne peut admettre des reformes politiques dans les temps qui courent.

  • Le 19 août 2010 à 11:26 En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Que Blaise lise cela et reflechisse encore un peu.

  • Le 19 août 2010 à 11:45, par raphael_zongo En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Depuis qu’il a été Conseiller dans certaines institutions, ibriga pour moi a perdu toute sa crédibilité.

  • Le 19 août 2010 à 11:49 En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Je pense que l’analyse est on ne peut plus pertinente. Certes,si reformes il ya à faire, il faut qu’elles soient consensuelles et appaisées ; mais je défends la position selon laquelle le problème au Burkina en particulier n’est pas un problème d’institutions à reformer ou à créer mais un problème d’homme ; c’est à dire un problème de culture démocratique. A quoi sert de nommer de juristes scientifiquement confirmés au conseil constitutionnel si ceux ci se sentent redevables à la personne qui les a nommé ? A quoi sert une deuxième chambre si celle ci sera une caisse de résonnance comme le remarque M. Ibriga sans oublier que ce role est actuellement assuré peu ou prou par le Conseil Economique et Social (CES).
    Je souscris pleinement à l’analyse de M. Ibriga en ceci qu’il faut éviter de faire paraitre la politique aux yeux de la population en général et des jeunes en particulier comme une jungle ou ne règne que la loi du plus fort, des hommes monstreux, calculateurs, qui ne parlent et agissent qu’en fonction de leurs intérèts. Or j’avoue pour ma part que c’est cette image que nous offre la classe politique de mon pays. Du reste, qu’on veut l’admettre ou pas, c’est cette image qui a entrainé le desavoeu de la population à propos de l’inscription sur les listes électorales. Eviter alors de paraitre comme un astronaute qui scrute le ciel sans preter attention au gouffre qui est sous ses pieds. Je vous dis pas alors que la caravane sera dans le ravin !

  • Le 19 août 2010 à 12:23, par Saala En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Faites un peu d’effort de cohérence, nos fameux journalistes !c’est quoi cette facon de traduire un entretien dans lequel les questions et certaines déclarations se confondent ?

  • Le 19 août 2010 à 13:38, par RASO En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    les propos de LUC meritent ,refexions à tous les
    BURKINABE.

  • Le 19 août 2010 à 14:00, par Mossi Aimé En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Bien vu au sujet de la transcription qui crée souvent la confusion !
    Mais loin de perdre de sa crédibilité, l’homme Ibriga vient de nous démontrer toute la profondeur de l’art de la pédagogie.Cet entretien a de la profondeur dans l’analyse. j’ai retenu quatre points au nom desquels les acteurs de la société civile doivent aller en croisère pour qu’on sauve ce qui peut encore l’être.L’approche pédogogique d’Ibriga nous enseigne ceci :
    - osons créer des institutions adaptées à notre société ;
    - l’ignorance de l’histoire de son peuple conduit au fourvoiement ;
    - la non limitation des mandats est un argument fallacieux, disons même anachronique. La limitation est bien une exigence des temps modernes et le patron de l’U.A. vient de le rappeler sur Africa24 !
    - travaillons à réhabiliter les valeurs dans notre société !
    Merci Dr, pour tous vos efforts et courage au pays dans ce qu’il fait pour notre démocratie, le peuple reconnaita les siens !
    Vive l’action pour l’alternance au FASO !
    NAN MA SA, AN BE NA BALO !TIANLE !

  • Le 19 août 2010 à 15:24, par Capitaine O. En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Grand merci à vous, Pr Ibriga. Tout est bien dit et clair. 2015 n’est plus loin. On va voir qui va toucher à l’article 37 de notre constitution. C’est ce qu’on peut dire pour le moment. Il a dit que Tanja allait tout droit dans le mur. Mais s’il ne fait pas attention, lui irait tout droit au fond du trou. Merci

  • Le 19 août 2010 à 15:43, par zio En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Merci Pr Ibriga pour ts ces éclaircissements sur la révision de l’article 37 !!un tel revirement ne devrait pas ns étonner !!souvenons nous depuis le congrès du CDP ou il avait été proposé la dissolution de l’AN !!tt cela n’était qu’un coup politique...

