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Affaire ICC Services au Benin : Des menaces au Burkina ?

Publié le mardi 17 août 2010 à 23h51min

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Argent, politique et religion. Yayi Boni est sur la pente raide à 200%. A Kossyam on doit suivre heure par heure les derniers rebondissements du scandale financier béninois qui est devenu une crise politique majeure du régime de l’ami, du « petit frère » de Blaise Compaoré comme aimait se présenter lui-même Yayi Boni le Président béninois. Les nouvelles du Bénin ne mettent pas du baume au cœur de tous les présidents qui n’aiment pas la démocratie. Si les parlementaires béninois réussissent à traîner le Président béninois devant la Haute cour de justice, l’Afrique, grâce au Bénin aura écrit une de ses plus belles pages de démocratie et de justice. D’ici là voyons comment ICC Services (Investment-Consultancy and Computering Services) a pu mettre la République du Bénin en péril. Notre pays est il à l’abri de telles escroqueries ?

Tout démarre par une société de micro-finance qui paraît d’autant plus familière aux béninois qu’elle a un aspect des fameuses tontines africaines, couplé au système des ventes pyramidales : « les participants obtiennent un revenu en fournissant les biens et les services à d’autres participants, qui, à leur tour, obtiennent eux aussi un revenu en fournissant ces mêmes biens et services à d’autres participants ». ICC Services promet à ses adhérents de faire des gains de 150 à 200% de leur capital. En ces temps de crise financière, c’est une affaire alléchante. ICC Services paraît d’autant plus crédible qu’il semble qu’il ait bénéficié de l’appui, de la proximité des membres du gouvernement dont le Président Yayi Boni lui-même et des politiciens de la mouvance présidentielle.

La société en tout cas par stratégie marketing ne ratait pas une occasion pour associer son image à celle du gouvernement et des partis politiques de la coalition qui dirige le Bénin. ICC Services le faisait en appuyant les activités de ces organisations et en confectionnant des gadgets publicitaires pour elles. Autant de choses qui font croire au Béninois crédule que c’est une affaire sérieuse qui marche, qui bénéficie de la caution du gouvernement. Les stratèges de ICC Services ont communiqué par l’utilisation des dirigeants de L’Eglise du christianisme céleste. Selon la presse béninoise, les responsables religieux de cette église se sont beaucoup commis dans cette affaire et ont aidé la structure à recruter de nombreux épargnants.

Le système pyramidal sur lequel est bâti ICC services a besoin de grosses structures mobilisant des masses de petits épargnants potentiels qui peuvent se recruter mutuellement et faire boule de neige. L’Eglise du christianisme céleste qui est la deuxième église du Bénin de part ses adhérents, semble avoir fourni cela avec ses fidèles. Ses dirigeants ayant cautionné le système, ce qui a brisé les doutes des épargnants. Pour mémoire, L’Eglise du Christianisme Céleste (ECC) est révélée le 29 Septembre 1947 à Porto-Novo (BENIN) au Feu Prophète Pasteur Samuel Biléou Joseph OSCHOFFA. Elle s’est très vite répandue chez les yoruba d’abord et chez tous les peuples sur la côte occidentale : Nigéria, Ghana, Togo, Côte d’Ivoire, et présentement on trouve des adeptes même dans les pays sahéliens.

Un certain Charles Kaboré (pas le footballeur) serait le responsable burkinabè. Selon la presse, la plupart des victimes de l’escroquerie d’ICC services (200 000 environ) seraient des adeptes de l’ECC. Et les victimes seraient dans toute la sous-région. Celles du Nigéria se sont associées pour réclamer leurs fonds. ICC Services existe depuis quatre ans et dès le début, les placements devraient être faits au profit des membres de l’ECC, mais ils ont été ouverts à l’ensemble de la population avec plus d’une centaine de milliards collectés selon certaines sources. De fait il n’y avait de placement nulle part. Comme les systèmes de vente pyramidale, l’épargne des nouveaux sert à payer les anciens.

Ce que l’on reproche au gouvernement de Yayi Boni aujourd’hui, c’est son inaction face à cette escroquerie, malgré le rappel à l’ordre de la BCEAO depuis 2008. Les 50 parlementaires qui ont signé la pétition sont d’autant plus outrés que Yayi Boni n’est pas le premier venu dans le monde de la finance. C’est après une longue carrière à la tête de la BOAD qu’il s’est présenté à l’élection présidentielle dans son pays en 2006, élection qu’il a d’ailleurs remportée sur une campagne de monsieur propre qui viendrait lutter contre la corruption et débarrasser la maison du Bénin de ses ordures.

