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TAHIROU BARRY, PRESIDENT DU PAREN : "Toucher à l’article 37, c’est plonger le pays dans une spirale sans nœud"

Publié le mardi 17 août 2010 à 23h53min

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"…Et échanger éventuellement sur des sujets d’actualité ». Telle est l’une des raisons de la visite du nouveau président du Parti pour la renaissance nationale (PAREN), Tahirou Barry, au groupe de presse "Le Pays".

Nous ne nous sommes donc pas fait prier pour recueillir la position du parti, ce vendredi 13 août 2010, sur la révision de l’article 37 de la Constitution burkinabè, la candidature du Pr Laurent Bado au scrutin de novembre prochain, l’impact de l’affaire dite des "30 millions de F CFA" sur la crédibilité du PAREN et sur la vision de celui-ci sur la célébration du cinquantenaire de l’indépendance. Militant du PAREN depuis 1999, le successeur de Jeanne Traoré, le 27 juin dernier, détenteur d’une maîtrise en droit judiciaire et d’un Diplôme d’études supérieures spécialisées (DESS) en management des ressources humaines, n’est pas passé par quatre chemins pour prévenir que la révision de l’article 37, quel que soit ce qu’en pensent ses partisans, peut être source de lendemains orageux au Burkina.

"Le Pays" : Après avoir sillonné les bureaux des Editions "Le Pays", quelles sont vos premières impressions ?

Tahirou Barry, président du PAREN : J’ai apprécié les conditions de travail du personnel du « Pays ». En tant que gestionnaire des ressources humaines, je salue cette situation. Par ailleurs, je pense qu’avec l’adoption de la Convention collective des journalistes, il y a inéluctablement une augmentation des charges. Je profite donc de cette occasion pour lancer un appel au gouvernement afin que les mesures d’accompagnement au niveau de la presse soient renforcées, notamment l’augmentation de la subvention, la facilitation de l’accès aux documents officiels. Tant que ces éléments d’accompagnement ne seront pas mieux gérés, les organes de presse, surtout privés, auront du mal à survivre dans ce contexte difficile. C’est une mission de service public qui est dévolue aux organes de presse et qui s’accommode mal avec le concept de rentabilité.

"Tant que le citoyen ne comprendra pas que sa situation de pauvreté ou de misère est liée aux politiques publiques qui sont menées, la démocratie sera toujours un leurre"

La candidature de Laurent Bado au scrutin de novembre prochain est en stand by. Quand se décidera-t-il ?

En principe, le congrès nous a donné mandat pour apprécier les conditions de préparation de ces élections et en septembre, nous allons nous prononcer définitivement quant à notre participation. Il sera question pour nous d’apprécier les conditions d’établissement et de délivrance des CNIB. A un certain moment donné, nous avons assisté à une politisation à outrance de la délivrance de ces actes. Vous avez vu que le CDP a beaucoup mis en contribution des associations proches de lui pour la délivrance des CNIB au profit de ses militants. Ce qui constitue une grosse entorse que nous ne pouvons accepter. Ensuite, apprécier le fichier électoral, notamment lorsque le croisement sera effectué avec l’ONI. Et enfin, il nous faut nous assurer que la pièce de votation retenue sera effectivement celle qui a été prévue. Nous avons vu les différentes actions, notamment celles de la FEDAP/BC. Nous estimons que c’est une grosse plaisanterie. La pièce qui sera retenue est la CNIB. Nous attendons quelques jours pour nous prononcer en considération de tous ces éléments.

