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« Encore un petit effort, PM » : Lundi, 09 Aout 2010 09:34 La rédaction

Publié le mercredi 11 août 2010 à 00h35min

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A propos des consultations politiques ouvertes lancées par le Premier ministre, dont l’une se tient ce lundi 9 août, voici les observations et la recommandation spéciale de Sidonie Kanzié, la secrétaire générale du Mouvement de la jeunesse/ Union nationale pour la démocratie et le développement (MJ/UNDD).

« Le premier Ministre, Tertius Zongo, n’est pas un maillon-clef du CDP. Il n’a pas non plus de prérogatives constitutionnelles spécifiques qui lui permettent de lancer des rounds de consultations avec le monde partisan, tous bords politiques confondus. Bien que n’en étant pas ignorant, il semble pourtant affectionner ces exercices. Observations et recommandation spéciale.

Première observation : c’est bien, ce que le premier Ministre fait, dans le principe comme dans la manière. En effet, rien ne vaut des décisions baignées dans l’union ! Ensuite, pour cette deuxième consultation du genre, annoncée pour le lundi 9 août 2010, il n’a pas lancé une invitation sélective avec seuls quelques leaders ou même limitée aux chefs de file de la Majorité et de l’Opposition. Non, il est sorti de ce cadre limitatif pour s’intéresser à tous les partis légalement constitués, sans donner à aucun, le privilège de pouvoir parler au nom de tous. Monsieur le Premier Ministre, c’est propre !

Deuxième observation : ce n’est pas trop tôt de chercher à consolider ces échanges ouverts. « Quand on ne vend pas sa maladie, on ne trouve pas le remède », dit le proverbe. La critique faite aux autorités qui nous gouvernent et en premier lieu le chef de l’Etat, de ne pas accorder de considération au dialogue démocratique interne quand il y recourt à volonté à l’extérieur avec ses facilitations, ne date pas d’aujourd’hui. Les partis politiques, dont la voix a souvent résonné à cet égard sont bien connus. Mais il n’est jamais trop tard pour bien faire !

Troisième observation : si le premier Ministre huile de plus en plus son action du dialogue, on le voit en régional comme en national, il ne faudrait pas que cela se limite au seul cas où des problèmes surgissent, où des blocages s’installent, bref où on a besoin des autres. La consultation ne doit pas seulement avoir lieu a posteriori mais a priori, au moment où les décisions se préparent. Cela serait plus significatif d’un souci de consensus et de soumission de la décision au contrôle, comme cela doit être le cas dans une gouvernance responsabilisée. Et puis, le médecin après la mort, « c’est mou » comme on dit, nous autres !

Quatrième observation : c’est bien, ce dialogue à la Primature, mais ce serait chic qu’il se généralise à tous les niveaux de l’exercice du pouvoir d’Etat, s’insinue même jusque dans le fonctionnement des collectivités territoriales car le mal qu’on observe au niveau central existe aussi au plan local. Il devrait surtout s’illustrer au niveau de la Présidence du Faso, faire en sorte que ça devienne une habitude pour les Burkinabè de voir le président du pays consulter des personnalités du monde politique, syndical, associatif, religieux, coutumier…, leur confier éventuellement des missions, comme cela se voit ailleurs, dans des pays de démocratie avancée. Quand on a tort tout seul, on est condamné ! Quand on a tort avec tout le monde, « y a pas drap » !

Recommandation spéciale : ce n’est pas tout de consulter. Il faut permettre aussi l’expression. Les partis politiques, instruments de droit constitutionnel, qui « concourent à l’animation de la vie politique » et qui sont « égaux en droits et en devoirs » au terme de l’article 13 de la loi fondamentale, sont loin d’être toujours mis en condition pour remplir leurs missions. En temps normal, ils n’ont pas toujours la possibilité de s’exprimer dans les médias ; en période de campagne présidentielle, ce droit n’existe que pour les candidats et les partis qui sont alignés derrière eux.

Il y a là rupture d’égalité constitutionnelle qu’il faudrait combler au plus vite.
Permettre que des responsables politiques, des partis politiques non partants aux scrutins présidentiels, comme notamment mon parti l’UNDD le demande, puissent s’exprimer, ferait monter d’un palier, notre processus démocratique. Cela permettrait par ailleurs aux citoyens du pays, aux électeurs, d’être mieux informés par le contradictoire du débat ainsi élargi afin de mieux asseoir leurs convictions, leurs choix. Et comme la loi n’oblige pas les citoyens à voter, le fait de ne pas le faire ne doit pas interdire de s’exprimer surtout lorsqu’on est un parti politique.
Encore un petit effort, « PM », et le dialogue démocratique au Faso ne sera plus un vain mot mais comme le professait l’Autre, « un comportement » !

Fasozine

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