  • Le 19 août 2010 à 16:34, par le riche En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Il Y a plus de 14 millions de burkinabè et moins d’un million d’entre eux sait ce que veut dire "professeur". Par conséquent c’est pas les déclaration théorique d’un prof d’université (fut il ) qui intéressent la majorité des burkinabè mais c’est surtout les déclarations de qui va leur construire des routes, des dispensaires, des écoles etc. Qui reste leur préoccupation. Et celui qui les assure le mieux ces infrastructures reste et demeurera B....et comme le peuple burkinabè ne se trompe pas, vous verrez qui il choisira au soir du 21 novembre. Maintenant, les quelques aigris qui grognent, on ferra avec . Même au temps des prophètes qui étaient envoyé par Dieu, il ya eut des grognards. Tonton Blaise restez serein et continuer à rendre le Burkinabè heureux.

    • Le 21 août 2010 à 18:01 En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

      Tu n’as meme pas honte de t’appeler le riche. Comment tu es devenu riche ? Tu es miserable. meme si tout le peuple burkinabe se levait comme un seul homme pour dire que cette fois ci, l’ imposture est trop grosse tuallais dire que Tonton Blaise, il n’ est pas mon tonton a moi mais le president de mon pays, car je connais tous mes oncles, n’ayant l’esprit abatardi par un ventre gourmand, tu allais dire que ton Tonton Blaise ne doit pas se laisser demonter car c’est des fantomes. Vous etes les euls a avopir votre definition du vrai peuple. Mais n’ oublie pas que c’est les intellectuels qui ecrivent la constitution que Mabouanga n’ a jamais lu. le riz gris avec quelques calebassees qui lui sont servis lui suffit pour plebisciter ton heros. Et quand tes routes soit- disant construites par ton Tonton inexistantes en realite ne peuvent le mener au lieu des elections, le bourrage des urnes fait le reste. Restez convaincus d’ une chose, un paysan n’ a jamais fait de coup d’ etat. Un paysan n’ a jamais marcher de Gaou ou de Falangoutou a Ouaga pour organiser un soulevement populaire. Vous avez interet a ecouter les intellectuels car la lutte sde passe entre nous. Aucun char n’ est venu de Tillabery pour faire mordre la poussiere au chantre du Tazarche. Mais malheureusement, quand l’ ane doit terrasser son monteur, il ne voit pas les oreilles. On conseille a Tandja d’ eviter d’aller tout droit dans le mur alors que de son cote on fonce dansles flammes. Pour qui va etre mieux ?

  • Le 19 août 2010 à 17:22, par remdogo En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Mossi Aimé, depuis le temps qu’on appelle la société civile et qu’elle n’est pas capable de changer les choses, il faut comprendre que la solution n’est pas de son côté. tout ce qu’elle peut faire, c’est de profiter de l’aide des partenaires pour passer dans les médias, voyager à l’oeil et venir après se lancer dans la politique.

  • Le 20 août 2010 à 17:34, par Sidnonma En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Merci à vous Professeur. continuez à éclairer le peuple car comme l’écrivait Norbert ZONGO "le pire n’est pas la méchanceté des gens mauvais mais le silence des gens bien".
    La jeunesse burkinabè aujourd’hui manquent de repère. comprenez alors la réaction du "riche" qui n’est qu’un désilusionné constituant un dangé pour l’avenir de notre pays.
    Dieu vous benisse !!!!!!

  • Le 21 août 2010 à 18:04 En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    A lire des sommites comme Ibriga et Loada, j’ai du baume au coeur. Je me dis qu’ il y a encore dans ce pays des intellectuels, des espoirs, devrais- je dire, des juristes qui servent la verite et non leur ventre. Ils sont differents de certains malheureux qui passent tout le temps a danser leur Warba sans grace. Et quand ils se mirent, ils sont tout malheureux car ils savent qu’ ils ne servent a rien. Des phillistins qu’ ils sont. Courage Professeur. la faim va finir mais pas le gnade, cad, la honte.

    LOP

  • Le 23 août 2010 à 11:37 En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    merci pour cette analyse qui j’espère servira a des gens comme "Rocho" l’un des dino du cdp

  • Le 24 août 2010 à 18:02 En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    C’est bien, tout ce bla-bla !! Mais souvenez-vous professeur, que les réformes politques dont vous critiquez passeront aussi par l’UNIVERSITE pour la rendre plus crédible(tant du côté de ses enseignants que de ses diplômes), et plus accessible ! Et là, je ne donne pas cher de professeurs comme vous, Filiga, Meyer, ferdinand, et autres !

    Tous aurons la tête rasée, ou personne ! C’est une question d’équité et de justice !

  • Le 24 août 2010 à 20:56, par koudka En réponse à : LUC MARIUS IBRIGA, ENSEIGNANT DE DROIT : " La proximité des élections n’est pas le meilleur moment pour faire des réformes"

    Merci Professeur ! Je vous remercie sincèrement ! et prenez bien soins de vous !

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