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TAYLOR, NAOMI ET LE DIAMANT : Le feuilleton continue

Publié le lundi 9 août 2010 à 02h09min

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Naomi Campbell, la top model britannique, on s’en souvient, a été à la barre du Tribunal spécial pour la Sierra Leone le 5 août dernier. En effet, le procureur l’avait citée à comparaître comme témoin à charge dans le dossier de l’ancien président libérien, Charles Taylor, accusé d’avoir été le parrain de la rébellion sierra leonaise, le Revolutionary united front (RUF), dans la longue et atroce guerre civile de 1991 à 2002 qui a saigné ce pays.

Pour l’accusation, faut-il le rappeler, Taylor a offert du diamant à la star et ce diamant, selon elle, provient de la Sierra Leone, preuve que l’ancien maître de Monrovia était impliqué dans ce conflit. Le témoignage de la top model devait donc confirmer la thèse selon laquelle Taylor finançait l’achat des armes avec le diamant reçu des rebelles, couramment connu sous le nom très évocateur de "diamant du sang" ou "blood diamond" pour les anglophones. Le procureur, Brenda Hollis, était confiant d’autant plus que des témoignages dans ce sens étaient déposés par certains ex-proches du mannequin. On se souvient que la star à la barre, a reconnu avoir reçu, lorsqu’elle était en Afrique du Sud en septembre 2007 pour le dîner de charité organisé par la Fondation Mandela, "des pierres sales" car ne ressemblant pas au diamant qu’elle avait l’habitude de voir. Toutefois, le procureur avait dû certainement rester sur sa faim, s’il n’a été désabusé, car la belle avait déclaré ne pas savoir de qui provenait ce cadeau. Elle avait ajouté qu’elle avait remis le cadeau encombrant aux responsables du Fonds d’aide à l’enfance créé par Madiba.

Au stade actuel des choses, l’ex-responsable dudit fonds, Jeremy Ratcliffe, a confirmé avoir reçu les trois pierres précieuses de la top model et les avoir remises à la Police sud-africaine. Celle-ci a également confirmé avoir reçu les diamants bruts en question et serait en train de les expertiser. Dans cette affaire, il semble qu’il y ait eu au moins une certaine chaîne de vertu qui a permis de retrouver aujourd’hui les diamants concernés. En tout cas, le moins que l’on puisse dire est que dans la chaîne qui va de Naomi Campbell à la Police sud-africaine en passant par Jeremy Ratcliffe, on semble s’être méfié de ces diamants. A présent, les enquêtes de la Police devraient permettre à l’opinion d’être située sur l’origine de ces pierres précieuses, sur le site d’où elles ont été extraites.

Toujours est-il qu’il existe plusieurs inconnues dans cette affaire mais que deux variables semblent plus saillantes en ce qui concerne l’ex-président libérien : l’origine des diamants reçus par le mannequin, mais aussi et surtout l’identité de celui qui les lui a donnés. Car, il est vrai que si d’aventure l’on découvre que ces diamants proviennent de la Sierra Leone, le procureur est sur la bonne voie mais tant qu’il n’aura pas réussi à avoir des preuves que ce cadeau vient de l’ex-homme fort de Monrovia, ce sera difficile pour lui d’établir sa culpabilité, en tout cas sur cette base. Nul doute que chaque camp -l’accusation comme la défense- continue de fourbir ses armes car la "bataille" risque d’être encore longue, au grand dam des victimes de cette horrible guerre qui attendent que les responsabilités soient situées et que tous les coupables soient châtiés à la hauteur de leur forfait. Le feuilleton Taylor continue donc.

Relwendé Auguste SAWADOGO

Le Pays

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