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Naaba Koom de Garango : « Il faut connaître son passé pour mieux se projeter vers l’avenir »

Publié le jeudi 12 août 2010 à 00h09min

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Etre partout où le peuple a besoin de lui, tel semble être le leitmotiv du chef de Garango. A la faveur de la grande conférence régionale du centre-est tenu le 31 juillet dernier, nous avons rencontré. Sa majesté le Naaba Koom de Garango, d’une allure imposante, est bien trempée aussi bien dans la politique traditionnelle que moderne. Il approuve sans réserve l’organisation tournante des grandes conférences régionales entrant dans le cadre des activités du cinquantenaire de l’indépendance du pays des hommes intègres.

13 régions, 13 histoires différentes. Le Burkina est vaste et chaque région a une spécificité dans son histoire, son évolution et son organisation. Les grandes conférences régionales du cinquantenaire de l’accession du Burkina Faso à l’indépendance constituent, de ce fait, une initiative pertinente. Elles permettent aux fils et filles des différentes régions de comprendre, de se ressourcer dans leur histoire. C’est également l’occasion de s’inspirer des modèles de réussite des uns et des autres afin d’enclencher un décollage économique viable. Ces conférences semblent bien acceptées par les habitants de la région du centre-est où s’est tenue la 5e grande conférence. « Tant que la jeunesse ne connaîtra pas son histoire, elle n’aura pas de repère pour se projeter vers l’avenir », soutient Naaba Koom, le chef de Garango.

À Tenkodogo le 31 juillet 2010, Naaba Koom de Garango était là. Présent, du débat à la fin des panels. Objectif avoué : se ressourcer afin d’en faire profiter son peuple. Les populations de Garango et les 20 villages qui composent son « royaume ». « Ils ont voulu que je sois partout où les décisions doivent se prendre pour défendre leurs causes », confie-t-il. Il dit même avoir accepté le mandat électif de conseiller municipal sur insistance des habitants de son secteur.

En plus d’être le garant des coutumes et traditions, il est trempé dans la politique politicienne. Jusqu’au cou. Influent homme politique de sa ville, il n’en demeure pas moins le dépositaire et le garant des traditions. Son souhait le plus ardent, le bien-être de sa population. Du moins c’est ce qu’il nous laisse entendre. Il demande à l’ensemble des fils et filles de la région de se donner la main pour amorcer le développement économique, politique et social de la région. Revenant sur l’immigration qui était le thème du premier panel, il n’y trouve aucun mal. « Si nos fils qui migrent vers l’Italie ou d’autres pays du monde peuvent contribuer au développement de leur pays en étant à l’extérieur, qu’ils s’en aillent, ils ont nos bénédictions », laisse-t-il entendre.
« Politicien tradi-moderne »

Homme politique moderne et traditionnel, sa présence à Tenkodogo comportait un double sens. Naaba Koom ne pouvait manquer l’occasion de se faire remarquer. En tant que chef traditionnel, sa présence marque l’adhésion de la société traditionnelle à l’initiative de revisiter l’histoire de notre pays. Mais il y a une deuxième explication à cette présence.

Il fallait aussi se signaler aux ténors politiques de la région. En effet, Naaba Koom fait de la politique politicienne moderne mais aussi de la politique traditionnelle. Son parti politique ? Je ne le dirai pas ici d’autant plus que ce n’est pas l’objet de notre article. Mais suivez mon regard…
En effet, Naaba Koom a été intronisé le 9 juin 1995 pour succéder à son défunt père, à Garango, la succession se faisant de père en fils. Intronisé à Tangaré, il coiffe Garango et 20 autres villages dont il nomme les chefs. Il a plus de 38 000 habitants sous sa coupe et jouit d’une autonomie totale. Naaba Koom ne dépend d’aucun chef coutumier au Burkina.

« Je ne dépends ni du Naaba de Tenkodogo, ni du Mogho Naaba ni d’aucun chef au Burkina ». Cinq ans plus tard, il embrasse la politique moderne. Il est élu conseiller municipal de son secteur en 2000, puis 2006. Naaba Koom ne confond pas pour autant ses responsabilités. « L’administration reste l’administration et les coutumes restent les coutumes », dit-il comme pour se débarrasser de nous. En tant que responsable coutumier, il joue le rôle de conciliateur. « On se complète en parfaite symbiose », ajoute-t-il. Faire la politique, c’est s’intéresser au quotidien des populations et à leur devenir. Il faut la faire afin de ne pas être en marge des réalités mais pas pour semer la division, nous éclaire-t-il. Plus loin, il insiste. « Je vais vous dire une chose : je suis conseiller municipal parce que les habitants de mon quartier l’ont réclamé ».

La discrétion semble d’or dans sa responsabilité traditionnelle. « Etant chef, il y a des choses que je ne dois plus dire ». Il est tenu de respecter et faire respecter les us et coutumes de son territoire dont il est le dépositaire. Son nom à l’état civil, son âge font partie désormais des secrets « professionnels ». Le chef de Garango a fait l’école « du blanc ». Il sait lire et écrire mais se refuse à nous dire son niveau scolaire réel, se cachant derrière la discrétion que lui impose désormais son titre de chef. A tort ou à raison ? Nous ne le saurons peut-être jamais. Son âge, quant à lui, est compris entre 40 et 50 ans, déclare-t-il vaguement. Là aussi : secret professionnel, nous dit-il. Inutile d’insister, il ne dira pas plus. Pourvu que sa politique tradi-moderne serve la cause de la population sur laquelle s’étend son règne.

Moussa Diallo

Lefaso.net

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