LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

FONCTION PUBLIQUE : Le sauve-qui -peut des instituteurs

Publié le mardi 10 août 2010 à 01h45min

PARTAGER :                          

Ils sont 600 enseignants du primaire titulaires de diplômes universitaires (DEUG ou licence) à rejoindre cette année l’enseignement secondaire. C’est la nouvelle formule que le ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique (MESSRS) a imaginée pour résorber son déficit de professeurs. Si l’idée fait son chemin depuis quelques années, c’est aujourd’hui l’heure de l’opérationnalisation. Et, il faut le dire, cette façon de décloisonner les carrières des personnels des différents ordres d’enseignement est à saluer.

Tout instituteur, nanti d’un diplôme universitaire, peut aspirer à enseigner désormais l’histoire-géographie, les sciences naturelles, les maths, l’anglais ou le français. C’est même valorisant de mettre en pratique ce qu’on connaît le mieux à partir des études. Enfin, sans doute des dispositions ont-elles été prises par l’Etat pour que leur carrière se poursuive bien afin qu’ils ne regrettent pas leur métier d’instituteur (notamment sur le plan pécuniaire).

Toutefois, on peut se demander si l’Etat, en voulant résorber le déficit de professeurs au secondaire, ne crée pas d’autres problèmes ailleurs. Il est permis de douter des déclarations tendant à lever les inquiétudes en précisant que tous les contours de cette formule ont été étudiés. Chaque année, près de 3 000 instituteurs sortent des Ecoles nationales des enseignants du primaire (ENEP), mais ce n’est pas suffisant. C’est dire si les 600 enseignants qui quitteront le primaire vont laisser un vide. Des dispositions ont-elles été prises pour résoudre ce problème ? On peut en douter. En tout état de cause, il se pose manifestement un problème de management des ressources humaines. Dans les villes, les classes sont en effet tenues par deux ou trois enseignants alors que dans les villages reculés du Burkina, il en manque cruellement.

Les services centraux et déconcentrés du ministère en charge de l’enseignement de base sont aussi "bourrés" d’enseignants qui pour certains, ont fui "la brousse" parce qu’ils avaient des "bras longs" et non parce qu’ils seront nécessairement utiles dans un service particulier. Tout cela nous ramène à un problème bien connu de tous : la démotivation des instituteurs. Disons-le franchement : ce métier est peu valorisant de nos jours. On est bien loin de l’époque de William Ponty où les enseignants étaient l’objet d’une grande admiration et étaient fort respectés. Aujourd’hui, ils sont nombreux à ne plus embrasser ce métier par vocation. A cause de leurs conditions de vie, les enseignants du primaire déchantent, surtout dans les localités les plus reculées où on leur demande beaucoup de sacrifices pour éduquer les enfants burkinabè.

Alors, être reversé au secondaire deviendra-t-il la porte de sortie pour de nombreux instituteurs ? On peut le craindre. Mais, l’Etat doit tout mettre en œuvre pour stopper le sauve-qui-peut des enseignants du primaire mais plus généralement de tous ceux qui ont la lourde tâche de transmettre le savoir aux enfants du Burkina. Parce que l’éducation est l’une des clés du développement.

SIDZABDA

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 10 août 2010 à 02:24, par trm En réponse à : FONCTION PUBLIQUE : Le sauve-qui -peut des instituteurs

    Merci pour l’article, Sidzabda. Je trouve l’article tres bien entame, mais conclu de maniere hateuse et superficielle. J’aurai prefere une analyse plus profonde, et meme si j’adhere a votre conclusion, elle demeure non motivee et donc peu convainquante. Pour moi, la democratie consiste aussi a laisser les gens travailler la ou leur competence leur permet de travailler. Alors si par exemple une personne entre a l’enseignement par choix et 3 ou deux ans apres n’aime plus, qu’elle aille servir ailleurs si ses facultes lui permettent de mieux servir et surtout s’epanouir ds le nouveau poste. Merci tout de meme d’avoir informe le public.

  • Le 10 août 2010 à 08:39 En réponse à : FONCTION PUBLIQUE : Le sauve-qui -peut des instituteurs

    Mesure salutaire. nos félicitations aux responsables des enseignements !

  • Le 10 août 2010 à 11:46 En réponse à : FONCTION PUBLIQUE : Le sauve-qui -peut des instituteurs

    Bjr, faudrait renforcer cela en ouvrant tous les concours à ceux qui en ont la capacité

  • Le 10 août 2010 à 13:42, par Inoussa verite En réponse à : FONCTION PUBLIQUE : Le sauve-qui -peut des instituteurs

    cet article est un non-lieu. je suis irrité des attitudes et paroles de ceux qui veulent tirer les autres vers le bas ; Rien de plus normal que de donner l’oppportunité à ces jeunes diplomés sous employé de faire valoir des années de sacrifice pour avoir un diplome universitaire et se retrouver instituteur par la force des choses. Je pense meme qu’il faut elevé le niveau des instituteurs au niveau du BAC et augmenter leur salaire.Cette nouvelle disposition du gouvernement n’est que justice rendue à tous ces jeunes diplomés

  • Le 10 août 2010 à 14:15, par Eric En réponse à : FONCTION PUBLIQUE : Le sauve-qui -peut des instituteurs

    Monsieur le journaleux, vous êtes contre le fait qu’on autorise les enseignants ayant un diplôme supérieur d’enseigner au secondaire ?

  • Le 10 août 2010 à 18:37, par tarbala En réponse à : FONCTION PUBLIQUE : Le sauve-qui -peut des instituteurs

    Dommage comme article

  • Le 10 août 2010 à 19:01, par Pafadnam En réponse à : FONCTION PUBLIQUE : Le sauve-qui -peut des instituteurs

    Si dans le principe, les instituteurs peuvent aspirer à enseigner les matières que vous avez citées (HG, Français, SN, Maths, etc.)- ce qui n’est pas nouveau, puisqu’on en a connu qui sont allés jusqu’à l’Université -, dans les faits, les matières concernées sont surtout littéraires.
    Parmi les 600 de cette année, il n y a, par exemple, aucun pour les maths, alors que le déficit y est plus accentué sur le terrain.
    Merci pour l’article.

  • Le 11 août 2010 à 18:51, par Elie En réponse à : FONCTION PUBLIQUE : Le sauve-qui -peut des instituteurs

    slt ! C’est une bonne initiative mais mon inquiétude est que cela risque de créer un manque sur le plan quantitatif et qualitatif au niveau du primaire. Bien vrai que c’est une promotion pour ces enseignants mais ce sont les meilleurs qu’on débauche du primaire vers le secondaire tout en sachant que la qualité des élèves au secondaire est tributaires de ce qu’ils reçoivent au primaire

  • Le 15 août 2010 à 00:38, par pere En réponse à : FONCTION PUBLIQUE : Le sauve-qui -peut des instituteurs

    l’initiative du ministère est louable,c’est une facon de capitaliser les diplômes.Il faut attendre cependant de voir la suite car ce pays nous a habitué à des coups bas.
    Une chose est à regreter:Ce qui est certain, la chose arrange l’Etat mais, à mon avis, le ministère ne communique pas suffisamment sur les avantages et les eventuels inconvenients pour ceux qui se sont engagé.Il faut donc craindre une navigation à vue comme on en a l’habitude dans ce pays.ouvrez l’oeil chers enseignants.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique