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Charcutage constitutionnel en Afrique : Le diagnostic de Konrad Adenauer

Publié le mercredi 11 août 2010 à 00h35min

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La Fondation Konrad Adenauer (FKA) a réuni à Ouagadougou, dans le cadre d’un colloque, les animateurs de l’action civique de la sous-région. Cette rencontre, qui a débuté le 10 août 2010 et durera 72 heures, porte sur les risques liés aux tentatives de tripatouillage constitutionnel en Afrique.

« La problématique des remises en cause de l’ordre constitutionnel en Afrique : quels risques pour la démocratie ? » C’est le sujet au centre des préoccupations de la Fondation Konrad Adenauer (FKA) à l’occasion d’un colloque sous-régional qui s’est ouvert hier 10 août à Ouagadougou. Sont concernés par cette rencontre des animateurs de l’action civique venus du Bénin, du Burkina, de la Côte d’Ivoire, du Mali, du Niger et du Togo. La cérémonie d’ouverture a connu la présence de l’ambassadeur d’Allemagne au Burkina, Ulrich Hochschild.

Ce dernier a loué la tenue d’une telle activité qui, comme l’aide étatique selon lui, contribue au développement. Il s’est réjoui des efforts déployés par les fondations allemandes, particulièrement la FKD, en faveur de la promotion de l’esprit civique dans les pays. De son point de vue, « la sensibilisation aux droits et aux responsabilités dans une communauté reste une tâche primordiale dans tous les pays et devrait être l’objectif de beaucoup de projets de bailleurs de fonds ». Aussi a-t-il congratulé la FKD et ses collaborateurs pour leur attachement aux valeurs ci-dessus énumérées.

Cette rencontre, selon Ulrich Hochscild, contribue véritablement à la formation des structures d’une société civile et à la citoyenneté. Le sujet de réflexion de ce colloque, a-t-il affirmé, peut être délicat dans un pays comme le Burkina, où un éventuel changement de l’article 37 défraie la chronique. Pour le diplomate, en Afrique comme partout ailleurs, « une remise en cause d’une constitution en tant que telle n’est certainement pas démocratique ; une Constitution doit être normalement ouverte à un changement ; …il y a beaucoup de constitutions où des articles sont inaltérables... »

S’il y a des articles modifiables, a-t-il ajouté, leur modification doit se passer de manière démocratique, c’est-à-dire avec « la volonté d’une majorité provenant d’un processus démocratique ». Ce sont là des pistes de réflexion relatives au thème que l’ambassadeur a proposées aux participants, avant de les inviter à veiller à ce que, dans les discussions du colloque, les débats ne soient pas influencés par l’actualité politique du Burkina.

C’est en respectant ce principe, a-t-il dit, que la rencontre sera d’une grande contribution au développement du civisme dans les pays de la sous-région. Pour le représentant résident de la FKD en Afrique de l’Ouest, David Robert, la pertinence du thème du colloque n’est plus à démontrer. Etant donné, a-t-il expliqué, qu’il est d’actualité politique au Burkina où, depuis longtemps, la Fondation et ses partenaires œuvrent à la promotion de l’Etat de droit et de la démocratie.

Cette conférence, a-t-il dit, se veut un forum sous-régional d’échanges d’expériences et un cadre de discussions sur des sujets de culture politique, relatifs à l’Etat de droit et à la démocratie pour sensibiliser les populations aux problèmes et défis de la promotion de la démocratie ainsi qu’aux questions liées à la démocratie et la constitution. Les limitations des mandats dans tous les pays africains, et partant le changement de constitution, sont très sensibles. Ce sont des projets, de l’avis de David Robert, qui doivent susciter dans chaque société des réflexions avant toute prise de décision.

Il a invité les participants à s’inspirer de l’expérience de l’Europe, notamment de la France et de l’Allemagne, dans le traitement des questions sensibles de ce genre. Car, dans ces Etats, a-t-il souligné, contrairement en Afrique, ce n’est pas à celui ou au groupe qui propose que profite directement une modification constitutionnelle. Chose, selon lui, qui permet d’éviter les éventuelles polémiques et les problèmes consécutifs aux atteintes à la loi fondamentale dans une société.

Pour David Robert, il n’est pas dans l’intention de la FKD de donner des conseils. L’objectif est plutôt d’informer, de susciter des réflexions pour dégager des enseignements qui puissent permettre aux animateurs de la société civile et à leurs partenaires de contribuer à la promotion de l’Etat de droit et de la démocratie.

Hamidou Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 11 août 2010 à 08:15, par Paris Rawa En réponse à : Charcutage constitutionnel en Afrique : Le diagnostic de Konrad Adenauer

    Courage Messieurs pour un colloque dont le sujet est au coeur l’actualité politique de l’Afrique et en particulier du Burkina.

    Un écueil serait de traiter ce sujet avec trop de diplomatie et de courtoisie, pour ménager la susceptibilité de nombre d’hommes politique africains qui on érigé la mauvaise fois et le propos sournois et violent en système de gouvernement et en moyen de conservation du pouvoir par intimidation. Il serait dérisoire de perdure du temps à considérer leurs arguments de mauvaise foi tels que celui de la stabilité politique ou de la légalité des modifications objectivement abusives.

    Le seul vrai enjeu qui permettrait aux résultats d’un tel colloque d’intéresser les sociétés civiles et les oppositions politiques africaines soucieuses de faire progresser la démocratie, c’est celui des solutions possibles contre l’abus de pouvoir. Quelle mobilisation nationale et internationale, quelle moyens légaux, quels réseaux créer pour décourager ceux qui sont tentés de manipuler la constitution de leur pays ?

  • Le 11 août 2010 à 08:31 En réponse à : Charcutage constitutionnel en Afrique : Le diagnostic de Konrad Adenauer

    Bienvenu au FKA
    le burkina a vraiment besoin de vos conseils ; n’en deplaise à ceux qui pensent qu’ils ont tous les droits et qui pourraient conduire notre pays dans la derive ;

  • Le 11 août 2010 à 09:20, par Hamane En réponse à : Charcutage constitutionnel en Afrique : Le diagnostic de Konrad Adenauer

    Merci Mr le journaliste pour ce compte rendu. Qui des ténors du CDP étaient à cette rencontre ?

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