Mais si nous participons à cette élection, c’est pour poursuivre deux objectifs. Le premier objectif, c’est de conscientiser les électeurs. Tant que le citoyen ne comprendra pas que sa situation de pauvreté ou de misère est liée aux politiques publiques qui sont menées, la démocratie sera toujours un leurre. Il faut amener le citoyen à comprendre que généralement, tout ce qui est mené comme politiques doit être sanctionné lors des compétitions électorales. Il dispose à cet effet d’un pouvoir redoutable, qui est le bulletin de vote qui lui permet de décider en toute objectivité et en toute liberté. Deuxièmement, avertir le citoyen des périls qui guettent la nation. Depuis 1998, la population burkinabè s’accroit d’environ 350 000 personnes par an. C’est plus d’écoles, de dispensaires, d’emplois à créer. Ce sont des politiques qui sont menées de façon inconséquente avec tout ce qu’il y a comme risques potentiels. La misère ne fait que s’accroître. De 1994 à 2004, nous sommes passés de 44,5% de la population vivant en dessous du seuil de pauvreté à 46%. Il faut que les citoyens prennent leurs responsabilités. Il faut qu’on décide que notre destin soit ce que nous voulons qu’il soit.

C’est vrai que c’est le congrès qui décide qui sera candidat à l’élection présidentielle. Mais beaucoup avaient pensé, étant donné que vous êtes le président du parti, que vous seriez le candidat du PAREN. Pourquoi cela n’a-t-il pas été le cas ?

D’abord, le congrès a confirmé une décision du bureau politique national de proposer la candidature de Laurent Bado. Deuxièmement, je suis très jeune, je n’ai que 35 ans. Je suis donc éliminé de droit par la Constitution. Mais la nouvelle équipe est une équipe de jeunes, la tranche d’âge se situe entre 30 et 35 ans. C’est un message que le parti a voulu lancer à la jeunesse. C’est une façon de dire aux jeunes que c’est par eux que le changement peut s’opérer. Partout dans le monde, les bouleversements sont intervenus grâce à l’action d’une jeunesse dynamique et responsable.

Le Congrès pour la démocratie et le progrès, lors de son dernier congrès, a fait des propositions de réformes, dont celles de l’institution d’un sénat et la modification de l’article 37 pour sauter le verrou de la limitation des mandats présidentiels. Qu’est-ce que le PAREN pense de ces réformes ?

Je suis très triste de ce bal de sorciers qui s’organise autour de l’article 37. Je me demande aujourd’hui quelles sont les raisons qui amènent le CDP à vouloir modifier unilatéralement l’article 37, qui est un consensus de tous les acteurs de la politique. Je dis que si on touche à l’article 37, ce sera une rupture du consensus politique, avec tout ce qu’il y a comme incertitudes dans notre pays. Sur ce point, je pense que les courtisans de Blaise Compaoré doivent comprendre que, comme le disait Barack Obama, notre pays a besoin d’institutions fortes et non d’hommes exceptionnels. Parce que quand le pouvoir est exercé dans la durée, c’est soit la tyrannie, soit la corruption, soit la patrimonialisation, qui a même été dénoncée par leur vice-président sanctionné à tort. Pour notre part, nous allons continuer les concertations avec l’opposition pour voir dans quelle mesure nous allons barrer la route à cette volonté de modification unilatérale de l’article 37.

"Le Burkinabè, c’est comme un crocodile qui dort les yeux ouverts. Le jour où il va se réveiller…"

Pourtant les instances dirigeantes du CDP estiment que beaucoup ont tort d’agiter les grelots de l’apocalypse que causerait la modification de l’article 37.

Au PAREN, nous restons convaincus que porter un coup de canif à l’article 37 entraînerait le pays dans une spirale sans nœud. C’est un consensus politique. Et il y a une volonté farouche des courtisans de Blaise Compaoré de rompre ce consensus. Tout le monde a conscience que Blaise a montré toutes ses limites en termes de propositions de solution aux maux qui gangrènent notre société. Aujourd’hui, nous avons l’impression que notre navire est sans capitaine. Combien de Burkinabè arrivent aujourd’hui à se loger convenablement, à se nourrir, à se soigner ? Ils sont si peu qu’on ne doit plus tergiverser sur les politiques à mener. Et si encore on veut toucher à l’article 37, je pense que c’est une provocation. Et ce qu’on ne doit pas oublier, c’est que le Burkinabè, c’est comme un crocodile qui dort les yeux ouverts. Le jour où il va se réveiller, c’est peut-être à Dieu qu’on va se confier pour la suite des événements. Quant à la proposition d’un sénat, nous disons plutôt qu’il faut renforcer les pouvoirs de l’Assemblée nationale. Parce que celle-ci est un organe qui a du mal à assumer sa mission de contrôle de l’action gouvernementale. Au lieu de créer un sénat qui sera budgétivore dans notre contexte déjà alourdi par des charges inutiles, il faut plutôt renforcer les pouvoirs de l’Assemblée nationale. C’est la seule voie pour nous de mieux gérer notre pays.