Boni accusé de forfaiture et parjure

Pour les 50 députés pétitionnaires, la forfaiture du Président de la République est constituée par le fait qu’il a fait le serment de défendre tous les Béninois mais n’a rien fait pour sauver les 200 à 250 000 épargnants qui ont confié leurs économies à ICC Services. Le Docteur. Thomas Yayi Boni était bien instruit pour savoir qu’il ne pouvait pas y avoir des placements d’argent à des taux rémunérateurs de 200%. Pourquoi l’Etat du Bénin n’a rien fait ? Et pourquoi le Président de la République était-il si proche des présumés escrocs financiers ? Pour les députés pétitionnaires dont certains sont issus de la mouvance présidentielle, il y a un conflit d’intérêt, forfaiture et parjure du Président béninois : « Le Président Yayi Boni a favorisé les activités de ICC Services, notamment en s’affichant partout dans le pays et de manière ostentatoire avec les responsables et en rendant visite par deux fois au Président-directeur-général de ICC Services à domicile, qui a financé à la présidence de la République les activités politiques des partis et organisations de la mouvance présidentielle » .

Pour eux, le gouvernement, n’ayant pas exercé son activité de veille et de contrôle de l’économie nationale conformément aux obligations et réglementations de la BCEAO et de l’UEMOA, a failli et a provoqué la ruine de milliers de béninois qui ont vendu maisons et biens, qui ont mis les fonds des sociétés et des projets dans les mains d’ICC services. « Pour toutes ces raisons, nous demandons au président du parlement béninois, conformément aux dispositions constitutionnelles en vigueur au Bénin, d’engager les poursuites à l’encontre de l’actuel chef de l’État béninois pour forfaiture et parjure. » Une bataille sourde et souterraine est en cours actuellement au Bénin. Des têtes sont déjà tombées. Le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique a été limogé et envoyé en prison avec le procureur général près la Cour d’appel de Cotonou.

Les 50 députés cherchent maintenant à rallier à eux les 6 députés nécessaires pour avoir les 56 députés signataires, ce qui leur permettrait selon la Constitution de traduire le Président devant la Haute cour de justice. S’ils y parviennent le Benin aura encore gagné une seconde inscription au Guinness des records démocratiques car ce sera une première en Afrique. Ce n’est pas demain la veille que cela arrivera au Burkina. Notre Président qui est un ami de Yayi Boni à qui il envoie ses hommes d’affaires trop grillés et qui ont maille à partir avec la justice comme Kossouka, doit se faire du mouron, car si la réélection de Boni est compromise, c’est un allié dans la sous-région qui tombe, même si Boni brillait ces temps-ci pour le remplacer auprès de Khadafi. Notre pays n’est pas à l’abri de telles arnaques, car notre gouvernance est même plus faible que celle du Bénin.

Sana Guy

L’Indépendant

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Vos commentaires

  • Le 18 août 2010 à 13:28, par warba En réponse à : Affaire ICC Services au Benin : Des menaces au Burkina ?

    Bel article.C’est bien fait pour tous ces faux chretiens qui courent après un enrichissement rapide.On doit pouvoir saisir tous les biens de Yayi Boni et de son gouvernement pour rembourser une partie des degats.Il faut comprendre qu’aucune banque normale ne peut octroyer des interets de plus de 7% par an d’epargne.Soyez vigilent car celui qui propose deja plus de 50% d’interet par an peut etre qualifié d’escroc.C’est un système pyramidal ou l’argent des nouveaux adherents sert à donner de gros bonus aux anciens.Le système s’elargi jusqu’à un point de saturation ou il devien impossible de respecter les bonus et s’arrete avec la fuite des promoteurs qui ont bien preparé leur coup.On a vu au Burkina le système mafieux de l’aloes verra qui s’est pratiquement arreté.

  • Le 18 août 2010 à 14:14, par Un du secteur En réponse à : Affaire ICC Services au Benin : Des menaces au Burkina ?

    Notre pays n’est effectivement pas à l’abri de telle arnaque.
    La Direction de la microfinance et la BCEAO doivent ouvrir l’oeil et le bon maintenant et pas après.

    • Le 19 août 2010 à 08:52 En réponse à : Affaire ICC Services au Benin : Des menaces au Burkina ?

      Mais de quoi vous mêlez-vous ??? C’est une affaire qui concerne le Bénin ! Essayez déjà de dégager du pouvoir le meurtrier de Sankara et après on pourra discuter DEMOCRTIE ! En attendant, la démocratie burkinabè est un nain à côté de celle du Bénin !
      A bon lecteur,demi-mot...!

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