Des formations politiques ont déjà choisi Maître Benéwendé Stanislas Sankara, d’autres ont jeté leur dévolu soit sur Boukary Kaboré dit le Lion, soit sur Kilachu Laurent Bado. C’est environ une dizaine de candidats à la présidentielle 2010 au Burkina Faso qui devraient demander les suffrages des Burkinabè. Ils devraient auparavant courir pour l’obtention du parrainage d’élus conformément à la loi. Bonne chance à chacun et à tous et excellente campagne que l’esprit de fair-play et les libertés démocratiques triomphent.

La liberté, la légalité, la légitimité, la transparence et l’alternance, entre autres, sont des valeurs. Ce sont elles, surtout, qui créent la démocratie et la démocratie, à son tour, en fait des biens de consommation. Il est tout aussi important de s’inscrire sur des listes électorales, voter, organiser des meetings, que de se donner une compréhension appropriée de ce que nous osons bien appeler biens de consommation démocratiques. Les droits et les devoirs qui y sont liés gagneraient dans les faits.

Par exemple, au lieu d’une compréhension plus ou moins aérienne de ces valeurs démocratiques, on pourrait prendre en compte les circonstances historiques et culturelles qui ont fait de notre pratique démocratique, une pratique particulière liée à des exigences tout aussi particulières.

Selon l’Anglo-irlandais Edmund Burke, dans ses Réflexions sur la révolution française (1789) « les circonstances donnent en réalité à tout principe politique, sa couleur distinctive et son effet discriminant. Les circonstances sont ce qui rend tout système civil et politique bénéfique ou nocif à l’humanité. »

Au Burkina Faso, le plus dur reste à faire quand on a fini de compiler les théories classiques d’une démocratie qui se voudrait radicale ou même avec certaines recommandations qui se voudraient pratiques des institutions internationales. En réalité, une des questions nodales de la démocratie au Burkina est sans doute celle de l’adéquation des principes impersonnels démocratiques avec l’ensemble des circonstances qui composent l’histoire particulière de notre pays.

Le Burkina Faso, c’est une histoire de 50 années ponctuée de ce que chaque leader et chaque leadership ont apporté. Tout en marquant notre profond respect pour chacune de ces hautes personnalités qui ont rivalisé d’abnégation et de perspicacité pour que le Burkina soit ce qu’il est aujourd’hui, nous pouvons affirmer que, humainement, de Maurice Yaméogo à Thomas Isidore Sankara en passant par Sangoulé Lamizana, Saye Zerbo, Jean-Baptiste Ouédraogo, la pente n’a pas toujours été celle qui conduisait le mieux au développement de notre pays. Les ardeurs n’ont pas forcément toujours été celles qui convenaient le mieux à l’ordre et à la justice. A une période donnée, nous avions même frôlé l’anarchie.

Les Burkinabè vivaient dans la psychose ou l’espoir –c’est selon- des bruits de bottes et de trompettes. La Révolution d’août avait ses raisons. Le Ghana voisin , pour ceux qui ont réellement et sincèrement suivi, comme bien des politistes, la touche J.J. ou « djé -djé » (appellation affective que les Ghanéens ont donné à l’ancien président capitaine d’aviation Jerry John Rawlings), est même allé, semble-t-il, plus loin dans la valse du pouvoir.

Les Occidentaux en tête, nous admirons tous aujourd’hui la démocratie ghanéenne sans plus jamais faire remarquer qu’elle est née, sous Rawlings, d’une volonté et d’une conscience qui n’ont pas toujours été aussi canoniquement démocratiques qu’on était en droit d’attendre.

La belle démocratie ghanéenne se présente donc comme la somme, le compendium d’un certain nombre de comportements et de circonstances d’abord volontaristes, ensuite consensuels que chacun peut enfin juger selon ses critères et l’angle de sa vision.

Quelle que soit l’issue de l’élection de novembre 2010, les Burkinabè sont en droit d’attendre, pas seulement l’accroissement de leur pouvoir d’achat, mais aussi le perfectionnement du socle de la démocratie et la valorisation des biens de consommation démocratiques auxquels ils ont commencé à s’habituer. Dans ses interventions à travers le monde, le président Compaoré, allant déjà dans ce sens, a affirmé et montré que le plus important pour lui est la consolidation de ces acquis et non la précipitation ou la négligence dans lesquelles certains non habitués de la chose politique burkinabè, tentent consciemment ou non de le pousser

Par Ibrahiman SAKANDE (sakandeibrahiman@yahoo.fr)

Sidwaya