Pour revenir sur l’affaire des millions perçus par Laurent Bado de la part du parti au pouvoir, ne pensez-vous pas qu’elle constitue un handicap pour votre parti ?

Je comprends la réaction de tous ceux qui se sentent offusqués par cette affaire des 30 millions. Par la même occasion, je me demande s’il faut condamner Laurent Bado, s’il faut sacrifier Laurent Bado parce qu’il a eu tort de penser que la politique est fondée sur la vérité, la bonne foi. L’homme a été de bonne foi sur toute la ligne. Et aujourd’hui, c’est l’intention qu’il faut apprécier. Même les religieux le disent. Le prophète Mohamed de l’Islam a dit que les actes ne valent que par l’intention qui les accompagne. Alors, faut-il sacrifier Laurent Bado parce qu’il a eu tort de croire que la politique est fondée sur la vérité, la vertu, la bonne foi ? Si corruption il y a, il faudrait qu’on recherche l’intention coupable au niveau des donateurs.

Abdoul Karim Sango est-il toujours membre du parti ou a-t-il démissionné ?

Sango Abdoul Karim est le représentant de l’opposition, en tant que commissaire, à la CENI. Nous avons donc voulu le décharger pour qu’il puisse mieux assumer ses fonctions à la CENI sans pour autant perturber le principe de la neutralité qui doit gouverner l’action des commissaires.

"Faut-il sacrifier Laurent Bado parce qu’il a eu tort de croire que la politique est fondée sur la vérité, la vertu, la bonne foi ?"

Que pensez-vous de la célébration actuelle du cinquantenaire du Burkina ?

Pour nous, la date importe peu. Nous dénonçons tout simplement le caractère festif. On ne peut pas concevoir que dans un pays où, rien qu’en avril dernier, près de 700 personnes ont été fauchées par la méningite, on investisse autant de milliards pour célébrer des indépendances. On ne peut pas concevoir que pendant que près de 650 personnes meurent dans le Tuy pour raison de paludisme, on pense à la fête. Il y a trop de problèmes dans ce pays. J’ai dit plus haut qu’il y a près de 46,4% de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté. C’est-à-dire qu’ils n’ont pas 41 099 F CFA par an, soit environ 112 F CFA par jour, pour pouvoir bénéficier de ces 2 283 calories dont a besoin l’organisme humain pour survivre. Et avec ça, on veut fêter. Environ 350 000 jeunes accourent chaque année aux concours pour juste 7 000 postes à pourvoir. Cela veut dire que le chômage est en train de gangrener notre jeunesse. Nous devons plutôt faire une grande introspection, mener de grandes réflexions, à travers notamment des colloques, des séminaires, des conférences, pour essayer de comprendre cette partie de notre histoire et envisager l’avenir avec sérénité. Parce que nous sommes conscients que chaque peuple ne peut se développer que lorsqu’il a connaissance de son passé qui conditionne et détermine sa confiance en l’avenir. C’est ce que nous devons envisager dans la perspective de ces 50 ans.

