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Grande conférence régionale du Centre- Nord : Kaya a failli être la capitale du Burkina Faso

Publié le mardi 17 août 2010 à 01h24min

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Bobo le 20 mars 2010, la flamme des conférences régionales entrant dans le cadre de la célébration des cinquante ans d’indépendance de notre pays s’allume. Depuis lors elle continue son petit bonhomme de chemin. Après donc Bobo- Dioulasso, Ouagadougou, Koudougou, Gaoua et Tenkodogo, Kaya, chef- lieu de la région du Centre- Nord a abrité la sienne le samedi 14 août. Potentialités archéologiques et touristiques, Traditions et cultures dans la région du Centre- Nord et les pôles émergents du développement dans la région furent les thèmes des trois panels de la conférence.

Samedi 14 août 2010, salle de conférence de l’Association pour le développement de la région de Kaya. Il est 9h quand toute l’assistance de la 6è grande conférence régionale du Centre- Nord s’est mise débout. Comme un seul homme, drapeaux en mains, elle entonne l’hymne de la victoire, le Ditanyè. Il y a plus de cinquante ans, ce pays fut vaillamment défendu par ses fils et filles. Leur persévérance dans le combat permit la proclamation de la république de Haute- Volta le 11 décembre 1958 et son accession à l’indépendance le 5 août 1960.

Le Ditanyè exécuté, l’assistance fut sollicitée toujours dans cette même position pour l’entrée de la flamme de la paix de l’Union africaine. En rappel, l’année 2010 a été déclarée par l’Union africaine année de la paix et de la non- violence en Afrique. Cette flamme, allumée en février 2010 à Addis Abeba a été confiée au Burkina Faso le 25 mai 2010 par l’UA. La flamme est soigneusement remise au ministre délégué à la coopération régionale représentant le ministre des Affaires étrangères. Le décor est ainsi planté pour que le Gouverneur de la région du Centre- Nord, Matthieu B. Ouédraogo souhaite la bienvenue à tous et à toutes dans sa région. Le Gouverneur nourrit l’espoir que la célébration du cinquantenaire soit un déclic pour les fils et filles de notre pays d’avancer dans un même esprit dans l’objectif d’un bonheur partagé.

« Ce doit être aussi l’occasion de jeter un regard dans le rétroviseur, assumer notre présent et prévoir avec certitude notre avenir », a- t- il ajouté. Les pluies des 21 et 22 juillet ayant causé des inondations dans le Centre- Nord, le Gouverneur Ouédraogo demande la tolérance pour les manquements organisationnels parce que sa région vient juste de sortir la tête des eaux mais y a toujours les pieds.
Une pause musicale avec l’artiste Sana Bob natif de la région permet au parrain de la présente conférence régionale du Centre- Nord, la surprise historique des élections présidentielles de 1978, l’homme politique Macaire Ouédraogo de prendre la parole pour son allocution. D’entrée de jeu le parrain salue « l’initiative pertinente du Ministère de la culture du tourisme et de la communication » pour l’organisation des conférences régionales du cinquantenaire de l’indépendance et demande un instant de silence pour les illustres combattants disparus. Puis Macaire Ouédraogo se lance dans un rappel historique douloureux, s’appesantit sur l’exemple sacrificiel de son père Guillaume Ouédraogo dont un camp militaire porte aujourd’hui le nom à Ouagadougou. « 

Notre pays a été sacrifié sur l’autel des intérêts économiques et politiques du colonisateur ; mais des hommes de valeur se sont battus pour que la Haute Volta soit reconstituée », a- t- il rappelé. Pour M. Ouédraogo le cinquantenaire doit être fêté avec ferveur parce que nous avons retrouvé notre liberté mais il prévient aussi que l’indépendance ne doit pas être une fin mais plutôt un puissant levier pour la construction d’un bonheur partagé. Malgré le poids de l’âge, l’homme des élections présidentielles de 1978 n’a rien perdu de sa verve. Voilà vingt ans que Macaire Ouédraogo est absent de la scène politique au Faso. Il explique cette absence par le fait qu’il se pose des questions parmi lesquelles : « Sommes- nous satisfaits de ce que nous laissons à nos enfants ? », ou encore « Sommes- nous capables de nous justifier d’une démocratie véritable et d’une justice impartiale ? »

Après l’éloquent discours du parrain, place fut entièrement faite pour les trois panels. Le premier panel portant sur les potentialités archéologiques et touristiques du Centre- Nord est animé par le Dr Lassina Koté, enseignant à l’université de Ouagadougou. Dr Koté a axé sa communication sur trois points à savoir l’historique des recherches archéologiques ; la difficulté matérielle de certains phénomènes historiques dans la région et la problématique de valorisation du patrimoine et de la promotion touristique. Pour le conférencier, les vestiges archéologiques au delà de restituer le savoir- faire traditionnel, sont un exemple qui montre le génie des anciens pour les générations actuelles et pour les spécialistes de ces technologies traditionnelles. Leur revalorisation, poursuit- il, permettrait de faire de ces zones des centres de formation et ainsi nous pourrons faire de notre patrimoine un élément économique pour participer au développement.
Il ya 70 ans Kaya a failli.

A l’issue de la communication du Dr Koté, ce fut le tour du Dr Vincent Sedogo d’entretenir l’assistance sur les traditions et cultures dans la région du Centre-Nord. Le Dr Sedogo a d’abord procédé à la définition des termes de tradition et de culture, ensuite à la présentation de la zone d’étude, des traits particuliers des traditions et cultures et à un état des lieux actuel des traditions et cultures et leur rôle dans le processus de développement de la région du Centre- Nord. Tout en révélant qu’il y a soixante- dix ans Kaya a failli être la capitale du Burkina Faso, il affirme que nous sommes bénéficiaires d’un héritage traditionnel et culturel et avons le devoir de le préserver. « Les pôles émergents du développement dans la région du Centre- Nord », tel est le thème du troisième et dernier panel. Il est animé par l’économiste Gaspard Ouédraogo, ancien directeur général de la BIB. Ad intra, Gaspard Ouédraogo prévient qu’il se démarquera des exigences académiques.

« Je n’ai pas l’intention de faire un exposé académique mais je réfléchis à haute voix de façon à ce qu’on puisse ensemble percevoir quel est l’éclairage que nous devons donner à la région du Centre- Nord si on veut en faire une région de développement. », a- t-il dit. Selon lui, si autrefois l’économie était basée sur l’agriculture, les mutations intervenues dans les années 90 ont changé la donne. De plus en plus le développement prend l’aspect de la marque des secteurs secondaire, industriel et tertiaire. De l’avis de Gaspard Ouédraogo, la cartographie économique de la région du Centre- Nord est appréciable. « Depuis quelques années la recherche minière a révélé la présence d’or dans toute la région, le diamant à Lasalgo, le fer à Bourzanga. A cela s’ajoutent les riches potentialités du secteur de l’artisanat, les ressources halieutiques, les lacs et barrages, etc. ».

Le mot de clôture est revenu au ministre de la culture du tourisme et de la communication porte- parole du Gouvernement Filippe Savadogo. Il a tenu à remercier toutes les bonnes volontés qui ont contribué à la réussite de la grande conférence régionale du Centre- Nord. Un bal retro à la résidence du Gouverneur et une visite du lac Dem le lendemain dimanche ont mis fin aux activités entrant dans le cadre de la grande conférence régionale du Centre- Nord.

Koundjoro Gabriel KAMBOU

Lefaso.net

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