Propos recueillis par Abdou Zouré, Dabadi Zoumbara et Abdoulaye Tao

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 18 août 2010 à 07:29 En réponse à : TAHIROU BARRY, PRESIDENT DU PAREN : "Toucher à l’article 37, c’est plonger le pays dans une spirale sans nœud"

    On ne peut pas faire la politique au faso sans les milliards donc blaise sera toujours president.Aussi en voulant coute que coute etre president,laurent bado a commis erreur de sa vie...homme le plus credible est tombe bas par naivete.

  • Le 18 août 2010 à 16:15, par Yarga En réponse à : TAHIROU BARRY, PRESIDENT DU PAREN : "Toucher à l’article 37, c’est plonger le pays dans une spirale sans nœud"

    Mr Barry, c’est ton père qui est un crocodile et dort les yeux ouvert. c’est ton frère qui est caïman et dort les yeux ouvert. Cette palisanterie dite, chapeau pour tres analyses si seulement tu n’a pas bossé tes éventuelles réponses pour aller voir « le pays » ! Ce qui est à féliciter, ce n’est pas tant le jeunesse de la nouvelle équipe du parti, la culture politique dont semble nantie son président. C’est surtout la personnalité qu’elle veut affirmer, le sauvrage qui se profile dans les propos de Mr Barry, parce que pour une fois, un responsable du PAREN s’exprimer sans citer son dieu Bado, l’homme qui se difinissait que le « plus intelligent des Burkinabè » mais a manquer de sens pour discener bonne foi et immoralité rampante dans tout geste politique surtout quand il vient de l’aversaire. Le plus intelligent n,as pas compris que nul, soit-il épris du plus grand desir de bonheur pour son peuple ne donne des armes à son adversaire pour combattre. Rien ne justiifiait son accpetation des 30 million qui le suive aujourd’hui comme son ombre. Blais avait-il tant peur de son CDP qu’il faille financement clandestinement un parti de l’opposition pour le battre ? Qu’est ce qui empeche un Blaise, si tant est qu’il veut une alternace politique, de quitter simplement le pouvoir ? De ce point de vue Mr Barry, Bado n,avait pas fait pruve de bonne foi qui d’ailleur n’a pas de pesant en politique et tout le monde le sait, (sauf lui, l’intelligent ?. Il a avait fait plutôt preuve de deux choses à touts points pareils : De naïveté (et si cela que vous appellez « bonne foi », alors je vous le concède !)et d’imaturité. Pour l’un ou l’autre des deux pêchés, il me semble pas digne de dirriger un pays qui n’a que beaucoup soufferts de l’imaturité des ses dirigents, et de la moutonnerie de ceux qui les suivent et de ceux qu’ils ont gouvernés.
    Beaucoup de courage au « jeune » Barry et à son équipe dans ce « combat de gladiateurs » où il doivent jouer désormais les premiers rôles (si seulement vous arrivez à maintenir votre vielle fauve de Bado quelque part dans une cage. Il est déphasé et presque vomi pour avoir vraiment deçu !

    • Le 18 août 2010 à 23:30, par tamboura En réponse à : TAHIROU BARRY, PRESIDENT DU PAREN : "Toucher à l’article 37, c’est plonger le pays dans une spirale sans nœud"

      je suis vraiment decourage de ce type qui vient de repondre a TAHIROU BARRY.mais venant de lui sa m’etonne pas car si les gens comme lui n’excistaient pas le CDP n’allait pas dure au pouvoir.Ne parlons pas beaucoup laissons le temps au temps.l’avenir nous en dira plus.je suis loin du burkina mais chaque jour que pense a la politique de ce pays ,je vois une avenir sombre qui se dessine a l’horizon.c’est fini on ne peut plus eviter cela.

  • Le 18 août 2010 à 17:46 En réponse à : TAHIROU BARRY, PRESIDENT DU PAREN : "Toucher à l’article 37, c’est plonger le pays dans une spirale sans nœud"

    On gens ont plus confiance a laurent bado qu’aux autres opposants,il avait parle pour ADF RDA,et des autres opposants,donc histoire lui donne raison,seulement il parle mal

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